La Chambre a validé, jeudi, l’augmentation dès le 1er janvier 2023 du revenu minimum à 2 387 euros pour les salariés non qualifiés et à 2 864 euros pour le personnel qualifié.
Les deux dernières séances plénières de la Chambre pour cette année 2022 sont à qualifier d’«historiques». Les députés ont en effet finalisé, au bout de 20 ans, la révision de la Constitution, qui va entrer en vigueur en juin prochain. «Pour beaucoup de gens, cette loi n’est cependant pas la plus importante. Eux, ils ne peuvent pas se projeter 6 mois en avance», tranche le chef de fraction du LSAP, Yves Cruchten. Il fait référence au vote de la hausse du salaire social minimum (SSM).
C’est à l’unanimité que la Chambre a accordé, jeudi, son feu vert à une augmentation de 3,2 % du revenu qui doit être accordé à tous les salariés occupés au Luxembourg. En clair, le salaire minimum pour personnes non qualifiées va passer au 1er janvier 2023 de 2 313,38 euros à 2 387,40 euros brut par mois (+74,02 euros), soit 13,37 euros par heure. Le salaire minimum pour personnes qualifiées va augmenter de 2 776,05 euros à 2 864,88 euros brut (+88,83 euros), soit 13,80 euros par heure. Quelque 67 500 personnes touchent le salaire minimum au Grand-Duché, surtout occupées dans l’Horeca, le commerce et les transports. Quelque 52 % résident au Grand-Duché.
« On ne peut pas laisser pour compte les gens aux petits revenus »
«En cette période de crise, on ne peut pas laisser pour compte les gens aux petits revenus. La hausse du salaire minimum contribue à l’équité sociale, au maintien de la paix sociale et à la hausse du pouvoir d’achat», résume le rapporteur du projet de loi, Dan Kersch (LSAP). «Pourtant, souligne Aly Kaes (CSV), ces 74 euros et 88 euros sont de loin pas suffisants pour supporter tous les coûts supplémentaires», d’autant plus que les ménages en question dépensent plus de 50 % de leur revenu pour se loger. Le fait qu’entre 2013 et 2023, le SSM non qualifié soit passé de 1 912 euros à 2 387 euros (+475 euros) ne change rien à l’affaire.
«Pas suffisant pour mener une vie digne»
La députée Djuna Bernard se dit «convaincue que la priorité de ces prochaines années sera de rendre la société plus équitable, en agissant sur la fiscalité, les aides sociales, le logement et les revenus». «La hausse de 3,2 % est mieux que rien, mais le salaire minimum n’est pas suffisant pour mener une vie digne au Luxembourg», lance Myriam Cecchetti. Pour contrer le phénomène des travailleurs pauvres, l’ADR de Jeff Engelen, mais aussi les pirates de Sven Clement, réclament que le salaire minimum soit libéré de tout impôt sur le revenu.
Le ministre du Travail, Georges Engel (LSAP), n’est pas engagé sur cette voie. Il défend la hausse du salaire minimum de 3,2 % qui représente un surplus brut de 888 euros par an pour le personnel non qualifié et de 1 056 euros pour les salariés qualifiés. «Une hausse de 19 % du salaire minium depuis 2019 est une bonne évolution, mais cela ne veut pas dire que tout va bien pour les gens concernés», doit néanmoins admettre le ministre socialiste.
À l’image du CSV, le DP a également tenu à attirer l’attention sur le coût supplémentaire que représente cette hausse du SSM pour les patrons. «Il s’agit d’une charge non négligeable», affirme ainsi la libérale Carole Hartmann, non sans rappeler que le paquet de solidarité, ficelé par la tripartite, se chiffre à 1,1 milliard d’euros, y compris des aides cibles pour les entreprises.