LUXEMBOURGEOIS À L’ÉTRANGER Brian Madjo est d’évidence l’un des points d’intérêt majeurs de la préparation du FC Metz. On a pu le constater la semaine dernière, contre Mondorf et le Red Star.
Brian Madjo est vite sorti du terrain 1, a coupé à travers l’immense hangar réaffecté de la plaine de Frescaty, escorté de cinq coéquipiers dont l’ancien Dudelangeois Kevin Van de Kerkhof, a salué les journalistes d’un timide «bonjour» et a foncé sur le terrain 2 pour… un deuxième match de samedi après-midi. Une opposition interne dont le coup d’envoi était donné quelques minutes seulement après la fin de FC Metz – Red Star (4-0), seconde rencontre amicale de ces Grenats en route pour la Ligue 1. C’est ça, visiblement, la vie de pro quand on a 16 ans : ne surtout jamais s’arrêter.
Le n° 24 des Lorrains n’est pourtant pas un néo-pro aussi anonyme que d’autres. Il y a dix jours, au moment de signer son premier contrat professionnel de trois saisons, le Roude Léiw avait indiqué «avoir hâte de faire (ses) premiers pas en Ligue 1», comme si c’était une évidence que l’affaire arriverait aussi vite qu’il le souhaiterait. À Frescaty, samedi, on a surtout croisé des supporters qui avaient hâte de le voir faire ses premiers pas, tout court. Tous ceux qui n’étaient pas à Homécourt pour la grande reprise des gars de Stéphane Le Mignan contre Mondorf, piaffaient même d’impatience. Le long de la main courante, cela trépigne d’ailleurs déjà à la fin de la première demi-heure : «Mais il va entrer quand, Madjo? En deuxième période?».
Benhemine, éberlué par son physique
Un peu plus loin, c’est Pierre, maillot Gauthier Hein sur les épaules, qui précise l’impatience des fans : «On est très intéressés! Il a un physique atypique – je l’ai déjà vu passer à côté de moi, c’est impressionnant – et on est tous restés perplexes quand on a vu la somme que le club a refusée pour lui (NDLR : nos confrères de L’Équipe ont évoqué une offre à 6 millions d’euros parvenue de l’étranger). On a hâte de voir si ça peut tenir la route en Ligue 1, voire même s’il peut y exploser dès cette année!».
Quand on a vu la somme que le club a refusée pour lui, on est tous restés perplexes
On avait eu un début de réponse mardi dernier, quand sa route avait croisé celle de l’USM. Où curieusement, certains ne le connaissaient pas encore. Découvrant même qu’il était luxembourgeois quand il a adressé un «geet et?» (NDLR : ça va?) à un des joueurs de Jérémy Deichelbohrer sur lequel il venait de marcher, et qui a dû le sentir passer.
Mais c’est surtout en apprenant son âge que le «vieux» Ahmed Benhemine, 38 ans, à son marquage une partie du match, a halluciné : «Moi, je pensais que c’était un adulte, s’esclaffe le défenseur central. Il a vraiment 16 ans? Mais s’il est né en Angleterre, on ne peut pas en douter. En tout cas, dans son jeu, il n’a pas 16 ans. Il fait des appels-contre-appels à une de ces vitesses! Quand il aura encore mieux appris à jouer dans les espaces et que surtout on le servira – parce qu’une fois, Hein, s’il lui donne le ballon, on est morts – quand il doit l’être, ça va faire très mal. À un moment, il s’est appuyé sur moi… mais c’est un golgoth, le type! Un taureau! Et il sait s’en servir de son corps. S’il joue en Ligue 1 dès maintenant, ça promet. C’est vraiment le nouveau Lukaku!».
«Bon sang, quel duel il lui a imposé!»
Au moment d’évoquer ce qu’il n’a pu voir que depuis le banc de touche puisqu’il était alors sorti, l’ancien Differdangeois Guillaume Trani souffle : «Bon sang, quel duel il a imposé à notre défenseur central, Brian Silva!». Brian Silva? Même gabarit, mais six ans de plus. En difficulté dès que Madjo s’est appuyé sur lui pour se retourner comme un vieux briscard. Et qui l’a forcé à commettre trois fautes en une demi-heure pour empêcher le Luxembourgeois de faire des différences significatives.
Avant de partir sur le terrain affronter les U19 avec lesquels il était surclassé la saison passée, Madjo a eu une demi-heure qui en dit long sur l’utilisation que pourrait en faire le FC Metz cette saison. Le promu, qui mise beaucoup sur les petits gabarits version feu follet qui vont tourner autour d’un «target player», lui demande de redescendre défendre sur chaque phase arrêtée, se placer sur la ligne des six mètres, pour verrouiller le premier poteau.
«Le foot va si vite que tout peut très vite arriver»
Et en phase de possession, de fixer un défenseur pour jouer au pivot (déjà très efficace d’ailleurs) quand il faut jouer un peu plus long. Dans tous les cas, de faire l’effort pour être devant le but à la finalisation des mouvements. Et sur ce point, même sans s’être procuré la moindre occasion face à une équipe de Ligue 2 emportée par le réalisme mosellan, il a déployé une énergie folle en course à très haute intensité pour suivre ses coéquipiers, même quand ils partaient en contre avec vingt mètres d’avance sur lui.
Après le match, Koffi Kouao, désigné pour répondre aux médias, a salué cette «mentalité que ces jeunes formés au club connaissent». Et, même sans parler spécifiquement de Madjo, le défenseur a précisé pour ces moins de 20 ans qui viennent de monter dans le bateau, que «le foot va si vite que tout peut très vite arriver». Surtout pour les joueurs dont on se demande s’ils ont vraiment 16 ans?