Une pétition rassemblant près de 5 000 signatures va une nouvelle fois confronter les députés aux thèses douteuses de son auteur. En attendant, ils vont lever, sereinement, les dernières restrictions.
Trois ans après le premier confinement qui a mis le pays sous cloche, les députés vont encore se réunir pour débattre de la pandémie. Alors qu’un projet de loi vient d’être déposé qui doit entériner la fin des mesures sanitaires, comme le port du masque ou l’isolement, effective au 31 mars, une pétition réclame «la mise en place d’une commission d’enquête pluridisciplinaire indépendante censée conclure sur la réalité sanitaire, statistique, scientifique et politique pour la période Covid-19 au Luxembourg».
Son succès, près de 5 000 signatures, va entraîner une nouvelle discussion qui promet de vifs échanges. L’auteur de la pétition, Amar Goudjil, a déjà une réputation qui le précède. Ses écrits ont fait l’objet de recherches menées par la cellule scientifique de la Chambre des députés, dont les conclusions sont sans appel. «Il s’agit d’informations avec prétention à la vérité, mais fausses et communiquées de manière malhonnête.» Amar Goudjil est «un instigateur de théories du complot» qui insiste sur le fait que «les mesures sanitaires ne constituent qu’un prétexte afin de pouvoir contrôler la population».
L’individu qui a réussi à rassembler près de 5 000 signatures estime «avec le recul» que «les mesures politiques et policières destinées à faire face à cette situation pandémique n’étaient rien d’autre que des procédés de persuasion, tirées du champ des neurosciences sociales, destinées à orienter psychologiquement les individus vers la voie de la vaccination».
Les députés vont encore savourer. En attendant, ils vont se pencher plus sérieusement et sereinement sur le projet de loi qui adapte les mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19, soit la 32e loi covid. Le virus circule toujours, mais avec une incidence inférieure à cent par jour, en dépit des nouvelles infections en légère hausse. «Les formes graves d’infection sont devenues rares, à cause d’un variant viral peu pathogène et d’une immunité acquise par vaccinations et infections (souvent répétées) de la population», indiquent les auteurs du projet de loi. L’impact de l’infection sur le système de soins reste faible.
La pandémie a atteint un point de transition, selon le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international, et la situation épidémiologique au Luxembourg permet de lever les restrictions actuelles. «Le gouvernement et les autorités sanitaires restent vigilants afin de gérer cette phase transitoire avec prudence pour en atténuer les conséquences négatives potentielles», précise le texte, qui pourrait être voté dès la semaine prochaine.
L’abolition de l’isolement
Le port du masque ne sera plus obligatoire dans les endroits encore prévus par la loi comme les hôpitaux, les établissements pour personnes âgées ou les réseaux d’aide et de soins, avec la bénédiction de la Fédération des hôpitaux luxembourgeois et de la Copas. «Il reste toutefois recommandé de porter un masque pour se protéger dans certaines circonstances», ajoutent les auteurs. Le projet de loi continue par conséquent à autoriser le port du masque «dans les lieux où la loi pénale réprimerait sinon la dissimulation du visage».
La mise en isolement est abolie, qui constituait, selon les auteurs, «la mesure la plus incisive en termes d’atteinte à la liberté individuelle». Le Luxembourg suit la France et l’Allemagne, qui n’ont pas observé d’effet défavorable sur l’évolution de l’épidémie. La prudence reste encore de mise en cas d’infection, les gestes d’hygiène et le dépistage, d’actualité.
L’énorme travail que représentait le traçage systématique est abandonné, tout comme la remontée d’information. Ces mesures nécessitaient de «précieuses ressources humaines» et n’ont plus de sens aujourd’hui. En revanche, le projet de loi devrait reconduire jusqu’au 31 décembre certaines dispositions. Les pharmaciens restent autorisés à administrer le vaccin à des personnes âgées de plus de 16 ans et le cadre légal qui s’applique au traitement et à la protection des données reste inchangé pour garantir que ces données sont anonymisées et à la disposition des services de la direction de la Santé.