Le Collectif réfugiés rappelle les droits dont bénéficient les demandeurs de protection et revendique des efforts tous azimuts de la part du gouvernement. Catalogue.
Il y a eu cette belle vague de solidarité du Luxembourg et de ses habitants face à la crise en Ukraine. Le Collectif réfugiés ne pouvait pas y être insensible. Mais il sait que tous les réfugiés ne bénéficient pas des mêmes traitements.
À l’heure où le Haut-commissariat aux Réfugiés (HCR) enregistre 100 millions de personnes déracinées par la guerre, les violences, les persécutions et les violations des droits humains, un chiffre en constante augmentation, le Collectif luxembourgeois des réfugiés (LFR) pose ses revendications. Sa manière de célébrer la Journée Mondiale des réfugiés, ce lundi.
Pour réussir une intégration, il faut porter une attention particulière sur plusieurs piliers, selon le LFR qui cite en exemple l’accès au marché du travail, l’accès aux études, le regroupement familial et l’accès au logement.
Pour le marché du travail, il y a urgence à le réformer « en tenant compte des aptitudes individuelles à intégrer directement le marché de l’emploi pour demandeurs de protection internationale (DPI) et non après six mois de procédure » suggère le collectif. Il faudrait qu’ils aient accès à la formation professionnelle, aussi. En attendant, les réfugiés, qu’ils soient demandeurs ou bénéficiaires, « végètent dans les structures d’accueil et sont coincés à l’ADEM ou à l’ONIS (ndlr, office national d’inclusion social) ». Surtout que certains secteurs d’activités souffrent d’un déficit de main d’œuvre.
Le gouvernement est invité à réagir rapidement parce qu’il en va « de l’autonomisation de cette population, de son accès à une vie plus digne et de la cohésion sociale du pays ! », martèle le LFR.
Pour les études, les obstacles se dressent de la même manière. Seule une minorité de réfugiés poursuit des études supérieures dans leur pays d’accueil « à cause des divers obstacles qu’ils rencontrent sur leur parcours tels que la barrière de la langue ou la complexité des démarches administratives », précise le collectif. Au Luxembourg, l’aspect linguistique représente un obstacle encore plus important, mais, en plus de cela, il y a un problème de reconnaissance des diplômes lorsqu’ils ne sont plus en possession des documents en attestant. Ils ne peuvent être qu’auditeurs libres, donc ne peuvent pas prétendre à une bourse ni à un logement universitaire.
En revanche, l’Université du Luxembourg s’est mobilisée pour accueillir les étudiants ukrainiens détenteurs d’un diplôme universitaire et ils pourront s’inscrire pour l’année académique 2022/2023. Une opportunité est réservée aux étudiants ukrainiens détenteurs de la protection temporaire, qui ne s’applique pas automatiquement aux étudiants ressortissants de pays tiers qui fréquentaient l’université en Ukraine et qui ont quitté le pays à cause du conflit. Ceux-là restent auditeurs libres en dépit du fait que le gouvernement ait montré que l’accès aux études universitaires pour les détenteurs de la protection temporaire est possible.
Difficile regroupement
Idem pour le regroupement familial. Rien n’est simple. Si le regroupement familial des seuls conjoints et descendants mineurs en ligne directe est garanti, « les conditions d’application permettant en théorie à d’autres membres de famille de rejoindre le réfugié reconnu au Luxembourg constituent très souvent un obstacle insurmontable », indique le LFR. Il faut remplir des conditions relatives aux ressources stables ou encore avoir à sa disposition un logement apte à accueillir les membres de famille.
Justement, côté logement, la situation n’est guère brillante, mais c’est un problème pour beaucoup de monde dans le pays. Les conditions de vies dans les foyers sont parfois pénibles et les loyers sont chers. Le LFR demande de continuer à créer plus de places d’accueil dans les foyers d’hébergement.
Au Luxembourg, 46% des résidents des structures d’accueil sont des bénéficiaires de la protection internationale. Ils n’ont pas les moyens de d’installer dans le pays qui les a accueillis. En revanche, les loyers de mise à disposition dans les structures peuvent aller jusqu’à 650 euros dans une chambre où résident parfois 6 autres personnes.
Passerell craint pour ses activités
L’association Passerell, active dans l’accompagnement des réfugiés quant à leurs droits, risque de considérablement diminué ses activités voire de les stopper si elle ne trouve pas les moyens nécessaires de rémunérer ses trois salariés à temps plein, plus un interprète.
« Nous annonçons à nos bénéficiaires que nous ne pouvons plus prendre de nouveaux cas parce que nous n’avons plus de financement au-delà du mois d’août », explique Ambre Schulz. Plusieurs demandes de soutiens sont parvenus auprès des institutions, mais les réponses tardent. Financé en partie par l’œuvre Grande-Duchesse Charlotte pour ses projets de démarrage, ces soutiens ne sont pas pérennes « et n’ont pas vocation à financer des emplois », explique la coordinatrice de projets. « On arrive à avoir des sources de financement, mais sur le long terme c’est très compliqué », avoue-t-elle.
Passerell aimerait bénéficier de financements via le fonds européen AMIF (Asile, Migration et Intégration) qui a pour objectif général de contribuer à la gestion efficace des flux migratoires dans le plein respect des droits et principes consacrés dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Sinon, ceux qui le souhaitent peuvent faire un don à l’association ou acheter le livre qu’elle a édité Réhumanisez-moi – 9 vies en suspens.