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Luxembourg : ils contestent les 88 cambriolages en appel


La Cour d'appel de Luxembourg s'attaque à un dossier volumineux, avec des cambriolages étalés entre 2014 et 2017 (Photo : Julien Garroy).

Depuis mardi, la Cour d’appel se penche sur cette série datant de 2014 à 2017. En première instance, six hommes âgés de 27 à 62 ans avaient été condamnés. Cinq d’entre eux ont interjeté appel.

Hôtels, cafés, maisons, agences de voyages, boulangeries… Garder la vue d’ensemble sur une série de 88 cambriolages est compliqué. Surtout quand les faits remontent de 2014 à fin 2017. «Il y a des choses que je n’ai pas faites, car j’étais en prison.» À la barre de la Cour d’appel mardi après-midi, Besnik S., condamné en première instance à six ans de réclusion pour 28 faits, a tout simplement décidé de laisser la parole à son avocat. Mis à part le fait qu’il maintient ses aveux de première instance, soit huit faits, le propriétaire de l’Opel Zafira saisie à Christnach mi-septembre 2016 n’en dira pas plus.

D’après le calcul des enquêteurs, le groupe de malfrats a la plupart du temps emporté argent liquide, chèques-repas et cigarettes. En additionnant l’ensemble des fonds de caisse et le contenu des petits coffres forts qui avaient fait l’objet d’une plainte, ils étaient arrivés à un montant non négligeable de 169 872 euros et 2 000 dollars dérobés. Il avait fallu 200 pages aux premiers juges pour faire le tour de cette affaire volumineuse. Les six prévenus, âgés de 27 à 62 ans, avaient été reconnus coupables.

José R., âgé de 55 ans, poursuivi pour pas moins de 70 cambriolages, dont les traces ADN avaient pu être retrouvées sur 42 lieux et qui avait pris 8 ans de réclusion, dont trois avec sursis, est le seul à avoir accepté la peine. L’homme, qui était resté absent tout au long du premier procès, n’a pas interjeté appel. À la différence de ses cinq coprévenus qui ont de nouveau tenté de sauver leur peau.

Comme Besnik S., Fitim B. conteste une grande partie des faits pour lesquels il a été condamné à six ans de réclusion ferme. Fort amoindri depuis son malaise sur le fauteuil du dentiste en 2018, il ne se souvenait de rien lors du premier procès. Mais hier, il avait retrouvé la mémoire et il a ouvert la bouche : «J’ai commis 20 faits et pas 40 comme l’ont retenu les premiers juges.» «La géolocalisation de son téléphone portable dans les environs des infractions ne suffit pas pour asseoir une condamnation», a argué Me Pim Knaff demandant de ramener à de plus justes proportions sa peine. «En retranchant 20 faits, il doit y avoir une répercussion sur la peine.»

«Le papy était de bonne foi»

Les trois derniers appelants clament leur innocence dans cette série de cambriolages. La ligne de défense de Naim B., l’homme au volant d’une Audi A4 condamné à cinq ans ferme pour 17 faits, est la suivante : «J’ai été au volant trois à quatre fois, mais je ne savais pas pourquoi.»
Même refrain du côté d’Antonio P. (62 ans), condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis. Ce dernier raconte avoir juste voulu rendre service à son voisin José R. en le conduisant l’une ou l’autre fois quelque part en voiture. «C’était un peu la bonne poire. Le papy était de bonne foi», a estimé Me Eric Says plaidant l’acquittement.

Ivo G. est le seul contre lequel les premiers juges n’avaient pas retenu l’association de malfaiteurs. Il était uniquement poursuivi pour le cambriolage d’un hôtel, place de la Gare, à Luxembourg, début mars 2014. Et il avait écopé d’un an de prison ferme. En raison de son casier judiciaire, un sursis n’était plus envisageable. «Je ne comprends pas pourquoi José R. a dit que j’avais participé avec lui.» Voilà ses mots hier après-midi à la barre.

Il n’y a pas que les peines de prison qui sont venues clore cette série de 88 cambriolages. En première instance, neuf parties civiles s’étaient vu allouer près de 96 503 euros. Fin des débats avec le réquisitoire vendredi matin.

Fabienne Armborst