Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Ce n’est pas encore du grand football, mais c’est déjà impressionnant ! L’équipe de robots «Luxembourg United», conçue par les chercheurs de l’Uni, était en démonstration mercredi, au musée d’Histoire de la Ville, en marge de l’exposition «Football Hallelujah».
Les fans qui s’extasient encore sur Ronaldo feraient bien d’intégrer ça : « D’ici 2050, les robots seront plus forts que les joueurs pros. » La prophétie émane de Patrice Caire, chercheuse au Centre interdisciplinaire pour la sécurité, la fiabilité et la confiance (SnT) de l’Uni. Pour le moment, honnêtement, ça joue lentement. Pas de débordement fougueux à la Robben. Pas de frappes brossées dans les lucarnes non plus. Pogba et consorts ont encore de beaux jours devant eux!
C’est la déception pour l’attaquant, qui ne cache pas son amertume. (photo Alain Rischard)
Mais, on doit bien l’avouer, nous avons été bluffés par la démonstration proposée mercredi, dans le cadre de l’exposition «Football Hallelujah!» au musée d’Histoire de la Ville.
Les programmateurs de Luxembourg United, l’équipe nationale de robots, nous ont concocté une séance de tir aux buts. Les robots, qui pèsent six kilos, communiquent par wifi avec les ordinateurs. Chaque joueur a son comportement et sa dextérité. Même lors de l’échauffement! Le robot moustachu, visiblement grand espoir du football numérique luxembourgeois, fait ses étirements sans broncher. Pendant qu’un autre à côté s’amuse à chauffer le public.
Illustration avec cette vidéo de la finale de la Robocup 2014 (Coupe du monde) :
Mais la vraie star, c’est le gardien. On ne va pas refaire toute la séance. Juste signaler que le portier a quasiment tout bloqué! Avec des réflexes impressionnants : bien sur ses appuis au moment de la course du tireur, impulsion avec la jambe du côté choisi, retombé sur le flanc… et parade d’une incroyable main ferme! Neuer a du souci à se faire. Côté tireur, on a vu beaucoup de déchet en revanche. Des courses très saccadées, à petits pas, que plus aucun joueur ne tenterait depuis le ridicule Zaza au dernier Euro.
Le gardien s’échauffe dans un mouvement très réaliste. (photo Alain Rischard)
Bientôt un stade au Kirchberg
L’équipe n’existe que depuis un an. « Notre stade est en construction au Kirchberg », annonce Patrice Caire. Le terrain de 7 x 9 mètres permettra d’accueillir des rencontres internationales en Standard Platform League (SPL). « C’est une catégorie de robot, explique Patrice Caire. Chacun joue avec les mêmes dimensions de personnage, seule la qualité de la programmation fait la différence.»
Le tireur s’élance… Oh quelle parade magique! (photo Alain Rischard)
En l’occurrence, les robots de Luxembourg United intègrent des comportements déjà très étonnants : anticipation du déplacement du jeu, application de schéma d’entraîneur ou encore gestion de l’effort. « Car chaque joueur a une batterie limitée. Quand un robot sent qu’il est fatigué, il peut décider de redescendre en défense par exemple, ou de jouer moins long .» Bref, si Ginola avait été robot dans l’âme en 1993, la France aurait pu se qualifier pour la Coupe du monde!
Toutes ces prouesses sont le fruit d’algorithmes complexes. Luxembourg United permet à des chercheurs en maths ou en informatique de se lâcher dans leur créativité. « Les robots attirent aussi le jeune public, glisse Patrice. L’équipe est un argument certain pour inciter les ados à s’intéresser à nos filières de l’université.»
Patrice Caire le rappelle : « Le Luxembourg manque de programmateurs. C’est dommage car des entreprises compétitives sont prêtes à s’installer .» En tant que chercheuse, elle est en revanche très satisfaite des conditions de travail au laboratoire SnT de l’Uni. « Les projets se débloquent très vite, on a de la chance au Luxembourg », conclut celle qui a étudié aux États-Unis toute une partie de sa vie.
Hubert Gamelon
« Robocup », la Coupe du monde de robots
Les robots ont aussi leur Coupe du monde de foot. La compétition a lieu chaque année sous l’appellation Robocup. L’édition 2016 a été remportée par la France. La prochaine Robocup aura lieu au Japon. Les matches se déroulent en cinq contre cinq, en deux fois dix minutes.
Une mi-temps permet aux programmateurs de réévaluer le schéma de jeu de leurs robots… la causerie numérique du vestiaire, en quelque sorte!
Allez, pour finir, on vous fait cadeau de cette vidéo très drôle (regarder à partir 2’20), qui montre quand même que ces petites merveilles technologiques ne sont pas encore totalement au point !
