La taskforce Covid-19 souligne une nouvelle fois l’importance primordiale de se faire tester et de miser sur un traçage efficace afin de minimiser la recrudescence de nouvelles infections. Les scénarios varient.
Les modélisations sur l’impact des différentes étapes du déconfinement sur le nombre de cas d’infections au coronavirus ont une nouvelle fois mené à un accrochage, jeudi, à la Chambre des députés. Martine Hansen (CSV) a pris les devants pour réclamer enfin une transmission en temps réel des données établies par la taskforce Covid-19. Le renvoi de la ministre de la Santé, Paulette Lenert, vers l’accessibilité des données sur le site internet du collectif de chercheurs n’a pas suffi aux yeux des députés de l’opposition. En fin de compte, une motion a été adoptée à l’unanimité pour faciliter la transmission d’informations. En même temps, le CSV a réclamé une modélisation sur l’impact qu’aura la réouverture intégrale des crèches le 15 juillet.
Alors que les débats battaient leur plein au Parlement, les chercheurs qui accompagnent depuis le début l’évolution de la pandémie au Luxembourg ont présenté une série de nouvelles données et prévisions. «Le potentiel d’une deuxième vague nous préoccupe», souligne d’emblée le Dr Ulf Nehrbass, le directeur du Luxembourg Institute of Health (LIH). Il sera suivi un peu plus tard par le Dr Alexander Skupin, qui évoque lui «une hausse très alarmante» du nombre de nouvelles infections enregistrées depuis la semaine du 20 juin. On est passé d’une moyenne de 6 cas par jour à une fourchette de 40 à 60 nouvelles infections (lire également ci-contre). «Si cela stagne autour des 60, l’espoir reste de mise», ajoute le chercheur.
Avant le 20 juin, et en tenant compte de la réalité du terrain (commerces et Horeca ouverts, rassemblements en privé, respect des gestes barrières), une seconde vague d’infections était peu probable. En maintenant les tests à grande échelle (53 000 tests par jour), les hospitalisations en soins intensifs ne devaient à aucun moment franchir le palier des 20 patients. Ce chiffre aurait encore été inférieur avec 95 000 tests par jour, avec un nombre de décès qui devait rester en dessous des 200 victimes d’ici juin… 2022.
Au vu de la récente recrudescence du virus au Luxembourg, les chercheurs ont actualisé leurs modélisations. En tenant compte des scénarios présentés jeudi matin, une deuxième vague est désormais fort probable. Le scénario le plus optimiste mise sur une hausse du nombre d’infections à l’intérieur de foyers isolés. Le plus pessimiste mise sur une hausse généralisée des cas parmi l’ensemble de la population (voir graphiques ci-dessous).
«Faites-vous tester si vous y êtes invité !»
«Le maintien de la cadence au niveau des tests, combiné à un traçage effectif, peut venir diminuer, voire minimiser, une deuxième vague», avance le Dr Skupin. Jusqu’au 6 juillet, les tests à large échelle ont permis d’identifier 268 infections. «Grâce au traçage, nous avons réussi à identifier en moyenne deux autres personnes qui étaient infectées sans présenter de symptômes», précise le Dr Nehrbass. L’isolation et la quarantaine qui en découle contribuent à briser les chaînes d’infection.
La même formule devra donc rester de mise pour les mois à venir. Les chercheurs évoquent un besoin de 53 000 tests par jour pour limiter les dégâts. Jeudi, ce sont 12 300 tests qui étaient prévus dans le cadre du dépistage à grande échelle. Il reste donc encore un fossé à remplir, d’où le rappel lancé jeudi : «Faites-vous tester lorsque vous recevez une invitation !».
Sans tests ni traçage, la deuxième vague pourrait s’avérer dévastatrice. En cas de hausse généralisée des infections, un pic de 130 hospitalisations en soins intensifs est à prévoir au 1er décembre prochain et 1 500 morts au 1er mars 2021. Si les infections se présentaient dans différents foyers, près de 100 patients se retrouveraient en réanimation au 1er mars 2021 et le nombre de décès atteindrait les 1 500 victimes en juin 2021.
Selon les chercheurs, la poursuite de la stratégie de tests, combinée à un traçage efficace, va permettre d’éviter le pire. Le scénario avec un retraçage de 60 contacts par jour est le plus pessimiste. Surtout, une hausse généralisée des infections pourrait mener à une surcharge des soins intensifs (plus de 100 patients fin décembre). Si le nombre de traçages était doublé à 120, la vague pourrait être fortement aplatie. Les pics respectifs seraient décalés à mars 2021 et le nombre de patients en soins intensifs (entre 40 et 50 en mars) serait bien inférieur au scénario précédent.
«La participation active de la population aux tests et au traçage est primordiale pour nous permettre de maintenir la normalité retrouvée ces dernières semaines», insiste une dernière fois le Dr Alexander Skupin.
David Marques
Il faut absolument que le gouvernement rende le port de masque obligatoire dans les rue et non pas que dans les lieux fermés. De plus la police doit veiller à ce que les distances soit maintenue. Il faut mettre des amandes si cela n’est pas le cas, sinon on évitera pas la deuxième vague.