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Luxembourg : plus de capacités pour l’accueil des réfugiés


Inaugurée hier, la nouvelle structure d’accueil au Kirchberg compte 40 chambres et 120 lits. Elle accueillera des familles et des hommes et femmes arrivant seuls au Luxembourg. (Photo : hervé montaigu)

Le Grand-Duché compte désormais près de 7 400 lits pour assurer un «accueil digne» des personnes fuyant leur pays d’origine. Sur la seule année 2022, la capacité a augmenté de 3 400 lits, non sans problèmes.

L’inauguration hier matin d’une structure d’hébergement temporaire pour demandeurs de protection internationale, nouvellement construite au Kirchberg (rue Nicolas-Clasen), a été l’occasion pour le ministre de l’Immigration, Jean Asselborn, de dresser un bilan plus détaillé sur l’accueil de personnes cherchant à trouver refuge au Luxembourg. Principal constat : même si le flux des nouvelles arrivées avait légèrement baissé depuis le début de la crise sanitaire, la courbe est nettement ascendante depuis l’été dernier. La conséquence directe est un taux d’occupation très élevé des foyers d’hébergement, en dépit d’une augmentation de la capacité d’accueil de plus de 3 400 lits courant 2022. 

Près de 7 200 réfugiés sont arrivés en 2022

Le bilan définitif fait encore défaut, mais selon les chiffres livrés hier, le Luxembourg a vu arriver l’an dernier quelque 7 200 réfugiés, dont près de 5 000 personnes ayant fui la guerre en Ukraine et 2 200 demandeurs de protection internationale, avec une majorité de gens en provenance de Syrie. Derrières suivent les Érythréens et les Afghans. Comme cela a déjà été souligné à plusieurs reprises depuis mars dernier, dans la foulée de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, l’accueil de ce nombre croissant de réfugiés constitue un défi de taille pour le Grand-Duché.

Ces derniers mois, les critiques et les incidents se sont multipliés. Fin décembre, le président de l’association LUkraine, Nicolas Zharov, dénonçait dans nos colonnes le fait que dans les foyers «les réfugiés sont un peu tenus comme dans un camp. Même s’ils sont libres de bouger, ils sont exposés à pas mal de contraintes. Cela limite le potentiel humain.» Quelques jours plus tard, l’association des Ukrainiens du Luxembourg fustigeait une pénurie d’eau potable dans le foyer «bâtiment T». Situé au Kirchberg, il compte une capacité maximale de près de 1 200 lits.

Des soucis d’électricité et de chauffage

Au contraire du ministre Asselborn, le directeur de Caritas, Marc Crochet, a confirmé hier, à la radio 100,7, des difficultés temporaires d’approvisionnement en raison d’un manque de coordination. L’ONG réclame d’ailleurs une plus grande implication dans la gestion des foyers, qui irait au-delà du simple accueil social des réfugiés.

Le tout nouveau foyer ouvert fin décembre au Kirchberg propose une autre qualité d’accueil que les structures d’urgence qui ont dû être aménagées dans des halls ou tentes. Il s’agissait alors de faire face, d’un côté, à l’arrivée de réfugiés de guerre ukrainiens et, de l’autre, à la reprise d’un flux migratoire plus important. Une panne d’électricité est survenue à la mi-novembre au foyer rénové de Weilerbach et, à la mi-décembre, le chauffage de la structure de tentes située près de la Coque est arrivé à ses limites, nécessitant une évacuation des personnes qui y étaient hébergées. Les autorités précisent par voie de communiqué qu’«une permanence fonctionne 24 h/24 et 7 j/7 pour pouvoir faire intervenir les corps de métier concernés en cas de besoin».

ONG, armée et CGDIS mobilisés

Le ministère de l’Immigration et l’Office national de l’accueil (ONA) défendent le choix, sans alternative, de recourir à ce genre de structures d’hébergement collectives. Avec le concours de la Croix-Rouge, de Caritas, mais aussi du Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN), de l’armée et du CGDIS, le travail serait poursuivi «sans relâche» pour continuer à développer des capacités afin d’«assurer un accueil digne» des réfugiés. La Ville de Luxembourg et le Fonds Kirchberg sont d’autres partenaires remerciés hier par Jean Asselborn.

En attendant l’ouverture d’une structure d’urgence supplémentaire de 350 lits dans le hall 7 de Luxexpo, notamment pour garantir le primo-accueil des réfugiés, le ministre de l’Immigration a appelé hier une nouvelle fois les communes mettre à disposition ou accueillir des capacités d’accueil supplémentaires. Des aides financières spécifiques peuvent être accordées.

Un parc de près de 70 structures d’hébergement

L’Office national de l’accueil (ONA), rattaché au ministère de l’Immigration, chapeaute la gestion des structures d’accueil pour réfugiés au Luxembourg. Avec l’arrivée des personnes fuyant la guerre en Ukraine, ce sont désormais deux types de foyers qui se trouvent dans le parc comptant près de 70 bâtiments et installations sous tente.

RÉFUGIÉS L’ONA compte 55 structures pour demandeurs de protection internationale (DPI). La capacité maximale d’accueil était, fin 2022, de 4 886 lits à la disposition des personnes candidates au statut de réfugié au Luxembourg. Au 30 décembre, 4 295 lits étaient occupés, soit 87,9 % de la capacité totale.

UKRAINIENS Fin décembre, l’ONA gérait 11 structures destinées aux personnes en besoin de protection temporaire, qui sont à 93,5 % des réfugiés de guerre quittant l’Ukraine. Au 30 décembre, 1 178 des 1 881 lits disponibles étaient occupés, soit un taux de 75,2 %.

À VENIR D’ici à la fin mars, des capacités supplémentaires vont s’ajouter à Hollerich (20 lits), au Pfaffenthal (39 lits), à Differdange (23 lits) et, surtout, dans le «bâtiment T» au Kirchberg (156 lits). De plus, une nouvelle structure d’urgence sera installée à Luxexpo (350 lits).