Prenant en compte les récents emballements du marché de l’énergie, le Statec a revu à la hausse ses prévisions sur l’inflation. Celle-ci devrait finalement atteindre les 6,6 % aussi bien en 2022 qu’en 2023.
La dernière prévision du mois d’août sur l’évolution de l’inflation est déjà dépassée. Les risques croissants de pénurie de gaz en Europe devraient faire flamber les prix non seulement du gaz, au mois d’octobre, mais aussi de l’électricité, en début d’année prochaine.
Le Statec a donc mis à jour ses prévisions sur l’inflation. En 2022 comme en 2023, elle devrait atteindre les 6,6 %, un taux inchangé pour cette année par rapport aux précédentes estimations mais une hausse de 1,3 point par rapport aux attentes sur 2023. En outre, l’inflation devrait atteindre un pic en janvier prochain pour s’établir à 8,7 %.
Un pression supplémentaire en Europe
Ce rythme accéléré s’explique par la répercussion directe et indirecte de la hausse des prix de l’énergie sur les prix finaux. Les incertitudes sur l’approvisionnement en gaz se répercuteront en effet sur l’électricité mais aussi sur un plus large éventail de biens et services.
La stratégie « zéro covid » de la Chine continue de son côté de perturber les chaînes de production mondiale impactant là aussi les prix tout comme les déséquilibres persistants entre l’offre et la demande. En Europe, les sanctions contre l’invasion russe de l’Ukraine et la dépréciation de l’euro entraînent également une pression supplémentaire.
Le prix du mégawattheure explose
La décision de Gazprom de prolonger, pour un temps indéterminé, la fermeture de Nord Stream 1, a renforcé les tensions sur le marché européen. En 2021, le prix moyen du Dutch TTF, qui fait référence, était de 45 euros le mégawattheure. Au 31 août 2022, le cours a frôlé les 240 euros, sa moyenne journalière la plus chère enregistrée jusqu’à cette date. Les contrats échangés au cours du mois d’août 2022 anticipent ainsi un prix du gaz à 210 euros en moyenne pour 2023.
Cette situation aura là aussi un impact sur le prix de l’électricité via le fonctionnement du marché européen de gros. Au 1er janvier 2022, le prix de l’électricité sur le marché allemand, avec lequel le réseau luxembourgeois est le mieux connecté, était de 85 euros le mégawattheure. Après des mois de hausses continues, la barre des 660 euros a été franchie fin août. En conséquence, les futurs contrats pour 2023 s’échangeaient à 560 euros au mois d’août, contre 350 euros encore au mois de juillet.
Une hausse qui pourrait encore s’accentuer
Mais si les pays européens échouent dans leurs efforts de coordination d’approvisionnement, la situation pourrait encore s’aggraver prévient le Statec qui a établi plusieurs scénarios. Le choc sur le prix du gaz pourrait se répercuter sur le prix du pétrole via un effet de substitution, ce qui alourdirait davantage la facture énergétique au Luxembourg.
Un premier scénario suppose ainsi un cours du prix du Brent en hausse et un choc de prix sur le gaz au cours de l’automne-hiver prochain de près de 225% par rapport à l’été 2022. Ce dernier serait suivi d’une augmentation de 50% sur le prix de l’électricité en janvier 2023 par rapport à décembre 2022.
D’un autre côté, des interventions sur le marché de l’énergie et le plan d’urgence de la Commission européenne, qui prévoit de réduire la consommation de gaz en Europe de 15% jusqu’au printemps prochain, pourraient mitiger les tensions sur l’approvisionnement et donc le prix du gaz. Le prix de l’électricité connaîtrait alors un ajustement moins important que prévu.
Dans ce contexte, ce scénario considère un cours du prix du Brent suivant une tendance à la baisse, une augmentation de près de 100% sur le prix du gaz et de 40% sur le prix de l’électricité