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Luxembourg : terminus en vue pour le rabais à la pompe


Reverra-t-on mercredi soir les stations-services prises d’assaut, comme ce fut le cas début mars, lorsque la barre des 2 euros le litre a été franchie? Le rabais de 7,5 centimes d’euro prend fin le 31 août à minuit. (Photo : archives lq/alain rischard)

Il vous reste encore quelques jours pour profiter de la ristourne étatique de 7,5 centimes d’euro par litre de carburant. Introduite à la mi-avril, cette mesure d’aide ne sera pas prolongée au-delà du 31 août, soit mercredi prochain.

Le tweet est laconique. Il a aussi valu au CSV un petit «shitstorm». Mais le principal parti d’opposition n’a pas pu se retenir de courtiser les électeurs. Mercredi, le message suivant a été publié (traduit depuis le luxembourgeois) : «(Il faut) prolonger le rabais à la pompe! Maintenant! Ou est-ce que les gens devront bientôt aller faire leur plein à Longwy?».

Le coup de sang du CSV ne changera toutefois rien à la position arrêtée fin juillet par le gouvernement. La prolongation d’un mois de la ristourne étatique de 7,5 centimes d’euro par litre de carburant sera la dernière. Ou pour reprendre les mots de la cheffe de fraction de déi gréng, Josée Lorsché : «Un mois de plus, et puis c’est fini.»

Au départ, le rabais, décidé lors de la tripartite de fin mars et introduit à la mi-avril, ne devait s’appliquer que jusqu’au 31 juillet. Un ultime répit a été accordé à cette mesure, en dépit de tensions au sein de la coalition gouvernementale. Les verts avaient déjà rongé leur frein lorsque le rabais avait été retenu au moment de ficeler le paquet de solidarité. «Le directeur de banque profite tout autant de ces 7,5 centimes d’euro que le petit salarié. Cette mesure n’est en rien ciblée socialement. De plus, il existe des études réalisées à l’étranger qui démontrent que ce genre de rabais profite surtout aux plus gros salaires», soulignait encore Josée Lorsché. 

Le plein va redevenir plus cher

Les tractations politiques risquent d’intéresser très peu les automobilistes luxembourgeois, qui vont voir augmenter, dès jeudi, le prix de leur plein d’au moins 7,5 centimes d’euro par litre. Ce samedi, le super 95 coûte 1,655 euro, rabais compris. Le prix va passer dès le 1er septembre à plus de 1,70 euro. Le super 98 devrait, lui, augmenter de 1,882 à plus de 1,95 euro. Et le diesel va être facturé non pas 1,90 euro, mais bien quelque 1,97 euro par litre.

Tout comme le Luxembourg, l’Allemagne ne va pas prolonger son rabais à la pompe (entre 17 et 35 centimes) au-delà de ce mois d’août. La donne est différente en France, où la ristourne actuelle de 17 centimes va augmenter, dès jeudi, à 30 centimes. La Belgique maintient également son rabais de 17,5 centimes (lire ci-dessous). Le constat dressé courant juin par la ministre des Finances, Yuriko Backes, va donc regagner en actualité : «Avec les mesures prises par nos pays voisins (…) on a vu les prix à la pompe se rapprocher de ceux payés au Luxembourg.»

Des prix déjà moins élevés en France

En effet, certaines stations-services françaises affichaient, vendredi, des prix moins élevés que ceux pratiqués au Grand-Duché. Mais à Longwy, destination prisée par le CSV, les rares stations qui y sont implantées facturaient le litre d’essence à plus de 2 euros, malgré le rabais plus avantageux accordé par l’État français. Le même constat vaut pour la région de Thionville.

Si les prix se sont rapprochés des tarifs des carburants vendus au Luxembourg, la différence reste souvent assez minime. Il faut toutefois attendre pour savoir quel sera l’impact de l’augmentation assez conséquente du rabais français.

Des voisins plus généreux

FRANCE Le rabais à la pompe va augmenter en septembre de 18 à 30 centimes d’euro, avant de repasser à 10 centimes en novembre et décembre.

À Thionville, le litre de super 95 varie entre 1,3 et 1,9 euro, le super 98 entre 1,9 et 2,4 euros et le diesel entre 1,4 et 1,9 euro. À Longwy, le super 95 varie entre 1,8 euro et 2,3 euros, le super 98 entre 1,9 et 2,4 euros et le diesel est à 1,8 euro.

ALLEMAGNE Le rabais de 35 centimes sur l’essence et de 17 centimes sur le diesel prend fin le 31 août. Vendredi, le prix moyen pour l’essence était de 1,74 euro et de 1,98 euro pour le diesel.

BELGIQUE La ristourne de 17,5 centimes court jusqu’à fin 2022. En province de Luxembourg, le super 95 est affiché à 1,68 euro, le super 98 à 1,90 euro et le diesel à 1,95 euro.

La tripartite appelée à trancher

Au Luxembourg, la non-prolongation de la ristourne étatique n’équivaut pas à la fin des mesures d’aide pour permettre aux ménages de faire face à la flambée généralisée des prix. La tripartite à venir est appelée à ficeler un troisième paquet d’aides.

On semble se diriger vers des mesures plus ciblées. Déi gréng réclament un «chèque énergie», calculé en fonction du revenu des ménages. Dans l’opposition, déi Lénk tend vers la même direction, tandis que le Parti pirate revient à la charge avec sa proposition d’un «crédit carbone». Une quantité de tonnes de CO2, non taxées, serait alors «offerte» aux ménages.

Un accord de principe

Le maintien du rabais à la pompe est défendu bec et ongles par le CSV mais aussi l’ADR. Dans le camp de la majorité, le DP renvoie vers les mesures d’aides déjà actées, tandis que le LSAP semble aussi enclin à ranger l’arrosoir dans le placard.

Jusqu’à présent, il existe uniquement un accord de principe, trouvé au sein de la coalition gouvernementale, afin de procéder, dans le cadre du budget 2023, à une baisse de la TVA pour l’achat de panneaux photovoltaïques et de vélos ou encore la réparation d’appareils électroménagers. Il s’agit d’une concession accordée à déi gréng.

L’État encaisse près
d’un milliard d’euros en accises

Les plus ardents défenseurs du tourisme à la pompe, dopé par le prix «imbattable» du litre d’essence et de diesel appliqué au Luxembourg, renvoient toujours vers les recettes fiscales que génère la vente de carburant aux frontaliers, mais aussi aux camionneurs qui transitent par le Grand-Duché. En effet, les accises permettent à l’État d’encaisser près d’un milliard d’euros par an.

Le budget 2022 prévoit une recette de 930 millions d’euros. S’y ajoute la TVA. Au 31 mai, 43 % des recettes prévues étaient déjà arrivées à la trésorerie de l’État. En 2021, ce taux était de 46,6 %. Au bout des cinq premiers mois de cette année, les ventes d’essence et de diesel étaient encore supérieures aux quantités vendues en 2021. En juin, la tendance s’est inversée. Des chiffres plus récents font encore défaut.