La guerre en Ukraine, la sécheresse et l’explosion des prix de l’énergie ont lourdement pesé sur le secteur agricole. Le bilan de la récolte des céréales est satisfaisant, au contraire de celui de la production fourragère.
Le rendez-vous était fixé, hier matin, dans les locaux de la coopérative agricole De Verband, à Colmar-Berg. Contrairement à une récolte bien plus précoce que d’habitude, le traditionnel bilan des rendements, en présence du ministre de l’Agriculture, a eu lieu, cette année, non pas en août, mais à la fin septembre. L’échange avec les représentants du secteur n’en a pas souffert. Même le Grand-Duc Henri est venu rendre visite aux agriculteurs.
Le plein de soleil qu’a vécu le Luxembourg au printemps et à l’été derniers a eu du bon. Le manque de pluie, par contre, est venu impacter négativement l’année agricole. Le ministre Claude Haagen s’est ainsi vu rapporter, hier, un bilan des récoltes assez mitigé. Le pire a toutefois pu être évité.
Pour ce qui est des céréales, le secteur annonce une «bonne récolte». Le temps sec et ensoleillé du printemps a profité au blé d’hiver et aux céréales d’été. Le rendement varie cependant fortement selon les régions. Dans le sud et le long de la Moselle, la sécheresse continue a fait plus de dégâts que par ailleurs dans le pays. En mai, les conditions météorologiques n’étaient pas uniformes au-dessus du Grand-Duché.
À l’échelle nationale, la récolte 2022 de céréales est qualifiée de bonne grâce à un niveau de rendement élevé.
La récolte précoce, lancée dès juin en raison de la sécheresse, n’a pas eu d’impact majeur. La qualité des céréales d’été et du colza est qualifiée de bonne. Pour l’avoine et l’épeautre, le secteur évoque même une excellente qualité. Les différents produits ont pu être vendus à des prix élevés.
Le blé a, lui, connu un léger recul par rapport à 2021. Les besoins pour la production nationale de pain sont toutefois couverts. Pas d’alerte donc à ce niveau, d’autant plus que la qualité du blé récolté est bonne.
Il existe néanmoins un grand bémol. La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine a non seulement provoqué des pénuries sur les marchés alimentaires internationaux, mais les agriculteurs luxembourgeois ont aussi été confrontés à une hausse des prix pour l’énergie ainsi que pour les engrais.
Inquiétude pour les patates et le maïs
L’inquiétude est bien plus importante en ce qui concerne la récolte de pommes de terre et du maïs. Plus globalement, la production fourragère est largement insuffisante. Le ministre de l’Agriculture, Claude Haagen, chiffre les pertes de rendement dans les prairies à environ 30 %. Au niveau régional, les pertes peuvent être encore plus importantes. «Avec un peu de chance, une dernière coupe de prairie peut être effectuée à l’automne, mais le rendement reste bien en deçà des valeurs de l’année précédente», renseigne le communiqué officiel du ministère.
Dans de nombreux endroits, le maïs n’a pas survécu à la sécheresse. La récolte est caractérisée par d’importantes pertes de rendement et de qualité.
Les faibles rendements des pommes de terre sont également qualifiés de «préoccupants». Le manque de pluie pendant les mois d’été a ralenti la croissance des tubercules.
Claude Haagen a tenu à souligner, hier, «l’importance de notre production nationale de céréales, de plantes et d’aliments pour animaux, en particulier en temps de crise, lorsque des chaînes d’approvisionnement courtes et fiables deviennent de plus en plus importantes et que les consommateurs s’intéressent aux produits de la région».