Solidarité et image, voici la bonne équation. Alors que le mécontentement gronde dans les galeries commerciales d’Auchan Kirchberg et Cloche d’Or, comment sont gérées les mesures de soutien face à la crise ailleurs ?
Autour de la capitale, les centres commerciaux sont nombreux et très concurrentiels même dans la gestion de la crise sanitaire et économique. Pour y faire face, les directions des différents temples de la consommation ont opté pour des stratégies bien différentes. Si d’un côté, la société Ceetrus Luxembourg a adopté une stratégie longue et personnalisée dite «au cas par cas», les gestionnaires des centres commerciaux de la Belle Étoile et de City Concorde ont choisi une stratégie rapide et uniforme.
Seulement un mois après le début du confinement, un arrangement est trouvé avec les commerçants de la Belle Étoile et de City Concorde. À la clé, des gratuités de loyers pendant un à deux mois, des baisses des charges et étalement des loyers par la suite pour l’ensemble des commerçants. Le but premier étant d’éviter de se retrouver avec des commerçants incapables de payer et qui baissent définitivement le rideau. Une galerie commerciale avec des commerces fermés n’incite pas vraiment le client à venir.
Vous avez dit « solidarité » ?
Le second objectif était médiatique. Pouvoir annoncer très rapidement avoir trouvé un terrain d’entente pour donner une bouffée d’oxygène aux commerçants à un moment où le pays entier n’avait que le mot «solidarité» à la bouche n’a pu que renvoyer une bonne image auprès des consommateurs, notamment les résidents qui sont tout de même attachés à leurs habitudes et aux belles histoires.
Autre lieu où les négociations avec les commerçants sont toujours en cours, le Belval Plaza. Mais la situation est tout de même légèrement différente de ce côté dans la mesure où le bailleur du centre commercial, Firce Capital, société d’asset management et d’investissement immobilier, en a fait l’acquisition quelques jours seulement avant le début du confinement du 15 mars.
Jeremy Zabatta
Cloche d’Or : Flavio Becca s’agace
La stratégie de Ceetrus suscite l’irritation de l’homme d’affaires luxembourgeois, actionnaire de la Cloche d’or. La société Ceetrus Luxembourg a pour mission de gérer les galeries commerciales d’Auchan Kirchberg et de la Cloche d’or. Plus précisément, elle doit commercialiser les cellules commerciales encore vides et donc faire venir de nouvelles enseignes en plus de gérer les commerçants déjà présents. Elle se charge également de l’aspect publicitaire et marketing des deux centres commerciaux, de la création d’évènements au sein des galeries sans oublier les aspects logistiques et infrastructures des lieux. Elle joue aussi le rôle d’intermédiaire entre le bailleur (le propriétaire des murs) et les commerçants qui règlent un loyer au bailleur.
Dans le cas d’Auchan Kirchberg, le bailleur est un grand groupe d’assurance, implanté en France, CNP Assurances. Dans le cas de la Cloche d’or, le bailleur est une coentreprise. Ceetrus Luxembourg (qui appartient au groupe Auchan) possède 85 % et les 25 % restants appartiennent à Promobe, une société de promotion immobilière luxembourgeoise sous la houlette de Flavio Becca, qui pour rappel est à la base des 700 000 mètres carrés du mégaprojet du nouveau et futur quartier du Ban de Gasperich plus communément appelé «Cloche d’or».
Un manque de connaissance du pays
Selon nos informations, la grogne des commerçants est en partie partagée par la direction de Promobe qui goûte très peu à la stratégie de la direction de Ceetrus. Le manque de connaissance des spécificités du consommateur luxembourgeois de la part de la direction de Ceetrus agace du côté de Promobe, qui n’a de cesse de faire remonter les problèmes rencontrés par la clientèle pour s’identifier et adhérer au concept de la Cloche d’or. Le peu de succès du nouveau supermarché Auchan agace également dans la mesure où le concept ne semble pas trouver sa clientèle et donc ne joue pas son rôle de «locomotive» au sein du centre commercial.
La stratégie marketing, pas assez tournée vers le consommateur luxembourgeois, agace aussi. Tout comme cette gestion dite «au cas par cas» avec les commerçants.
Interrogé sur la nature des relations avec Promobe, Matteo Perino, directeur général de Ceetrus Luxembourg, assure pourtant «avoir une très bonne relation de travail». Pas certain que cela soit réciproque.