Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Statec luxembourgeois publie ce vendredi matin les chiffres des créations d’emplois au premier trimestre 2020 au Grand-Duché. Ils ne sont pas bons, comme on peut s’y attendre : +0,3% contre +1% il y a un an sur la même période. Pour les frontaliers français et belges, de façon inédite, il y a même un effet de stagnation complet.
C’est la moins bonne progression trimestrielle depuis des années, au moins 2015 selon les données communiquées par le Statec.
Les deux premiers mois de l’année ont été sensiblement égaux à la dynamique de la fin 2019. C’est bien en mars que les créations d’emplois décrochent. L’effet coronavirus est indéniable.
Une autre statistique est intéressante : c’est la première fois que l’emploi des résidents progressent plus vite que l’emploi des frontaliers (+,0,4% contre +0,2%). Avec même une stagnation de la création d’emploi sur le versant belge et français (+0,1 et 0). Il est trop tôt pour en tirer des conclusions et les chiffres sont en fait très fins. Mais on le sait, la main d’oeuvre frontalière est une variable d’ajustement économique, comme l’est l’immigration à d’autres niveaux. Et donc, en cas de crise, les frontaliers seraient les premiers à trinquer ? Il faut y voir, plus certainement en un premier temps, trois effets autres :
• Le large soutien à la création d’emplois publics (+4,9 % sur un an), très majoritairement captés par les résidents.
• L’arrêt complet de certains secteurs où les frontaliers français (les plus nombreux au Luxembourg) sont surreprésentés (restauration etc.)
• La difficulté de rechercher un emploi transfrontalier avec des frontières fortement filtrées. Notons toutefois, que l’emploi frontalier allemand a progressé sur le premier trimestre (+0,7%) alors que la frontière était totalement fermée.
Hubert Gamelon
