Le bâtiment historique hébergeant depuis des décennies un café vient d’être classé patrimoine culturel national. Visite dans les coulisses de l’édifice datant du XVIIIe siècle.
Vendredi soir, de très nombreux noctambules avaient, malgré le froid, pris possession de la terrasse du café «Rock Solid – Um Piquet», situé à hauteur du Royal-Hamilius et de l’hôtel des Postes. Très peu d’entre eux avaient certainement conscience de trinquer à l’ombre d’un bâtiment riche en histoire(s).
«À la fin du XVIe siècle, l’emplacement du café se trouvait aux confins des habitations civiles. Il jouxtait les casernes d’artillerie construites en 1673 et, jusqu’à la suppression de la forteresse en 1867, la maison « Um Piquet« donnait directement sur une zone militaire.
L’ouverture de la ville allait changer totalement la situation», retrace un article sur le site hospitalityluxembourg.lu. L’immeuble peut être retracé sur des plans datant de 1735 et de 1802 ainsi que sur le cadastre de la Ville de Luxembourg de 1824.
Il suffit de regarder d’un peu plus près la façade de l’immeuble fraîchement rénové pour se rendre compte qu’il s’agit d’un édifice «haut en valeurs historiques et artistiques», comme le souligne un écrit du ministère de la Culture, venu inviter le conseil communal à classer la maison «Um Piquet» comme patrimoine culturel national. La décision formelle a été prise lundi dernier, à l’unanimité, par les édiles de la capitale.
Un café devenu plus «rock» depuis 2016
Sur la façade en question, on découvre ainsi, à hauteur du 1er étage, un boulet de canon, juste à côté d’une petite statuette – représentant Saint-Antoine – ornant la niche de l’immeuble.
«Le « Um Piquet« est absolument un témoin de l’Histoire. À l’intérieur, des pièces ont été mises à la disposition des soldats casernés. Différents éléments de ces logis sont encore conservées», renseigne Robert L. Philippart, conseiller communal du DP.
Lors de son intervention de lundi dernier, l’historien de formation a pourtant regretté que ni le boulet de canon, ni la statuette ne soient mentionnés dans la proposition de classer le bâtiment émise par le ministère de la Culture.
«Je regrette aussi que les bâtiments avoisinants, formant un îlot complet, ne soient pas classés à leur tour. Mais, je reste optimiste», avait ajouté celui qui, depuis 2017, est aussi «Unesco Site Manager» pour Luxembourg-Ville.
D’ici là, le bistrot installé au rez-de-chaussée et au premier étage du bâtiment va continuer à servir cafés, bières et petits plats, depuis juillet 2016 dans une ambiance plus «rock».
Le café «Rock Solid» jusque-là hébergé près de l’ancien Palais de justice, a emménagé dans les locaux historiques du bistrot que des générations ont connu et connaissent toujours comme le «Um Piquet». «Depuis janvier 2021, nous portons dans notre logo le supplément « Um Piquet« », note Seb Thiry, l’exploitant du café.
Vendredi dernier, le barman s’est mué en guide pour Le Quotidien. Aussi bien la cave du «Um Piquet» que les étages supérieures – non accessibles au public – témoignent de l’histoire de l’immeuble, avec des voûtes, cages d’escalier étroites, cadres de portes et murs d’époque et même des passages vers les bâtiments voisins, depuis longtemps murés.
Dans la foulée de la rénovation et du classement du bâtiment, Seb Thiry et son équipe comptent, avec le soutien du propriétaire du bâtiment, mettre en valeur l’histoire de cet immeuble.
Deux premiers tableaux, dont un montrant l’intérieur du café dans les années 80, sont déjà en possession de l’exploitant du «Rock Solid». Il compte collectionner encore des photos et articles historiques et les exposer, à terme, à l’intérieur du café.