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Luxembourg : le budget de tous les records, dans le détail


Le budget 2020 du Grand-Duchet, dévoilé par le ministre Pierre Gramegna (2e de g.), dépasse pour la première fois la barre des 40 milliards d'euros de dépenses et recettes (Photo : Alain Rischard).

Un budget qui dépasse les 20 milliards d’euros, une dette qui passe sous la barre des 20 % du PIB pour la première fois depuis 2011 et une politique forte d’investissement. Pierre Gramegna à la tribune.

C’est un budget record qui dépasse les 20 milliards d’euros. Il a été présenté lundi par un ministre des Finances qui a mis l’accent sur l’environnement et le climat en guise d’introduction, comme l’avait longuement fait Xavier Bettel mardi dernier dans son discours sur l’état de la Nation.

Pierre Gramegna a fait de la lutte contre le réchauffement climatique un thème central avec ses 500 millions d’investissement sur un total de 2,8 milliards (+12 %) inscrits aux dépenses d’investissements, ce qui constitue un autre record. Pour la touche verte, le gouvernement réserve aussi une enveloppe destinée à la promotion du Luxembourg «comme centre d’excellence en matière de finance durable».

Tant que le plan climat n’est pas disponible, difficile d’annoncer d’autres mesures et encore moins de pouvoir les chiffrer. Mais Pierre Gramegna a bien fait comprendre que le gouvernement prenait maintenant à bras-le-corps les problèmes environnementaux et climatiques. Les jeunes ne seront pas descendus dans la rue pour rien. Même s’ils étaient en droit d’en attendre davantage. Mais patience, semble nous dire le ministre qui promet également une réforme fiscale verte. En attendant, on ne touche pas aux droits d’accises sur les produits pétroliers, on s’en tient à la dernière augmentation de mai dernier, soit une hausse de 2 centimes pour le diesel et d’un centime pour l’essence qui devrait rapporter 2,5 millions à l’État.

Logement : pas de révolution en vue

Ce budget record est destiné «à améliorer le quotidien des citoyens», selon l’orateur. Et des mesures dans ce domaine, il y en a beaucoup; le ministre a choisi d’en sélectionner quelques-unes. Concernant la politique familiale, le congé parental et son énorme succès, avec ces 10 000 parents qui en ont profité dans une quasi-parité, nécessitera une enveloppe budgétaire de 243 millions d’euros. La Caisse pour l’avenir des enfants représente donc 1,2 milliard d’euros dont 910 millions réservés aux allocations.

«L’éducation est une priorité absolue», poursuit le ministre. Le ministère de Claude Meisch voit ses crédits augmenter de 7,12 % pour atteindre les 2,7 milliards d’euros alors que le budget de l’Enseignement supérieur et de la recherche progresse de 10 % pour atteindre 551 millions d’euros. Le ministère du Travail aussi est concerné par ce chapitre et son budget augmente de 8,2 %. Idem pour la Culture et la Santé.
Pour la Santé, Pierre Gramegna n’a pas évoqué l’attente aux urgences mais le budget de 228 millions (+10 %) et les accents placés sur la prévention et la digitalisation. Le dossier de soins partagé et la plateforme e-santé représentent à eux deux 4,5 millions d’euros.

Pas de révolution dans le domaine du logement. Les mesures entreprises jusqu’ici se poursuivent et l’État va renforcer sa politique d’acquisition. Un fonds dédié au développement du logement devrait l’aider à intervenir pour financer des projets. Il introduira surtout plus de flexibilité pour agir.

État : 1 830 postes supplémentaires

Avec un Luxembourg à 800 000 habitants, frontaliers compris, la fonction publique doit suivre le rythme d’une progression démographique historique. Le gouvernement va donc créer 1 830 postes supplémentaires qui bénéficieront d’abord à l’Éducation nationale puis à la police et aux services pénitentiaires.

La digitalisation est un autre thème phare de ce gouvernement et Pierre Gramegna annonce une augmentation de 9 % pour le ministère de Marc Hansen.

Le ministre des Finances a annoncé une progression des crédits dans tous les ministères. En dépit d’un environnement international incertain avec le Brexit, de la tendance au protectionnisme et des risques de conflits, le gouvernement veut rester optimiste. Les prévisions du Statec ne sont pas mauvaises et la croissance du pays est double, soit 2,4 %, par rapport à celle de la zone euro. Pour 2021, cette croissance reviendra à 3,5 % puis redescendra à 3 % l’année suivante pour terminer à 2,5 % à la fin de la législature, en 2023. Le taux de chômage devrait rester à son niveau actuel, autour des 5 %, tandis que l’emploi devrait encore progresser, entre 2 % et 3,2 % jusqu’en 2023.
Quant à la dette publique, elle s’établit à 19,8 % du PIB en 2020 et ne représentera plus que 17,3 % du PIB en 2023. Elle restera donc nettement en dessous du seuil de 30 % du PIB prévu dans l’accord de coalition, voire du seuil de 60 % prévu par les textes européens.
La croissance continue de plus belle et c’est sur ce sujet délicat que l’opposition réagira.

Geneviève Montaigu

Les principaux chiffres du budget

757
Le solde de l’Administration publique (État, communes et sécurité sociale) s’établit pour l’année 2020 à 757 millions d’euros, soit 1 % du PIB. Ce surplus est censé progresser tout au long de la période 2020-2023 pour atteindre 1,5 milliard d’euros en 2023.

20,9
En 2020, les recettes et dépenses dépassent pour la première fois les 20 milliards d’euros.
Les dépenses de l’Administration centrale s’élèvent ainsi à 20,9 milliards d’euros, soit une hausse de 6,5 %.

47
Ce sont 47 % des dépenses qui sont dédiées aux prestations sociales et transferts de revenus, 23 % aux rémunérations et 14 % aux investissements publics.

20,3
Les recettes, de leur côté, se chiffrent à 20,3 milliards d’euros, ce qui correspond à une hausse de 3,7 % par rapport à l’année 2019. Elles se composent pour 48 % d’impôts directs et pour 37 % d’impôts indirects.

640
Le solde de l’Administration centrale (uniquement État) s’établit en 2020 à -640 millions d’euros. Il devient ainsi négatif en 2020 sous l’effet de différents facteurs, comme notamment la comptabilisation de l’avion militaire A400M, des dépenses d’investissements record à hauteur de 2,8 milliards d’euros, une politique de recrutement soutenue du gouvernement et un rythme moins soutenu au niveau des recettes. Au cours des prochaines années, il connaîtra une amélioration progressive, pour retrouver un niveau proche de l’équilibre en 2023.