Une «exposition digitale» sur la Première Guerre mondiale au Luxembourg a été inaugurée jeudi. C’est un nouveau concept, évolutif. Le visiteur peut la parcourir à son rythme, à n’importe quel moment du jour et de la nuit…
«Ceci n’est pas une page ou un site internet, c’est une exposition!», a martelé le Premier ministre, Xavier Bettel, jeudi matin à l’occasion de la présentation d’une exposition d’un autre genre. Les équipes du Centre for Contemporary and Digital History de l’université du Luxembourg travaillent à ce projet depuis 2016.
Le thème choisi ne l’a pas été par hasard. «Nous avons voulu faire progresser la recherche sur un aspect important de l’histoire européenne et luxembourgeoise, auquel très peu de recherches ont été consacrées», explique Andreas Fickers, un des responsables du projet avec Denis Scuto et la coordinatrice Sandra Camarda. «La plupart des Luxembourgeois sont persuadés qu’il ne s’est rien passé au Luxembourg pendant la Première Guerre mondiale, note Denis Scuto. Nous disposons de très peu d’écrits et de témoins encore vivants.» Pour l’historien, «une différence a toujours été faite entre les deux guerres. À travers ce projet, nous voulons montrer leurs similitudes et pourquoi nous considérons qu’elle préfigure la Seconde Guerre mondiale.»
Cette dernière aurait, selon Denis Scuto, toujours été considérée comme le paroxysme du destin manifeste luxembourgeois, alors que l’époque de la Première Guerre mondiale et l’entre-deux-guerres ont été cruciaux par les grandes décisions prises à cette période et les changements sociétaux qui y ont eu lieu.
Digitalisation de la mémoire
L’exposition a été conçue de telle façon qu’elle est accessible à tous. «L’histoire est un rempart à l’ignorance», estime Stéphane Pallage, le recteur de l’université du Luxembourg. Une raison suffisante pour justifier cette «digitalisation de la mémoire».
L’exposition virtuelle se veut avant tout un instrument pédagogique avec différents niveaux de lecture. Elle est subdivisée en quatre grands thèmes traitant de l’occupation par l’armée allemande, des problèmes de ravitaillement de la population et de leurs conséquences, des tensions politiques et sociales, ainsi que de la manière dont la «Grande Guerre» a marqué l’histoire et la mémoire collective du Luxembourg.
Le visiteur de l’exposition peut naviguer de quatre manières différentes dans ce musée virtuel, explique Sandra Camarda, la coordinatrice du projet : «L’interface a été conçue de manière à stimuler la curiosité de ses utilisateurs.»
Quatre thèmes au choix
Le visiteur peut entrer dans l’exposition en choisissant un des quatre grands thèmes et choisir lui-même le sens de la visite. Il peut également y entrer par le biais des archives de l’exposition, une collection de photographies, de films, d’articles de journaux, de livres téléchargés dans leur intégralité ou de lettres.
À partir de chaque document, il peut plonger plus avant dans l’histoire et revenir en arrière. Même principe au départ d’une carte interactive du Luxembourg sur laquelle sont repris les endroits liés à des évènements de la Grande Guerre ou à sa mémoire. Enfin, une chronologie (timeline) présente des éclairages sur les dates les plus marquantes de 1914 jusqu’à 1920.
Les concepteurs de l’exposition ont voulu toucher deux publics cibles, les historiens et les élèves de l’enseignement secondaire. Sous l’onglet «Éducation» se trouvent des possibilités d’activités pédagogiques élaborées avec l’Association luxembourgeoise des enseignants d’histoire (ALEH). Le but de ces activités est de pousser les élèves à effectuer leurs propres recherches à l’aide d’outils digitaux. Sous «Ressources», les historiens trouveront des articles et des références scientifiques en lien avec le sujet.
L’exposition ne restera pas figée dans le temps, elle est appelée à évoluer, indiquent ses concepteurs. Trois nouveaux chapitres devraient être ajoutés dans les années à venir.
Sophie Kieffer.