Le café Fairtrade fête ses 30 ans dans le monde. Au Luxembourg, un pays pionnier de ce combat, le label est devenu plus qu’un simple phénomène de mode : près de 10% des cafés sont vendus à un prix plus juste pour les producteurs.
Près de 328 tonnes de café Fairtrade vendues au Luxembourg en 2017 : «on peut dire que c’est un beau bilan, non?», sourit Jean-Louis Zeien, président de Fairtrade Lëtzebuerg, qui fête ses 26 ans cette année. Un bilan d’autant plus savoureux que le chemin parcouru est grand : «Pour vous donner une idée, en 1992, on parlait de 12 tonnes de café Fairtrade vendues au Luxembourg.»
Voilà 30 ans qu’est né le label du commerce équitable Fairtrade, grâce à l’initiative du Néerlandais Francisco Van der Hoff (lire par ailleurs). Ce label international est apparu en 1988 en réponse à cet appel de producteurs de café mexicains : «Recevoir chaque année vos dons pour construire une petite école afin que la pauvreté soit plus supportable, c’est bien. Mais le véritable soutien serait de recevoir un prix plus juste pour notre café.»
Tel est l’ADN du commerce équitable : rémunérer les producteurs à un prix juste leur permet de vivre décemment. Mais aussi travailler d’abord avec les producteurs les plus défavorisés, refuser les produits issus du travail forcé ou de l’exploitation des enfants, encourager les bonnes pratiques environnementales…
La Maison Santos, pionnière au Grand-Duché
Au Luxembourg, le premier café labellisé Fairtrade (anciennement Transfair) a été torréfié par la Maison Santos. Aujourd’hui, on compte onze acteurs luxembourgeois, dont six torréfacteurs qui choisissent du café répondant aux standards Fairtrade. Ainsi, sur 180 cafés Fairtrade présents au Luxembourg, 55 références proviennent d’acteurs luxembourgeois.
Les chiffres sont bons, confirme Jean-Louis Zeien. «La vente de café Fairtrade d’acteurs luxembourgeois a augmenté de 7 % entre 2016 et 2017 et représente 42 % du marché Fairtrade global» (qui comprend des fruits, des céréales, du chocolat, du thé, etc., mais aussi de l’or équitable!). Près de 10 % des cafés vendus au Luxembourg sont désormais Fairtrade!
Aujourd’hui, la culture du café fait vivre près de 125 millions de personnes à travers le monde, et constitue un pilier économique important pour plusieurs pays en Amérique latine, Afrique et Asie. C’est la seconde matière première la plus commercialisée dans le monde! Bien sûr, le Luxembourg ne pèse pas lourd dans le marché mondial. Mais avec le Fairtrade, il contribue, à son niveau, à l’amélioration du sort de petits producteurs qui restent souvent à la merci d’une mondialisation sans scrupules.
Romain Van Dyck
Au début des années 80, le Néerlandais Francisco Van der Hoff a participé avec d’autres cueilleurs de café indiens à la création de «l’Union des communautés indigènes de la région de l’isthme (Uciri)», qui compte aujourd’hui 2 600 membres dans plus de 50 communautés de la région. Pour sortir de la misère, les caféiculteurs ont voulu créer un commerce alternatif. Le premier label pour le commerce équitable, «Max Havelaar», a été créé en 1988. «De cette expérience, j’ai acquis la conviction qu’on pouvait changer le système dominant à l’échelle de la planète», déclarait Francisco Van der Hoff lors de sa visite au Luxembourg en 2015.
Il n’a jamais considéré le commerce équitable comme une solution en soi, mais plutôt comme un instrument pour atteindre un vrai changement du système. «Nous devons créer une nouvelle conception de l’économie dans laquelle les exclus sont inclus. Il faut que les solutions viennent d’en bas. Au Mexique, par exemple, Fairtrade a eu un effet positif sur la discrimination contre les Indiens. Nous avons maintenant des alliances entre les gens des montagnes et ceux des villes qui, auparavant, étaient des ennemis.»