Encore une commission autour du thème de la sécurité et des bandes de jeunes délinquants. Une occasion de nuancer les chiffres et la polémique, selon la députée Djuna Bernard.
Comme un rendez-vous régulier, les membres des deux commissions (Jeunesse et Sécurité intérieure) ont eu une nouvelle occasion de se renseigner auprès des autorités judiciaires et policières concernant «la propension à la violence et la criminalité des bandes de jeunes au Luxembourg» pour faire suite à une demande du groupe politique CSV.
En novembre dernier, déjà, une telle entrevue avait eu lieu entre les députés à la demande de l’ADR. «C’est toujours un sujet hautement politisé au niveau de l’ADR et du CSV», constate, un brin exaspérée, la députée déi gréng Djuna Bernard. Le thème de la sécurité en général est largement abordé via des questions parlementaires et autres interpellations en séance publique. Le sujet a été assez brûlant pendant la campagne des élections communales de juin dernier.
Jeudi dernier, pourtant, la question de la délinquance juvénile, son éventuelle recrudescence et les risques de criminalité organisée étaient à l’ordre du jour en commission jointe, cette fois sans la présence des ministres Sam Tanson (Justice), Claude Meisch (Éducation nationale) et Henri Kox (Sécurité intérieure), comme en novembre dernier. «La plupart des députés étaient en vidéoconférence, et certains déjà à la plage», témoigne quelque peu amusée la députée, en regrettant cependant le manque d’interaction que la situation entraîne.
La discussion était sans doute moins spectaculaire pour le CSV, toujours prompt à dénoncer une politique trop clémente des verts. «Le représentant du parquet nous a expliqué les mécanismes de prise en charge des mineurs délinquants et comment les jeunes sont traités dans les mesures d’insertion ou de formation étant donné que 90 % d’entre eux ne connaissent pas de conséquences graves en ce qui concerne les sanctions», explique Djuna Bernard.
Chiffres en hausse
La criminalité organisée chez les jeunes n’existe pas en tant que telle. ll y a des bandes de jeunes, mais pas criminelles, même si l’un ou l’autre membre d’une de ces bandes peut basculer dans la criminalité, comme l’expliquait le procureur David Lentz face aux députés. «Les bandes de jeunes ne sont pas structurées et ne planifient pas d’infractions. Oui, il existe des jeunes qui sont dans des groupes, mais pas de bandes criminelles organisées, comme nous l’ont rappelé la police et la justice», insiste la députée écolo.
Il y a quelques mois, à l’issue d’une autre commission sur le même thème, à l’initiative de l’ADR, Fred Keup disait au micro de RTL Radio : «Nous avons ici un problème avec un certain nombre de gangs de jeunes de 12-14 ans qui font des choses graves, des blessures graves (…) Plusieurs cas nous ont été racontés. Il n’y a simplement rien pour maîtriser ces personnes. Les représentants de la police, du syndicat de la police et de la justice nous l’ont confirmé.» Il ajoutait que l’unité fermée pour mineurs à Dreiborn (Unisec) était trop petite et, sur ce point, il n’a pas tout à fait tort. Pour les «gangs», il y est allé un peu fort.
Le même procureur a surtout nuancé les chiffres et la polémique, selon Djuna Bernard. Les chiffres sont trompeurs car ils incluent aussi bien les victimes de maltraitance que les coupables d’une infraction ou d’un délit. Le parquet ouvre en moyenne 1 500 dossiers par an concernant des mineurs. Un chiffre en augmentation, comme l’observe le procureur auprès de nos confrères de RTL. Au 1er juillet, on observe une hausse de 40 % des dossiers par rapport à l’an dernier. Ceux concernant la maltraitance ont augmenté de 30 %, tandis que les dossiers relatifs à la criminalité juvénile ont augmenté de 10 %.