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Luxembourg : les chasseurs invités aux enchères


Une nouvelle répartition des lots a été mise en place en appliquant des critères écologiques (Photo d'illustration : Alain Rischard).

Les nouveaux syndicats de chasse qui sont aussi nombreux que les 621 lots qui couvrent tout le territoire, se lancent dans l’organisation des adjudications publiques. Nouvelle distribution et explication.

En pleine saison de chasse, les adjudications publiques vont se multiplier pour attribuer les 621 lots nouvellement tracés par l’administration de la Nature et des Forêts (ANF), soit 15 de plus que la précédente subdivision, valable jusqu’au 31 mars 2021. Sur les 604 lots précédents, 124 ne répondaient plus au critère de contenance minimale de 300 hectares.
Au lieu de répartir les petites parcelles aux lots voisins, le gouvernement, en concertation avec le Conseil supérieur de la chasse a décidé de créer une toute nouvelle répartition des lots en appliquant les critères cynégétiques et écologiques légalement prévus. Cette nouvelle carte permet également une lecture plus claire des limites, ce qui a son importance dans le cadre de la problématique des dégâts de sangliers en agriculture.
Toute cette mise à jour a mené à une subdivision du territoire en 621 lots qui ont une surface comprise entre 300,5 ha et 668,4 ha, avec une moyenne de 418,7 ha et pour lesquels il a fallu créer 621 syndicats de chasse. Vu les perturbations liées à la crise du coronavirus, les délais ont été revus et les dernières assemblées générales ont eu lieu entre le 10 et le 21 août dernier à Diekirch, dans les locaux de l’ANF.
«Avant, nous avions seulement 350 syndicats qui pouvaient être en charge de plusieurs lots. Dans mon secteur, à Mertzig, nous avions un syndicat pour trois lots et maintenant nous avons quatre lots donc quatre syndicats», explique Marc Reiter, le vice-président de la Fédération Saint-Hubert des chasseurs du Grand-Duché de Luxembourg.
Maintenant que les syndicats sont deux fois plus nombreux, il s’agit d’organiser les adjudications publiques pour ces lots, les nouveaux syndicats débutant leurs fonctions aujourd’hui même, le 1er septembre. Ces ventes aux enchères peuvent difficilement se faire de manière virtuelle, mais toutes les précautions seront prises pour protéger les plus vulnérables. Au 31 janvier, tout doit être adjugé, au lieu du 15 septembre comme il était prévu avant la crise sanitaire.

«Peu de retraits»

La Fédération Saint-Hubert des chasseurs du Grand-Duché de Luxembourg a sensibilisé ses membres sur les mesures sanitaires à respecter et espère que rien ne viendra perturber le bon déroulement des opérations. «Les syndicats vont devoir gérer les situations et peuvent refuser du monde en ne laissant entrer que les personnes intéressées par la location du lot et qui remplissent les conditions à commencer par être détenteur d’un permis de chasse», explique Marc Reiter. Les propriétaires sont de toute façon représentés par leur syndicat, dont ils ont élu les trois membres effectifs et les trois suppléants.
Les propriétaires qui, pour des convictions éthiques personnelles, sont opposés a` la pratique de la chasse sur leurs fonds, avaient la possibilité de faire une déclaration de retrait à l’administration de la Nature et des Forêts, au moins huit jours avant la date de l’assemblée générale. «Mais il y a peu de retraits», informe Marc Reiter. Il les évalue à la louche à une dizaine de propriétaires pas plus.

C’est peu ? «Un phénomène luxembourgeois. Si on a un problème d’éthique, il faut alors être cohérent et retirer tous ses terrains de la chasse mais beaucoup de gens ont des terrains en indivision avec leur famille et il faut mettre tout le monde d’accord, ce qui n’est pas toujours facile comme on l’a vu avec un cas concret à Vianden il y a quelques années où une dame n’a pas réussi à retirer ses terrains qu’elle détenait en indivision avec sa sœur qui n’était pas du même avis», rappelle Marc Reiter.

Les syndicats vont donc adjuger les lots mais ont la possibilité de refaire une seconde adjudication s’ils estiment que le loyer offert n’est pas assez élevé. «Mais la deuxième fois, le syndicat est alors obligé de prendre la meilleure offre même si elle est inférieure à la première, c’est le risque», explique le vice-président de la fédération des chasseurs. Il n’y a pas de risque de gros surenchérissement, les offres ne peuvent dépasser de plus de 50 euros l’offre précédente.
Les loyers varient énormément selon les lots. Une même superficie peut valoir entre 3 000 et 8 000 euros annuels, voire plus encore. «Quel intérêt a le chasseur à donner 1 000 ou 5 000 euros? Il regarde si le lot est facile ou pas à gérer. On a des lots de 300 hectares avec 20 hectares de bois et un autre où on trouve beaucoup de champs et donc beaucoup de dégâts donc peu de résultats. Il y a des lots pas très chers et d’autres qui ont une population intéressante et surtout variée», précise Marc Reiter.
Les syndicats ont quatre mois pour organiser les adjudications et les chasseurs devront trouver le temps d’aller décrocher leur lot aux enchères publiques.

Geneviève Montaigu