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L’armée luxembourgeoise va changer de visage


Le 23 septembre dernier, l’armée a accueilli 28 nouvelles recrues, dont 5 de nationalité portugaise, ayant accompli avec succès leur instruction de base de 4 mois. Des centaines doivent suivre dans les années à venir.

La force armée du Grand-Duché va changer de visage. Elle va passer d’une armée de terre pure à une armée qui va opérer sur terre, dans les airs, dans la cyberdéfense et dans l’espace.

Le dépôt du projet de loi a eu lieu le 7 septembre 2021, soit un peu plus de cinq mois avant l’invasion par la Russie de l’Ukraine, ramenant la guerre aux portes de l’Union européenne.

Pourtant, l’exposé des motifs du futur texte devant régir l’organisation de l’armée grand-ducale dressait déjà le constat suivant : «Alors que nous étions habitués à une relative stabilité de l’ordre mondial, la dernière décennie fut riche en bouleversements qui ont fait apparaître de nouvelles menaces, de plus en plus diversifiées, remettant en cause notre environnement sécuritaire collectif.»

Était déjà citée la situation en Ukraine, qui depuis 2014 est confrontée à «une “guerre hybride“ dans ses territoires à l’est, sans parler de l’annexion en 2014 de la Crimée par la Russie, annexion qui souligne à quel point le respect du droit international a été fragilisé». Le 24 février 2022 est venu chambouler un équilibre géopolitique déjà fortement précaire.

L’agression russe n’a cependant pas accéléré les travaux sur la nouvelle loi militaire poursuivant un triple objectif : renforcer l’opérationnalité et la réactivité de l’armée, mettre à jour son organisation ainsi que moderniser et étendre les carrières militaires.

«Par ce biais, l’armée entend relever les défis actuels et futurs, dont le plus important réside dans le recrutement d’un nombre suffisant de personnels militaires et civils afin de mener à bien un éventail croissant de missions (…)», est-il souligné dans l’exposé des motifs rédigé par le ministre de la Défense, François Bausch.

Le recrutement comme défi majeur

Rien que pour le futur bataillon belgo-luxembourgeois, qui à l’horizon 2030 est censé compter 700 militaires, l’armée grand-ducale devra fournir quelque 350 soldats. Pour tenir cet engagement, on mise sur une modernisation, une extension et une diversification des carrières militaires afin d’augmenter l’attractivité de l’armée.

Car, pour l’instant, les ressources humaines  «stagnent face à un éventail de missions de plus en plus diversifiées». Le futur cadre légal doit permettre de «renforcer l’opérationnalité de l’armée et sa capacité à affronter et à apporter des réponses aux nouveaux défis».

Depuis la fin de la guerre froide, des militaires luxembourgeois ont continuellement participé à des opérations de maintien de la paix (OMP) de l’ONU, de l’UE ou de l’OTAN. Sur les 30 dernières années, quelque 1 500 membres de l’armée grand-ducale ont été déployés à l’étranger, notamment dans les Balkans, en Afghanistan et plus récemment au Mali et dans les pays baltes.

L’une des clés pour l’armée de demain sera de compter sur un contingent plus important de soldats volontaires, y compris des détenteurs d’un diplôme de fin d’études secondaires. La décision de faire passer le service de base de 3 à 4 ans est motivée par une durée d’instruction plus longue, car plus complexe. La disponibilité des soldats pourra être augmentée en parallèle, notamment pour participer aux missions à l’étranger (OTAN, UE, ONU), mais aussi en cas de catastrophes à l’échelle nationale.

Par ailleurs, il deviendra possible de recruter plus facilement du personnel civil spécialisé pour devenir officier dans les nouveaux domaines d’opération de l’armée.

En fin de compte, le nouveau cadre légal doit permettre l’évolution d’une armée de terre pure à une armée disposant de capacités sur terre, dans les airs, au niveau de la cyberdéfense et dans l’espace.

Le camp syndical émet des critiques

Le Syndicat professionnel de l’armée luxembourgeoise (SPAL) affirme qu’«il était grand temps de réformer les textes actuellement en vigueur, qui sont pour partie largement dépassés». Il émet toutefois plusieurs critiques. Le camp syndical exige notamment une révision en matière de discipline militaire qui ne serait «plus adaptée à la structure de l’armée».

Sont en outre revendiquées une «harmonisation des primes» ainsi qu’une révision des compensations financières et jours de récupération en faveur des militaires de carrière participant aux entraînements et instructions militaires ou assurant le service de garde.

Pour l’instant, aucune date précise pour le vote du projet de loi ne peut être avancée.

La durée d’engagement va augmenter de 3 à 4 ans, la limite d’âge sera levée

DURÉE D’ENGAGEMENT La durée de l’engagement initial d’un soldat volontaire va augmenter de 3 à 4 ans. La durée de la phase de reconversion passera de 12 mois à 18 mois. Une prolongation du service volontaire initial sera possible pendant 5 ans au lieu des 3 ans actuellement prévus.

LIMITE D’ÂGE La limite d’âge pour le recrutement des militaires sera levée. L’âge minimal pour entrer dans l’armée reste, par contre, fixée à 18 ans. Il est également prévu d’ouvrir plus largement les carrières militaires aux civils spécialisés. Ils pourront être directement recrutés, sans devoir suivre une formation militaire complète.

OFFICIERS Il deviendra possible de recruter les officiers parmi une vaste panoplie de diplômes. En fonction des besoins de l’armée, il sera procédé à un recrutement direct (master ou bachelor) ou à un recrutement indirect (sur bac ou bachelor, avant de passer à l’école militaire).

SOUS-OFFICIERS Une nouvelle carrière «B1» est créée pour accueillir les futurs sous-officiers. Ils devront constituer l’«épine
dorsale» d’une armée tournée résolument vers les technologies d’avenir.

Un commentaire

  1. Et tout ca pour garantir un danger qui émane principalement de la population locale. Fake news. Criminalité. Provocations. Pauvreté. Embouteillages. Logement. Agressivité. Leadership dictatorial. Mobbing.