Le premier rapport sur le bien-être des enfants a de quoi rassurer le ministère, d’autant qu’ils ont été interrogés avant et pendant la pandémie. Pas de différence, les enfants se sont adaptés.
Le niveau de bien-être «subjectif global» est généralement élevé chez les enfants de 8, 10 et 12 ans au Luxembourg, que ce soit avant ou pendant la pandémie. Les valeurs sont comprises entre 87 et 89 sur une échelle de 100. Toutefois, chez les plus âgés, le rapport relève plus de sentiments négatifs, comme la tristesse ou le stress.
Moins d’un enfant sur dix affiche un faible niveau de bien-être et conçoit sa vie comme insatisfaisante. Ils sont deux fois plus nombreux à vivre dans un foyer monoparental. «Ces enfants ont aussi moins d’activités», relève le coordinateur du rapport, Sascha Neumann de l’université de Tübingen.
Ce sont les relations au sein de la famille qui comptent le plus pour l’enfant, la place qu’il y occupe, sa participation et le sentiment de sécurité qu’elle lui apporte. Les enfants se sentent donc satisfaits, également, dans les structures d’accueil, s’ils ressentent un niveau de bien-être appréciable. Ces structures sont pour l’enfant un lieu de participation et de codécision, deux éléments qui leur sont essentiels. En famille, c’est la participation qui doit être développée. Les enfants se sentent surtout protégés et entourés de soins, mais pas assez consultés dans les prises de décision.
La moitié des enfants ont reconnu que leurs parents étaient plus tendus pendant la pandémie, mais les trois quarts admettent que leur famille est aussi plus soudée qu’avant. Leurs activités ont changé, cependant. Ils sont moins nombreux à voir leurs amis et un peu moins nombreux aussi à faire du sport ou de la musique. Bref, ils fréquentent moins les associations culturelles et sportives, mais plus les réseaux sociaux et les jeux vidéo.
Le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de l’Enfance va lancer une campagne pour sensibiliser les plus jeunes à rejoindre une association pour avoir une activité extra-scolaire. Lex Fischbach, conseiller du ministère, annonce que la campagne débutera avec les cours de musique pour s’étendre à toutes les autres activités possibles pour les enfants.
Il faut retenir que les enfants sont globalement très satisfaits de leur vie, que ce soit avant ou pendant la pandémie. Pour Sascha Neumann, cela signifie surtout qu’ils ont «une grande capacité d’adaptation».
Plus qu’une simple question
C’est le tout premier rapport national sur le bien-être des enfants qui fait suite à ceux consacrés à la jeunesse et à l’enseignement. Le ministère est désormais blindé pour élaborer «une politique éducative fondée sur les faits», comme il le souligne. Commandé en 2018, le rapport s’est heurté à l’imprévisible pandémie que les auteurs ont intégrée dans leur analyse.
Pour mesurer le bien-être des enfants, deux études ont été menées. Une première de l’uni.lu sur la participation et l’inclusion au quotidien dans les structures d’éducation non formelle pour les enfants de 0 à 12 ans et une seconde du LISER auprès des enfants sur leur situation de vie et leur bien-être à deux moments différents, en 2019 et en 2021.
Les mêmes enfants âgés de 8, 10 et 12 ans ont été interrogés à deux reprises et il s’agit, selon le ministère, «de la première étude de cette envergure au Luxembourg» pour comprendre les effets de la crise sanitaire et son impact sur les enfants, considérés depuis 20 ans comme un groupe distinct de la population avec des droits propres.
Tout a été analysé dans leur satisfaction générale à l’égard de la vie, plus particulièrement de la famille, de l’école et de l’éducation non formelle, mais leurs loisirs, leurs relations, leur apparence physique, leur participation, etc. ont aussi été passés au crible. «Le bien-être, c’est bien plus qu’une simple question», souligne le coordinateur de l’étude, Sascha Neumann de l’Université de Tübingen.