Accueil | A la Une | Luxembourg : vers une réquisition du personnel de santé en Lorraine ?

Luxembourg : vers une réquisition du personnel de santé en Lorraine ?


Le Luxembourg s'inquiète d'une éventuelle réquisition du personnel soignant frontalier, en cas de passage d'un nouveau palier côté français (Photo : AFP).

Le Luxembourg reste très vigilant sur des mesures «d’état d’urgence sanitaire» qui pourraient être prises en France, et qui permettrait de réquisitionner le personnel de santé résident en Lorraine, mais qui travaille au Grand-Duché.

Mercredi, plusieurs médias ont annoncé que le gouvernement français était prêt à déclarer «l’état d’urgence sanitaire» contre le coronavirus. Cette mesure permettrait au Premier ministre de «réquisitionner les biens et les services nécessaires» pour lutter contre la propagation du Covid-19.

Le personnel de santé résidant en Lorraine mais qui travaille au Grand-Duché pourrait être concerné par cette mesure. «Ce scénario nous préoccupe bien entendu. On se pose beaucoup de questions», admet le chef du gouvernement luxembourgeois.

«C’est devenu un peu du chacun pour soi, mais on dispose de garanties»

D’intenses contacts au plus haut niveau sont menés, entre Xavier Bettel et le président Emmanuel Macron mais aussi entre les chefs de la diplomatie. «Côté français, ils sont à tous les niveaux conscients qu’une telle mesure provoquerait l’effondrement de notre système hospitalier», clame le Premier ministre grand-ducal.
«C’est devenu un peu du chacun pour soi, mais on dispose de garanties pour que la Lorraine n’étouffe pas ou même fasse mourir son voisin luxembourgeois», conclut Xavier Bettel. La vigilance restera toutefois de mise.

David Marques

Un rapport avertissait sur les risques en octobre…

Dans une étude communiquée en octobre 2019 au gouvernement luxembourgeois, deux fragilités du système de santé étaient mises en lumière : une dépendance trop grande aux médecins étrangers et à la politique de santé des pays frontaliers.

Le rapport, sans détour, estimait qu’avec un taux de 62 % de professionnels provenant de l’étranger, le pays a dépassé un “seuil critique le rendant extrêmement vulnérable et dépendant des décisions politiques et économiques des pays frontaliers en faveur des soignants.” L’étude expliquait plus loin  : « le recrutement est encore possible à l’étranger mais toute initiative en France, en Belgique ou en Allemagne qui viserait à rehausser les salaires des soignants engendrerait immédiatement une grave crise du système sanitaire luxembourgeois. »

Cette guerre sur la main d’oeuvre dans la santé

Cette guerre larvée pour la main d’oeuvre dans la santé avec le voisin fait régulièrement des remous.  La directrice du CHR de Metz-Thionville, Marie-Odile Saillard, a découvert cette situation spécifique en arrivant du Nord (Arras). Elle déplore régulièrement la difficulté de gérer une structure publique avec une double concurrence : celle des structures privées (comme ailleurs en France) et celle du Luxembourg. Dans un entretien donné au journal La Semaine en 2018, Marie-Odile Saillard se prononçait en faveur du remboursement des études par le Luxembourg du personnel soignant formé en France et capté à la sortie des études. La directrice souhaiterait également utiliser des mesures plus spécifiques pour retenir le personnel à la frontière (type prime à l’embauche etc.) France Bleu Lorraine estimait en 2019 que près d’un tiers des promotions d’infirmière formées en Moselle partent au Grand-Duché. Le maire de Metz Dominique Gros, qui avait plaidé sa cause d’un rééquilibrage économique en zone frontalière jusque devant le Conseil de l’Europe, avait nommément cité le cas des infirmières.

Plus globalement, le journaliste UE / Bruxelles du Wort, Diego Velazquez, fin connaisseur des enjeux luxembourgeois, estime que c’est l’ensemble de l’imbrication des relations Grand-Duché / Grande Région qu’il faudra revoir après la crise, avec une répartition de la fiscalité plus juste, puisque l’interdépendance n’a jamais été aussi forte.

Hubert Gamelon

 

3 plusieurs commentaires

  1. Je suis d’accord avec vous. Au même temps il faut se rappeler que le système sanitaire aux frontières s’est moins développé grâce (ou à cause) du système luxembourgeois. Donc si dans le futur il y aura un pic de malades, le Luxembourg devra se rendre disponible à soigner tous le frontaliers en ayant le droit puisque ils sont inscrit à la CNS.

  2. C est des conneries tout ça, ne vous laissez pas induire en erreur, la france a assez de médecin , et au cas où les gens iront la ou ils travaille, le personnels médicale ne sont pas con , le luxembourg n a rien à craindre nous sommes avec vous

  3. les frontaliers travaillent ici parce qu’ils n’ont pas de travail en F., ou gagnent presque rien, 1/3 d’ici. ils ont 1 bon contrat ici et ne peuvent pas retourner en F quand ça les prend. c’est contre toute logique. dans ce cas ils peuvent rester là pour de bon en F., dans les bons et presque tj mauvais jours en F.