L’humoriste française Nicole Ferroni, chroniqueuse sur France Inter, n’y va pas avec le dos de la cuillère dans sa dernière vidéo publiée samedi sur Facebook. Alors que le procès en appel de l’affaire LuxLeaks s’ouvre lundi, elle a tenu à exprimer le fond de sa pensée à Jean-Claude Juncker…
Pour sa chronique, la toujours volubile et pleine de malice Nicole Ferroni cherchait « un haut responsable européen et Luxembourgeois de surcroît ». C’est donc tout naturellement qu’elle s’est tournée vers Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Aussi a-t-elle voulu lui adresser un message, avant l’ouverture du procès en appel des ex-employés du cabinet PwC Antoine Deltour et Raphaël Halet, et du journaliste Édouard Perrin, à l’origine des révélations sur les LuxLeaks. Trois personnes qui ont agi en lanceurs d’alerte, « en fait des humains », précise Nicole Ferroni qui refait une synthèse de l’affaire pour Jean-Claude Juncker.
Ces humains ont ainsi découvert, dans leur entreprise, « qu’il y avait plein de petites multinationales qui passaient des accords avec le fisc luxembourgeois, pour payer des tout petits petits petits impôts bien qu’elles aient de grosses grosses grosses sommes d’argent ». C’est de l’optimisation fiscale, mais c’est légal explique la chroniqueuse. A ne pas confondre avec l’évasion fiscale. Mais si vous savez : la Suisse, l’affaire UBS, tout ça… Enfin bref, « comme quoi tout petits pays, grosses cachettes à pognon », glisse-t-elle.
N’empêche, bougonne-t-elle, « les citoyens ont été très très scandalisés d’apprendre ça, parce que dès qu’une entreprise ne paie pas ses impôts, qui c’est qui paie à sa place, hein M. Juncker ? C’est bibi ! C’est les citoyens » sur le dos desquels l’État met « des p’tites réformes, des augmentations de TVA ». Sauf que son interlocuteur imaginaire lui opposerait sans doute que « si les multinationales ont autant de pognon à planquer au Luxembourg », c’est de votre faute. Oui, vous tous qui courez après le dernier iPhone, qui vous gavez dans les fast-food et autres cafés à l’américaine. « Juncker : 1 / Ferroni : 0 », admet Nicole, pointant ainsi que « nous, cons… consommateurs que nous sommes, faudrait peut-être faire attention à ce qu’on achète : le Ikea, le Amazon, le Apple… »
« L’image du Luxembourg est une catastrophe »
Soit. Le ton de l’humoriste se fait plus grave lorsqu’elle appelle l’ancien Premier ministre à « sauver l’honneur de votre pays, car en Europe l’image du Luxembourg est une catastrophe », jugeant que le Grand-Duché n’a rien fait contre les pratiques incriminées et de rappeler que les tax rulings auraient même explosé depuis le scandale. En même temps, reconnaît-elle, les multinationales auraient tort de s’en priver car « quand un témoin les voit, la main dans le sac, c’est le témoin qui va en prison et pas elles, les voleuses ».
Nicole Ferroni propose toutefois deux alternatives à Jean-Claude Juncker : « soit vous ne changez rien et dans ce cas changez seulement le nom de votre pays en Luxembeurk, pour dire qu’il y a de l’argent sale […] ou alors vous allez enfin prendre votre responsabilité de dirigeant européen et lutter contre l’optimisation, le dumping, l’évasion fiscale et protéger les lanceurs d’alerte ». En les dédommageant tant qu’à faire, puisqu’ils rapportent de l’argent aux États en dénonçant ceux qui en coûtent.
Cette dernière option reste facultative. Le destinataire de la vidéo sera certainement ravi de savoir que « s’ils aimaient le pognon les lanceurs d’alerte, ils auraient pas fait lanceurs d’alerte, ils auraient fait multinationales. Ou alors ils auraient fait président de Commission européenne ». Sur ce, conclut Nicole Ferroni : « à lundi, bisous ! »
Dimanche après-midi, la publication totalisait plus de 900 000 vues et quelque 17 500 partages sur Facebook.
Le Quotidien