A une semaine de l’ouverture du tournoi (12-20 octobre), Danielle Maas, sa directrice, dévoile un coin du voile sur la venue (toujours annoncée) de la «Tsarine» ou de la prodige Cori «Coco» Gauff.
Quelles sont les nouvelles concernant la présence de Maria Sharapova à Kockelscheuer ?
Il n’y en a pas vraiment. À la suite de son forfait à Linz la semaine prochaine, nous avons contacté son agent qui nous a confirmé que Luxembourg était toujours à son agenda et qu’elle avait l’intention de jouer chez nous. Tout est d’ailleurs déjà organisé pour sa venue, son hôtel étant, par exemple, déjà booké depuis le milieu de cette semaine. Son épaule n’est, apparemment, pas à 100% pour le moment. C’est la blessure qui l’avait déjà diminuée au moment de l’US Open voici un mois. Mais tout est organisé pour sa venue. Son hôtel est booké, …
C’est facile d’attirer une Maria Sharapova dans son tournoi ?
Non! C’est une fille que tous les tournois du monde rêvent d’avoir. Mais ici, la demande est venue de chez elle. Cela facilite grandement les choses. C’est son manager qui nous a sollicités pour voir s’il restait une place pour elle. D’après ce qu’il m’a dit, il y avait un « souci » par rapport au tournoi de Moscou (NDLR : qui se dispute aux mêmes dates que le Luxembourg Open mais est plus richement doté) mais Maria souhaitait jouer sur le continent européen en cette fin de saison. Je vous avoue que j’ai été surprise par leur démarche envers nous. Et puis, en réfléchissant un peu, j’ai constaté qu’elle n’était pas en Asie comme les autres joueuses à cette période. Mais bien en Europe et notamment à la Fashion Week de Paris. Et comme elle a communiqué sur ses réseaux sociaux qu’elle souhaitait terminer sur une bonne note cette saison afin de pouvoir prendre de la confiance en vue de la suite, elle s’est tournée vers Linz et nous.
Je ne pense pas qu’elle joue pour l’argent
Lors de l’annonce de sa venue, vous aviez évoqué un cachet moindre que ce qu’elle touche habituellement. Vous avez eu droit à une belle réduction ?
Oui, une très belle réduction. On les avait prévenus que nous n’avions pas les 300 000 dollars qui sont habituellement demandés pour attirer Maria. Ce tarif de 300 000 dollars est d’ailleurs supérieur à ce que l’on met généralement chez nous pour l’ensemble des joueuses présentes (NDLR : on évoque généralement une enveloppe de 250 000 dollars). Mais ici, je ne pense pas que Maria Sharapova joue pour l’argent. Mais plutôt pour reprendre de la confiance comme je le disais. C’était donc une très belle opportunité à saisir pour nous. On a donc essayé de trouver un partenaire qui serait capable de couvrir deux tiers du prix demandé. Et nous l’avons trouvé avec le partenariat de la société Socom, chez qui nous avons organisé lundi la conférence de presse d’annonce.
On évoque souvent le grand nombre de forfaits de joueuses importantes lors des jours qui précèdent le début de votre tournoi. Cela ne vous fait pas peur que cela recommence pour cette édition ?
Lors d’une réunion de la WTA, nous avons vu les stats et nous sommes dans la moyenne à ce niveau-là. Il faut savoir, par exemple, qu’un tournoi comme Moscou a vu, voici quelques années, six joueuses du top 10 déclarer forfait dans la dernière ligne droite ! C’est une réalité, on ne peut rien y faire. Il y a cinq ou six ans, il m’arrivait de ne pas dormir les nuits précédant l’évènement à cause de ça. Mais aujourd’hui, je me montre plus fataliste. Si une joueuse est bien là, tant mieux. Si elle est absente, on fait avec. Le 18 septembre dernier, lorsque nous avons annoncé le plateau des joueuses présentes pour cette édition, on n’avait aucune idée que Maria Sharapova pouvait s’ajouter à celui-ci. Or on le trouvait déjà très beau avec les Kerber, Görges, Mertens… Donc…
Et puis, si des forfaits devaient quand même tomber, nous avons beaucoup de demandes provenant de joueuses importantes qui souhaitent obtenir une wild card chez nous. Certaines jeunes filles qui sont d’ailleurs toujours en course pour prendre part au Masters de Shenzhen.
Après, on est d’accord que ce serait mieux d’annoncer le plateau présent une semaine avant le tournoi, cela éviterait de devoir annoncer ces forfaits. Mais ce n’est pas possible. La WTA publie la liste quatre à six semaines avant le début de la compétition. Et puis, on a aussi besoin de noms pour faire de la publicité, même si je dis toujours qu’on vend avant tout un tournoi et pas des joueuses.
Avec Serena Williams, elles restent au-dessus de la mêlée
Et vous avez donc déjà des solutions de rechange en cas de forfait la semaine prochaine ?
On a des idées, oui. Comme je le disais, on a des demandes de joueuses du top pour les deux wild cards qui sont réservées à des top 20 mondiales. Une fille comme Sloane Stephens a ainsi effectué la démarche envers nous mais réglementairement, nous n’avons pas le droit de l’accueillir (NDLR : car le tournoi n’a le droit qu’à une seule joueuse qui faisait partie du top 10 à la WTA fin 2018 et qu’Angelique Kerber est déjà prévue pour cette édition)…
Mais je considère qu’aucune remplaçante n’aurait un impact aussi fort qu’une Sharapova. Avec Serena Williams, elles restent, en termes d’image, au-dessus de la mêlée. Il suffit de constater les 110 000 clics que l’annonce de sa venue a provoqué sur notre page Facebook voici quelques jours. Pour nous, c’était du jamais vu ! Après, en termes de ticketing, je ne suis pas sûr que sa venue va changer beaucoup de choses. À ce niveau-là, c’est surtout la présence des joueuses allemandes comme Kerber, Görges ou Petkovic qui font bien tourner la machine. De plus en plus, on voit que les critères de popularité prennent de plus en plus d’importance. Et, là, on constate que l’annonce de la présence de la jeune prodige américaine « Coco » Gauff (15 ans) a provoqué 105 000 clics. Malgré son âge, elle est fort médiatisée et c’est forcément un plaisir de l’avoir. Même si elle ne joue que les qualifs.
Justement, cela peut paraître un peu surprenant qu’elle n’ait pas une wild card pour le tableau final…
Tout simplement parce que, réglementairement, elle n’a plus le droit d’en recevoir. Donc, on souhaite ardemment qu’elle réussisse à passer ces qualifs.
La « hype » autour de Gauff est assez énorme
On se souvient que lorsque le monde entier a découvert « Coco » Gauff à Wimbledon, en juillet, lors de sa victoire face à Venus Williams, on vous avait vu discuter après ce match avec Tony Godsick, son manager (qui est aussi celui de Roger Federer). Mais vous pensiez alors que ce serait impossible de l’avoir à Luxembourg dès cette saison…
Vu son âge, elle ne peut prendre part qu’à un nombre limité de tournois sur le circuit et je pensais que ce ne serait pas possible de l’avoir chez nous. Qu’elle irait plutôt en Asie à la rentrée plutôt qu’en Europe. Mais on a gardé le contact. Et elle et ses conseillers ont décidé qu’il serait bon pour son développement de jouer des tournois « moins importants » qui se disputent hors des États-Unis. Car là-bas, la « hype » autour d’elle est assez énorme. C’est une démarche que je trouve très intéressante et qui me fait penser, sincèrement, que son management bosse vraiment bien avec elle. Du coup, ils nous ont contactés début septembre et Gauff sera Linz et puis à notre tournoi. Avec elle mais aussi Eugénie Bouchard, le retour sur le circuit de la Française Tatiana Golovin ou deux anciennes lauréates du tournoi (la Roumaine Monica Niculescu et la Japonaise Misaki Doi), on aura vraiment des qualifs super intéressantes. Un vrai tournoi avant le tournoi.
En qualifications, on retrouvera aussi une certaine Eléonora Molinaro qui effectuera lundi son entrée dans le top 300 à la WTA. On sait que vous avez pour habitude de donner une wild card pour le tableau final à la joueuse luxembourgeoise la mieux classée. Elle est revenue cette année à Mandy Minella. Mais ce ne serait pas possible d’en avoir deux ? Histoire de même avoir une session du soir en début de tournoi avec les premiers tours des deux joueuses nationales ?
Non, ce n’est pas possible. Pour la simple raison que sur les quatre wild cards que nous possédons pour le tableau final, deux sont réglementairement réservées à des top 20 mondiales. Il en reste donc deux : une pour nous (que nous accordons donc à la meilleure Luxembourgeoise) et l’autre pour Octagon, la société de management qui possède en réalité la licence de notre tournoi. Et qui nous le cède en leasing.
Après, honnêtement, je ne pense pas qu’avoir deux Luxembourgeoises dans le « main draw » changerait quelque chose en termes de vente de tickets. Le public luxembourgeois n’est pas comme l’allemand. Ce dernier se déplace pour voir ses joueuses. C’est moins le cas chez nous. Regardez l’an passé, lorsque Mandy Minella a joué la finale du double. Je m’étais dit que cela allait attirer un peu plus de monde et il n’en a rien été… Donc, malheureusement, on ne voit pas trop de différence. C’est dommage.
Mais cela ne nous empêche de continuer à encourager nos joueuses en leur octroyant des wild cards. Prenez Eléonora Molinaro. Cette dernière avait refusé, dans un premier temps, la WC pour les qualifications que nous lui avions octroyée. Avant de revenir sur cette décision une semaine après notre conférence de presse d’annonce. Cela nous a obligé à trouver un arrangement avec notre partenaire Octagon. Je vous avoue que ça n’a pas été simple, mais on l’a fait afin de pousser un peu un jeune talent luxembourgeois.
Entretien avec Julien Carette