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Luxembourgeois au camp de Siret : «Il faut surtout de la nourriture»


"Il est primordial de donner aux associations qui s'occupent de faire passer les dons à l'intérieur du pays", explique Géraldine Castellain (Photo : DR)

Cinq jours après son départ vers la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine, Géraldine Castelain nous donne des détails sur cette mission humanitaire et la vie sur place parmi réfugiés et associations.

Parti ce lundi en direction du camp de réfugiés de Siret, situé à la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine, le convoi humanitaire initié par Géraldine Castelain s’apprête à prendre le chemin du retour après trois jours sur place.

Celle qui a réussi à organiser cette mission en une semaine nous raconte la vie dans le centre d’accueil, les rencontres avec les réfugiés et martèle l’impératif besoin de nourriture des Ukrainiens restés à l’intérieur du pays.

Comment était la vie sur place ?

Géraldine Castelain : Nous avons été très agréablement surpris par la solidarité et l’organisation sur place. Le travail des associations ainsi que la quantité de matériel… C’est remarquable.

En revanche, ce ne sont pas les vêtements ni les médicaments qui manquent, mais bien la nourriture. Il est impératif de récolter des denrées alimentaires. Depuis que Marioupol est encerclé, les gens meurent de faim. Ils n’ont plus rien et ne peuvent plus sortir. Ils boivent de la neige ou l’eau des radiateurs. Les corps des personnes tuées par les Russes restent au sol dans la rue, les gens ont peur de se faire tuer en allant les récupérer.

Il est impératif de faire parvenir de la nourriture aux associations qui l’achemineront ensuite en Ukraine. Pour nous, l’association Fight for Freedom a chargé la totalité de notre matériel pour l’emmener en Ukraine. Le principal, et le plus urgent, est d’apporter de l’aide aux Ukrainiens bloqués sur place.

Ceux qui ont réussi à passer la frontière sont sortis d’affaire. Pour ceux restés en Ukraine, il faut des lits bébé, des couvertures et surtout de la nourriture.

(Photo : Géraldine Castellain)

Pouvez-vous nous décrire l’état d’esprit des réfugiés sur place ?

Nous sommes restés à la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine au centre d’accueil de Siret. Les réfugiés sont dans un soulagement profond et un désarroi total. Leur vie d’avant n’existe plus. Nous avons rencontré, Anna, une femme qui est arrivée à la frontière seule. Sa famille est dispersée, son patron a pu lui payer un billet d’avion pour la Turquie.

Elle a dû laisser son mari et son père au pays. Elle nous expliquait qu’il y a trois semaines, elle travaillait, profitait de son appartement tout juste refait. Aujourd’hui, elle a dû fuir couverte d’un gilet par balles après avoir passé des jours dans une cave comme des milliers d’Ukrainiens. Ils doivent laisser leur vie derrière eux. C’est dramatique.

La plupart des personnes avec vous n’avaient jamais réalisé de mission humanitaire. 
Comment ont-elles vécu cela ?

Voir des personnes âgées, des enfants, des gens en fauteuil traverser la frontière… Ils ont été marqués pour toujours, leur vie ne sera plus la même après cette expérience. L’un d’entre eux me parlait du témoignage d’Anna encore ce matin. Tout le monde a été formidable.

Comment s’est déroulé le trajet ?

Nous avons mis 12 heures pour traverser la Roumanie. Le passage des Carpates a été particulièrement compliqué à cause de la neige. Sinon, nous n’avons pas été embêtés au moment de passer les frontières.

Nous prenons la route du retour ce vendredi et ce qui nous inquiète, c’est l’attente pour passer la frontière hongroise. Ça dépendra des postes frontières, nous verrons bien… On devrait être samedi au Luxembourg.

Comptez-vous repartir à la frontière ukrainienne ?

Nous sommes en train de voir pour réacheminer de la nourriture. Je le répète, il est primordial de donner aux associations qui s’occupent de faire passer les dons à l’intérieur du pays.

La solidarité européenne est vraiment remarquable et permet un tel accueil des associations. Pour le moment, je vais rentrer et me poser quelques jours pour récupérer.