Le prix pour la fourniture d’eau potable est en hausse de 15 % par rapport à 2022. Un ménage de 4 personnes va devoir débourser entre 40 et 80 euros de plus. Le gouvernement ne prévoit pas d’aide spécifique.
Après le gaz et l’électricité, voici l’eau potable. L’importante hausse des prix de l’énergie va également se répercuter sur votre facture pour la fourniture en eau potable. Le ministère de l’Environnement confirme une augmentation du tarif de l’ordre de 15 %. Un coup dur supplémentaire pour les ménages ?
Pas forcément, selon la ministre Joëlle Welfring (déi gréng), interpellée par les députés Fred Keup (ADR) et Jeff Engelen (ADR). Selon les communes, en charge de la distribution de l’eau, la hausse de 15 % équivaut à une fourchette de 0,2 à 0,4 euro par 1 000 litres (ou m3) d’eau fournie.
Pour un ménage composé de quatre personnes, un coût supplémentaire situé entre 40 et 80 euros par an est à prévoir. Par mois, il faut, donc, s’attendre à une hausse du prix entre 3 et 6 euros.
Les ménages loin devant
D’une manière plus globale, la ministre de l’Environnement fait remarquer que «la hausse des prix n’est pas répercutée entièrement sur les citoyens». En cause, la formule pour le calcul du prix, mais aussi les facteurs de rééquilibrage (situation géographique et économique).
La redevance finalement facturée prend en compte l’amortissement du réseau, le coût d’achat de l’eau par la commune ou les syndicats intercommunaux ainsi que les frais liés à l’énergie, l’administration et le personnel.
Deux autres facteurs entrent en jeu : le principe de l’utilisateur-payeur pour l’eau potable et le principe du pollueur-payeur pour l’eau usée. Une différenciation est faite entre les ménages (60 % de la consommation d’eau), l’agriculture (23 %) et l’Horeca, qui avec l’industrie et le secteur tertiaire a un besoin de 9 % de l’eau potable du Luxembourg. La consommation journalière pour l’ensemble du pays se chiffre à 120 000 m3.
Si le prix de l’eau est différent dans chaque commune, il existe néanmoins une règle d’or : le prix fixé doit permettre de couvrir l’ensemble des coûts engendrés par la fourniture d’eau. Or seulement un tiers des communes appliquent un prix conforme. L’autre contrainte est que le prix maximum est plafonné à 7 euros par 1 000 litres (ou par m3).
Les prix par mètre cube affichés actuellement par les communes varient entre 2 euros et 3,50 euros pour la fourniture en eau potable. À Differdange, le prix est de 2,10 euros/m3. À Luxembourg et Dudelange, le prix passe de 2,25 euros/m3. À Grevenmacher, il faut débourser 3,20 euros/m3 et à Wiltz 3,50 euros/m3.
Le prix de l’eau appliqué au Grand-Duché figure parmi les moins chers parmi les pays de l’OCDE. «Seulement cinq pays nous devancent», précisait Joëlle Welfring fin décembre devant la Chambre, au moment d’un débat sur l’introduction d’un prix unique (lire ci-dessous). Moins de 3 % des dépenses d’un ménage sont consacrées à l’eau.
Un autre calcul permet de relativiser la hausse des prix. La ministre de l’Environnement rappelle qu’un litre d’eau du robinet coûte 100 fois moins cher qu’un litre d’eau en bouteille (0,005 euro contre 0,5 euro). Par an, un ménage de quatre personnes qui consommeraient chacune deux litres d’eau du robinet par jour, pourrait, ainsi, réaliser une épargne de quelque 1 500 euros.
Pour toutes ces raisons, le gouvernement exclut «pour le moment» une mesure d’aide spécifique pour les ménages.
Un impact limité pour l’agriculture
La situation est légèrement différente pour le secteur agricole. L’impact de la hausse des prix de 15 % devrait rester très limité, estime la ministre de l’Environnement, rejointe par le ministre de l’Agriculture, Claude Haagen (LSAP). En moyenne, les coûts pour la fourniture en eau d’une exploitation agricole s’élèvent à 3 520 euros par an.
La fourchette varie entre 728 euros pour les 25 % des exploitations qui consomment le moins d’eau à 9 346 euros pour les 25 % avec la plus importante consommation. L’eau ne représenterait que 1 % des frais d’exploitation.
Les infrastructures pour arroser les terres agricoles sont subventionnées à hauteur de 40 % par l’État. Les jeunes agriculteurs, les viticulteurs et les jardiniers peuvent profiter d’un supplément de 15 %. Une aide supplémentaire de 15 % est envisagée pour les maraîchers.