Le groupe Emile Weber s’est associé avec une start-up suisse pour proposer des bus de nuit haut de gamme en direction d’Amsterdam.
Nuque froissée, jambes ankylosées, nuit hachée… Quiconque a déjà voyagé en car sur une longue distance sait qu’à l’arrivée, le corps garde la trace de chaque kilomètre parcouru. Une start-up suisse prétend changer la donne en proposant des bus au confort digne d’une classe affaires en avion. Inauguré ce jeudi à Canach dans l’un des hangars d’Emile Weber, un premier autocar Twiliner passera par Luxembourg dès la mi-novembre sur la ligne Zurich-Amsterdam.
Vu de l’extérieur, rien ne le distingue d’un autre grand autocar de 15 m de long sur 4 m de haut. C’est à l’intérieur que la différence saute aux yeux. Au lieu des 80 places habituelles, ce bus n’embarque que 21 passagers, 3 au rez-de-chaussée et 18 à l’étage. Moins de voyageurs donc plus de place, des fauteuils confortables se transformant en couchette… sans oublier de grandes toilettes, un coin café et un emplacement pour une garde-robe. L’ambition est assumée : faire du car un hôtel roulant plus chic qu’un bus low cost, mais moins cher que l’avion.
La sécurité a aussi été repensée, confie le cofondateur de Twiliner, Luca Bortonali : «Si vous êtes allongé avec une ceinture de sécurité, en cas d’accident, vous passez en dessous et vous risquez d’être blessé. Avec notre système, c’est comme si vous étiez dans un sac. Il est attaché au siège et vos jambes sont à l’intérieur.»
Un départ à 3 h à Luxembourg
Dès le 16 novembre, Emile Weber exploitera une première liaison test entre Zurich et Amsterdam, avec des arrêts à Bâle, Luxembourg, Bruxelles et Rotterdam. Un aller par jour dans un sens pour une clientèle d’affaires en semaine et de loisir le week-end. Les billets sont annoncés entre 155 et 250 euros. N’oubliez pas de programmer votre réveil, parce que pour monter dans le Twiliner à Luxembourg, il faudra embarquer au parking Bouillon à 3 h. «Mais le grand avantage», précise Philippe Heinisch, attaché de direction chez Emile Weber, «c’est qu’actuellement il n’y a pas de train ni d’avion qui arrive à 6 h à Bruxelles».
D’autres itinéraires sont déjà prévus, avec l’objectif d’étendre le réseau à un total de 30 destinations européennes au cours des trois prochaines années. Parallèlement, Twiliner prévoit des affrètements à la demande pour des événements d’entreprise, des voyages privés ou des transports vers les stations de ski. Et ne cache pas son objectif pour 2030 de passer des 3 bus actuels à plus de 150.
La ministre de la Mobilité, Yuriko Backes, qui a assisté à la présentation ce jeudi, a salué «une vraie innovation». Elle a aussi insisté sur l’aspect écologique du projet : «C’est positif pour l’environnement», s’est-elle réjouie. D’autant que Twiliner utilisera un biodiesel issu d’huiles recyclées de restauration et passera au diesel classique quand l’approvisionnement de biocarburant fera défaut. Selon ses calculs, son empreinte carbone sera comparable au train avec le biodiesel et dans tous les cas, toujours meilleure que celle de l’avion.
«Deux millions d’euros»
Philippe Heinisch, l’attaché de direction du groupe Emile Weber, nous raconte comment ce projet a débuté : «Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles solutions pour la mobilité, pour que le confort de nos clients soit amélioré. J’ai lu un article sur Twiliner et je les ai contactés. Nous leur avons apporté notre expérience, eux n’avaient aucun bus, ils sont développeurs de sièges. Nous avons investi environ deux millions d’euros et nous devrons remplir 14 ou 15 sièges par bus et par jour pour être rentables.»