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Manger mieux : les conseils d’une nutritionniste eschoise


Pour la nutritionniste Charikleia Zoga, le «plus important n'est pas la silhouette mais la santé». (Photo : Alain Rischard).

Vu que les diètes ont un effet boomerang, l’idéal pour la diététicienne Charikleia Zoga est de changer définitivement ses habitudes alimentaires.

Sans surprise, la perte de poids reste la bonne résolution la plus répandue. Par contre, une nouveauté se dégage un peu plus d’année en année : les gens ne veulent pas seulement perdre du poids, mais surtout manger mieux. Pour décrypter ces envies et savoir comment réagir sans tomber dans les excès en ce début d’année, nous avons fait appel à la nutritionniste Charikleia Zoga établie à Esch-sur-Alzette et Mersch.

«On mange ses sentiments»

«Les préoccupations tournent de plus en plus autour de la santé et de la perte de poids», assure la diététicienne qui exerce depuis cinq ans. D’ailleurs, selon la professionnelle de l’alimentation, une consultation commence toujours par un bilan de santé : «S’il y a un surpoids, c’est que quelque chose ne va pas. C’est toujours l’effet secondaire d’une première cause. Que ce soit un diabète, un syndrome métabolique, une inflammation, un stress ou une autre cause psychologique, par exemple une dépression. Dans ce cas, on reporte sur la nourriture, on mange ses sentiments. Or au Luxembourg, il y a beaucoup de dépressions, davantage que dans les pays du Sud, sans doute à cause du manque de soleil.» Cela peut aussi être le fruit d’une surconsommation de sucreries, d’une vie sociale active : on sort pour aller au restaurant ou manger chez des amis. Là encore, c’est une particularité culturelle. Dans d’autres pays, comme la Grèce, le pays de Charikleia Zoga, «on mange moins quand on sort, on met différents plats sur la table et les gens se servent, on partage. Il n’y a pas d’apéritif ou d’entrée et on parle plus», sourit-elle avant de reprendre : «On vérifie aussi si la personne dort bien, ne mange pas trop vite, si elle grignote entre les repas, etc.»
Pour la professionnelle, il ne s’agit pas seulement de faire une diète, mais d’un changement de vie au quotidien qui persiste dans le temps. «Si la personne vient avec cet état d’esprit, elle va vraiment mettre en application nos conseils et on voit le changement. Ce n’est pas la perte de poids qui prime, mais la santé et le changement de relation avec la nourriture.»

On ne bannit pas d’aliments

Et pour bien commencer ce changement, la nutritionniste nous donne quelques conseils : «Il est important de manger des légumes à chaque repas et pas seulement des légumes cuits, de la salade aussi. Il y a beaucoup de monde qui n’en mange quasiment jamais alors que cela comporte beaucoup de fibres qui donnent un sentiment de satiété plus rapide et sur une durée plus longue. Le but premier est d’avoir une alimentation toujours équilibrée. Il faut avoir de tout mais en quantité raisonnable. Si l’on fait un régime pauvre en lipides, sans féculents ou au contraire hyperprotéiné, cela ne va pas tenir longtemps et dès que l’on va remanger normalement, on va reprendre du poids. Nous avons besoin de féculents, la quantité nécessaire par personne est variable, mais elle doit représenter environ un tiers de notre assiette.»
Si l’on ne peut pas se passer de chocolat, alors on optera pour du chocolat noir. On évite autant que possible de manger des aliments trop transformés et même «artificiels, indique la nutritionniste. Plus les aliments sont transformés, plus ils perdent leur intérêt nutritionnel. Il faut manger des aliments plus simples et je dirais même s’inspirer de nos grands-parents qui cultivaient leurs légumes, avaient leurs animaux pour le lait, les œufs, etc. C’était davantage bio.» Car les pesticides sont un véritable poison et provoquent beaucoup de pathologies en nous intoxiquant, notamment de maladies auto-immunes. On privilégie donc les aliments de saison et locaux.

Indispensable collation

Si les biscuits nous sont indispensables, pourquoi ne pas les préparer nous-mêmes. «Au moins, on peut maîtriser la qualité de la composition», propose la diététicienne.
La collation est très importante pendant la journée, tout comme le fait de mâcher bien lentement. «Si le corps a faim et que nous ne mangeons pas à ce moment, nous allons ensuite davantage manger et plus vite et stocker plus», assure Charikleia Zoga. On peut manger un fruit, des noix ou boire un verre de lait végétal en collation.
Il est également important de boire beaucoup d’eau dans la journée, idéalement deux litres.
Déformation professionnelle, la nutritionniste ne peut s’empêcher d’observer les chariots des autres au supermarché et constate que les mœurs changent : «Les gens lisent les étiquettes. Je peux vous garantir qu’il y a sept ans ils n’y accordaient pas d’importance. Ils achètent davantage bio. L’offre en féculents a augmenté, on trouve du boulgour ou du quinoa partout ou encore des pâtes au corail ou aux petits pois.» Après avoir atteint des extrêmes, il semblerait que les consommateurs prennent enfin conscience de l’importance de bien manger et ce phénomène ne fait que s’amplifier.

Audrey Libiez