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Luxembourg : « Je voulais juste mendier dans la cathédrale »


Outre la mendicité agressive à la cathédrale, le parquet lui reproche aussi d'avoir mendié sur la place d'Armes en prétendant être un sourd-muet. (illustration Editpress)

Plus d’une fois en 2016, le mendiant s’était fait remarquer par son comportement agressif. À la barre, le quadragénaire s’est présenté comme la victime.

On était le 10 août 2016 quand Nicolae R. (46 ans) s’est présenté dans la cathédrale de Luxembourg avec ses petits flyers. Un fidèle l’avait toutefois rapidement arrêté dans sa distribution près de l’autel. Cela n’avait visiblement pas plu au quadragénaire. «On va se revoir», l’aurait-il menacé. «Je voulais juste mendier et ressortir de la cathédrale. J’ai quatre enfants… Depuis deux à trois ans, je fais cela», s’est défendu le prévenu, jeudi après-midi à la barre.

Ce n’est pas la seule affaire pour laquelle le mendiant comparaissait devant la 13e chambre correctionnelle. Plusieurs fois en 2016, il s’était fait remarquer par son comportement agressif. «Où habitez-vous ?», l’a questionné la présidente au début de l’audience. «Sur mes documents officiels, je suis enregistré en Roumanie», a répondu le prévenu. Le fait qu’il n’ait pas d’adresse déclarée ne semble pas le déranger : «Je n’ai pas eu de problèmes jusqu’à présent. Même la police sait que j’habite chez mon frère à Longwy depuis une dizaine d’années.» «La police le voit tous les jours. Il n’y a pas de problème à ce niveau-là», est intervenu son avocat, Me Philippe Stroesser.

Mendier en prétendant être un sourd-muet

Retour sur les cinq affaires pour lesquelles il était convoqué au tribunal. Outre la mendicité agressive à la cathédrale, le parquet lui reproche en effet d’avoir mendié sur la place d’Armes en prétendant être un sourd-muet lors de la distribution de ses petits flyers. Au mois de juin, alors qu’il faisait la manche dans la Grand-Rue, il ne se serait pas gêné pour prendre les passants par le bras. Un policier affecté à la protection du Premier ministre passait par hasard par là. Il lui avait demandé ses papiers. Le mendiant aurait alors traité l’agent de «fils de p…». Un autre jour, à la suite d’un autre incident, il aurait refusé de suivre les injonctions au commissariat de police. Enfin le 5 mars 2016, il s’en était pris à un contrôleur de train sur le quai à Leudelange. Au lieu d’acheter un ticket, il l’aurait injurié, menacé – «Toi Hitler. Je vais te tuer, toi et toute ta famille» – et craché dessus.

À part l’injure contre le contrôleur de train, le quadragénaire n’a reconnu aucun des faits. «Je connais bien les lois ici. Je n’ai jamais fait cela ici.» Voilà sa ligne de défense. Quant à la rébellion, il dit avoir voulu savoir si le chef de la police était là : «Car quand le chef est là, on ne nous bat pas.»

«Un fil rouge court d’un dossier à l’autre : sa façon de se présenter comme victime, a constaté le représentant du parquet. À aucun moment il ne se demande si par son comportement il laisse des victimes sur son chemin.Il se présente comme une pauvre victime sans un sou. Si cela ne va plus, il passe à l’étape suivante. Il leur crache dessus.»

Le parquet requiert une amende appropriée et douze mois de prison contre le quadragénaire. Vu son absence de repentir sérieux, il estime qu’une partie de la peine ne devrait pas être assortie d’un sursis. À noter que le prévenu a passé 40 jours en prison à la fin de l’été 2016.

Prononcé le 30 novembre.

Fabienne Armborst

Un commentaire

  1. Manipulateur hors pair ! un séjour en prison lui remettra peut-être les idées en place.