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LuxFilmFest : reprise de (haute) volée


Après de précédentes éditions secouées par la crise sanitaire, le LuxFilmFest gonfle les poumons et se présente sous sa meilleure forme. Un nouvel élan qu’il invite à partager avec le public.

La 13e édition du Luxembourg City Film Festival (LuxFilmFest) sera-t-elle celle de tous les records? Avant son coup d’envoi, qui sera donné le 2 mars, c’est en tout cas le sentiment que renvoient les organisateurs de l’évènement, qui y vont de leurs chiffres : quelque 900 films considérés, plus de 150 soumissions directes (les œuvres envoyées directement au festival à travers l’appel à films), un record de soumissions pour la production et coproduction luxembourgeoises, de même que la représentation du cinéma national dans le programme définitif.

Et ce, alors que les organisateurs ne manquent pas de répéter que l’on est toujours dans un «contexte de reprise», avec une fréquentation des salles loin de retrouver leur allure d’avant la pandémie et une inflation, combinée à la hausse des prix de l’énergie, qui continuent de mettre des bâtons dans les roues. Reste donc à savoir si le public battra lui aussi un record, donnée la plus incertaine de toutes.

En attendant, le LuxFilmFest revient chargé à bloc avec une nouvelle sélection, où la qualité n’a d’égale que sa quantité, et en sachant choisir ses moments phares : la nouvelle comédie noire de François Ozon, Mon crime (film d’ouverture), le très attendu Ingeborg Bachmann (film de remise de prix), avec Vicky Krieps dans le rôle de la poétesse autrichienne, ou A Good Person (film de clôture), exclusivité mondiale que le directeur artistique, Alexis Juncosa, prédit déjà comme «la sensation des Oscars 2024», rien que ça

Et puis, Master Gardener, de Paul Schrader, Inside, drame psychologique porté par le seul Willem Dafoe, ou encore le documentaire All the Beauty and the Bloodshed, sur l’art et les combats de la photographe américaine Nan Goldin, promettent, hors compétition, de faire évènement.

Hommage à Pol Cruchten

Vitrine luxembourgeoise des cinémas du monde, le festival emmènera le spectateur, avec sa compétition officielle, des Philippines au Chili, en passant par l’Irlande, le Japon ou encore l’Iran. Et, à travers cela, une volonté de scruter ce qui se passe du côté de cette multitude de scènes nationales, dont certaines sont encore émergentes. Celle, bien établie, de l’Iran, obtient un écho particulier cette année avec, au-delà des films présentés en compétition officielle (World War III) et documentaire (Silent House), la projection attendue de La Valise rouge, court métrage de l’Irano-Luxembourgeois Cyrus Neshvad déjà entré dans l’histoire avec sa nomination aux prochains Oscars.

Et, surtout, un président du jury de renom : Asghar Farhadi, totem du cinéma en langue persane, dont Alexis Jucosa se souvient du film Une séparation (2011, Ours d’or à Berlin et Oscar du meilleur film étranger) comme du «premier gros coup» du LuxFilmFest lors de sa première édition. La boucle est bouclée dans le contexte brûlant d’un pays en révolte.

Plus près de nous, les production et coproduction nationales, jamais aussi présentes – trois films en compétition officielle, dont la coproduction majoritaire Maret, de Laura Schroeder –, seront l’occasion de découvrir un cinéma luxembourgeois qui maîtrise tous les genres et styles de narration.

Le festival se fend par ailleurs d’un hommage à Pol Cruchten, disparu en 2019, avec la redécouverte sur grand écran de son culte Hochzäitsnuecht (1992), doublé de L’Invitation, qui voit le documentariste Fabrizio Maltese partir sur les traces d’un projet de film en Mauritanie que le décès prématuré du cinéaste a empêché de voir le jour.

«Late Night Bizarre»

«Cette année, le cinéma parle beaucoup de cinéma», remarque Alexis Juncosa, et la mise en abyme joue sur tous les registres (comique, dramatique, horrifique… et même en réalité virtuelle!). Loin de donner l’image d’un milieu qui se regarde le nombril, c’est une façon de poser un nouveau regard sur le monde en reflétant les préoccupations des auteurs contemporains. Mais pas que : le directeur artistique introduit la création d’un nouveau label, «Late Night Bizarre», né, en partie, de la «jalousie vis-à-vis des publics des festivals de cinéma fantastique», réputés fidèles. Soit une fournée d’étrangetés cinématographiques venues du monde entier – dont le Luxembourg! – qui promettent de remuer. Et, donc, de fidéliser de nouvelles têtes. De nouveaux auteurs, aussi? On croise les doigts pour les deux.

Les compétitions

COMPÉTITION OFFICIELLE

1976, de Manuela Martelli (Chili)

Autobiography, de Makbul Mubarak (Indonésie)

Leonor Will Never Die, de Martika Ramirez Escobar (Philippines)

Maret, de Laura Schroeder (Luxembourg / Allemagne)

The Quiet Girl, de Colm Bairéad (Irlande)

Los reyes del mundo, de Laura Mora Ortega (Colombie / Luxembourg)

Saules aveugles, femme endormie, de Pierre Földes (France / Luxembourg)

Tengo sueños eléctricos, de Valentina Maurel (Belgique / Costa Rica)

World War III, de Houman Seyyedi (Iran)

COMPÉTITION DOCUMENTAIRE

De Humani Corporis Fabrica, de Céréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor (France)

Nous, étudiants!, de Rafiki Fariala (Centrafrique)

Paradis, d’Alexander Abaturov (France)

Riotsville, USA, de Sierra Pettengill (États-Unis)

Rojek, de Zaynê Akyol (Canada)

Silent House, de Farnaz et Muhammadreza Jurabchian (Iran)

We Will Not Fade Away, d’Alisa Kovalenko (Ukraine)