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Luxembourg : un homme frappe son épouse, avec son bébé, devant un foyer pour femmes


L’épouse a tenté de repousser son mari avant qu’il ne la plaque au sol et ne lui assène plusieurs coups à la tête.

La remise de ses enfants à son ex-épouse a dégénéré en une scène de violence envers elle. Plaquée au sol, son bébé dans les bras, elle a perdu conscience pendant de longues minutes.

Sheiar est accusé d’avoir tenté d’assassiner son ancienne épouse devant un foyer pour femmes de la rue du Rollingergrund à Luxembourg, le 30 décembre 2021, en la rouant de coups de pied et de poing à la tête.

Les coups et les menaces ont marqué leurs dernières années de mariage, de même que le harcèlement depuis le centre pénitentiaire où il est incarcéré. Le réfugié syrien de 34 ans nie ces derniers faits qui lui sont reprochés. Il ne s’agirait que de mensonges.

La famille est arrivée au Luxembourg le 20 décembre 2017. Rapidement, des tensions seraient apparues entre les époux. Le prévenu avait notamment dû être placé dans un foyer de demandeurs d’asile différent. Le couple s’était ensuite rabiboché jusqu’à ce que la sœur cadette de son épouse emménage avec eux.

La cohabitation s’est mal passée et la jeune femme de 19 ans a quitté la maison, suivie par Khadija qui a demandé le divorce. S’en est découlé une accumulation de frustrations, concernant notamment son statut de réfugié illettré et la garde de ses trois enfants.

Le soir des faits, Sheiar les avait ramenés à leur mère après avoir passé la journée avec eux. «Il accepte mal la séparation et a du mal à contrôler son impulsivité», résume l’expert neuropsychiatre à la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Khadija lui aurait craché dessus et l’aurait insulté avant de lui sauter à la gorge et de le frapper. «Il se réfugie derrière une amnésie très sélective qui ne s’explique pas de manière psychiatrique ou organique, mais est à mes yeux purement défensive. Elle n’est pas non plus due à un état de stress aigu», note l’expert neuropsychiatre avant d’expliquer que le prévenu occulte ses propres actions. «Il nie la présence de témoins sur les lieux et les accuse de mensonges. Il n’a pas l’attitude classique de quelqu’un qui a subi un tel stress.»

Les images de vidéosurveillance valident les témoignages dénoncés par Sheiar. Elles montrent une altercation verbale qui dégénère en agression physique engagée par Khadija. «Elle le saisit par le col avant de le repousser puis de prendre par le cou. On la voit également lui donner un coup de poing dans la poitrine et un coup de pied. Sheiar ne réagit pas dans un premier temps», commente un expert légiste. «Six minutes et demie après le début de l’altercation, il la frappe à l’oreille gauche et la force à se coucher au sol en tirant ses cheveux. Elle tient leur bébé dans les bras.»

Khadija a tenté de le repousser

Suivent deux coups de poing et un coup de pied à la tête, alors que deux femmes arrivent à la rescousse en essayant de retenir Sheiar. Il continue de piétiner à plusieurs reprises la tête de la jeune femme «qui s’affaisse au sol». Sheiar s’écarte un moment.

«La jeune femme est restée inconsciente au sol pendant quatre minutes», poursuit le légiste. Outre une plaie ouverte à la tempe droite et de nombreux hématomes au crâne, la jeune femme a subi une contusion cérébrale ainsi qu’un léger traumatisme du crâne et du cerveau.

Des blessures «compatibles» avec les images et qui auraient pu être mortelles. «En voyant le film, on aurait pu s’attendre à des blessures plus graves encore», a précisé l’expert. «La tête était compressée entre le sol et le pied de l’agresseur.»

«Les témoins ont évoqué une agressivité particulière de sa part», ajoute un enquêteur de la section infraction contre les personnes de la police judiciaire. «Lors du dernier coup, un de ses pieds repose sur la tête de son ancienne épouse et l’autre est en l’air. Il reposait donc de tout son poids sur elle. Il nous a dit peser 80 kilogrammes.»

Sheiar a fumé une cigarette près d’une station-service à quelques pas du foyer en attendant l’arrivée de la police. Avant de se livrer, il a téléphoné à un de ses frères. «Il avait du sang sur lui et un long cheveu noir appartenant à la victime présumée a été trouvé sur une de ses chaussures», confirme le policier qui reconstitue petit à petit les faits et leur contexte.

Ils se sont déroulés sous les yeux des trois enfants du couple dont l’aîné était âgé de 7 ans. Acculée par le prévenu contre la lourde porte d’entrée du foyer, Khadija a essayé de maintenir le prévenu à distance en le repoussant parce qu’elle ne parvenait pas à l’ouvrir sans actionner l’interphone.

Le procès se poursuit jeudi avec la suite de l’enquête ainsi que notamment les témoignages de Khadija, Sheiar et d’un témoin de la défense.