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Malaise au Mamer Lycée : les profs veulent prendre le problème à la racine


Rien ne va plus au Mamer Lycée. Les enseignants sont vent debout contre leur direction.

La confiance est rompue entre la direction et les enseignants du lycée Josy-Barthel. Ils aimeraient que le problème soit «pris à la racine», selon le SEW/OGBL qui y voit un désaveu.

Les grandes vacances arrivent à point nommé pour permettre aux enseignants du lycée Josy-Barthel de souffler un peu. Ils dénoncent une ambiance tendue au sein de l’établissement situé à Mamer et une dizaine d’entre eux auraient préféré demander une mutation plutôt que de continuer à enseigner dans les conditions que ferait régner la direction. Des problèmes de communication, du harcèlement et un manque de respect sont évoqués par certains enseignants sous couvert d’anonymat.

Et problèmes, il semble bien y en avoir et ce depuis un certain temps. Le ministère de l’Éducation nationale, le syndicat SEW/OGBL, le syndicat des enseignants de l’OGBL et la direction du lycée travaillent de concert depuis le mois de janvier dernier pour lever ce «malaise» dénoncé une première fois par 80 enseignants en novembre 2023.

«Le directeur et les sous-directeurs ne font plus l’unanimité, selon les résultats de notre sondage interne de mai dernier. Leur gestion du lycée n’est plus satisfaisante», explique Gilles Bestgen, secrétaire central adjoint du SEW/OGBL.

Une telle situation est plutôt rare, voire unique au Luxembourg. Selon Gilles Bestgen, «cela peut arriver que des enseignants soient en désaccord avec leur direction, que des décisions impopulaires soient ponctuellement prises… Ce qui est particulier dans le cas du Mamer Lycée, c’est que nous n’avons pas affaire à des insatisfactions isolées, mais à une insatisfaction généralisée».

Rien ne va plus et la situation continue d’empirer. Selon le même sondage, malgré un coaching mis en place à destination de la direction, 89 % des répondants font état d’une situation tendue ou très tendue. Il ne s’agit donc pas d’une faction d’enseignants rebelles, mais bien de plus de la moitié de l’équipe enseignante pour laquelle la direction est désavouée.

Insatisfaction généralisée

Deux mesures seront mises en place à la rentrée scolaire pour tenter de remédier à la situation : une commission des plaintes interne au lycée sera instaurée pour arbitrer les relations entre les enseignants et la direction qui sera, quant à elle, renforcée par un troisième directeur adjoint. «Les enseignants pourront se confier à une sorte de cellule psychologique. Un pansement sur une jambe de bois», constate Gilles Bestgen.

«Son champ d’action, ses responsabilités et son indépendance n’ont pas encore été définis. De plus, il n’est pas certain que les enseignants qui se confieront ne subiront pas de répercussions de la part de la direction de l’établissement.» Quant au «nouveau directeur adjoint : il est sous le directeur d’un point de vue hiérarchique. On peut s’interroger sur sa marge de manœuvre».

Le secrétaire central adjoint du SEW/OGBL a peu d’espoir quant à l’efficacité de telles mesures. La confiance entre enseignants et direction est irrémédiablement rompue et «le ministère ne veut pas toucher au cœur du problème».

«Claude Meisch a indiqué à vos confrères de RTL que ce genre de dossiers devaient être traités en interne et pas sur la place publique. Depuis janvier, nous essayons d’obtenir des solutions de la part de son ministère. Les enseignants en ont eu assez que rien ne change et certains ont envoyé des lettres anonymes à nous, aux médias et à Francine Closener du LSAP.»

Pour le moment, la situation n’a pas encore eu de répercussions sur les élèves. Plus le «malaise» dénoncé durera, plus le risque grandira. «Les enseignants sont des fonctionnaires et des employés liées à leur statut. Ils ne peuvent donc pas créer de scandale sous peine de représailles. Beaucoup n’osent pas faire de vagues. Par le passé, la direction a déjà montré qu’elle surveillait de près ce genre comportements.»

Le syndicat s’attend à recevoir des témoignages de réprimandes. «Les enseignants qui ont témoigné anonymement jusqu’à présent risquent un conseil de discipline et une sanction. Peut-être également une plainte pour diffamation du directeur», précise le secrétaire central adjoint du SEW/OGBL.

«Nous continuons à suivre le dossier de près», promet Gilles Bestgen, très peu optimiste quant à des changements conséquents au sein de l’établissement scolaire. «C’est une mauvaise presse pour le ministre Meisch», mais «je crains qu’à la rentrée de septembre, rien n’aura changé».

Les enseignants, eux, souhaiteraient que «le problème soit pris à la racine» pour pouvoir continuer à exercer une profession qu’ils aiment au sein d’un établissement dans lequel certains enseignent depuis la création il y a une vingtaine d’années.

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