Une poignée de «gilets jaunes», partis du sud de la France, est arrivée lundi matin sur le plateau du Kirchberg. Dénonçant l’évasion fiscale, ils affirment vouloir «voir l’autre côté» de ce qu’ils qualifient de «vol».
L’appel lancé dimanche sur les réseaux sociaux avait déclenché pas mal d’agitation au Grand-Duché. Mais finalement, seule une poignée de «gilets jaunes» a participé hier à l’action «En marche sur le Luxembourg». Les manifestants sont arrivés après un périple de plus de 700 kilomètres.
«Nous sommes devenus un pays où les compétences, le savoir-faire, la stabilité politique, les infrastructures et un système fiscal attractif respectueux des standards internationaux sont unanimement salués.» Ces propos signés par le Premier ministre, Xavier Bettel, dans l’Interview du lundi, parue hier dans nos colonnes, sont censés éloigner le Luxembourg de son image de paradis fiscal. S’il est vrai que le gouvernement a entrepris pas mal de démarches pour sortir des listes grises et noires, l’argumentation du chef du gouvernement n’est cependant pas partagé par un groupe de gilets jaunes, baptisé «En marche sur le Luxembourg».
Lancé sur les réseaux sociaux, ce mouvement de contestation vise à dénoncer l’évasion fiscale. «Nous avons appris au fil des rencontres que l’évasion fiscale européenne se trouvait principalement au Luxembourg», peut-on lire sur la page Facebook de ce groupe, qui s’est élancé depuis Mende dans le sud de la France pour rejoindre le Grand-Duché.
« Voir à quoi ressemble un paradis fiscal »
«Cela fait 23 jours qu’on est en route. Notre objectif était de voir nous-mêmes à quoi ressemble un paradis fiscal. On est venu pour voir l’autre côté», explique la poignée de «gilets jaunes» présents sur le plateau du Kirchberg, non loin de grandes sociétés comme Clearstream et E&Y. Ils considèrent que toutes les pratiques d’évasion et d’optimisation fiscale constituent un «vol». «Nous invitons tous les peuples européens à nous rejoindre au Luxembourg, avec ou sans gilet, de manière pacifique en respectant toutes les lois en vigueur dans ce pays», avaient lancé les initiateurs de cette marche sur les réseaux sociaux. Force est de constater que l’appel n’a pas été suivi. Les marcheurs comptent cependant rester toute la semaine à Luxembourg avec l’espoir que la mobilisation enfle.
«On est venu gratter sous les apparences», poursuivent les quelque manifestants venu se balader paisiblement sur l’avenue John-F.- Kennedy. «On est venu pour parler avec les gens», soulignent encore les «gilets jaunes» présents lundi matin.
Une passante, mère de famille et luxembourgeoise «pure souche», est venue à la rencontre des manifestants français pour dénoncer le fait que le Luxembourg n’est pas si bien loti que l’on pourrait le penser. «Le Luxembourg est un pays d’ultra-riches où les moins bien lotis peinent à survivre», explique cette dame sur un ton très énervée.
Rencontre avec Denis Robert
La veille, la poignée de «gilets jaunes» a pu rencontrer Denis Robert, le journaliste qui a révélé les malversations qui ont mené à l’affaire Clearstream. Impressionnés par cette entrevue, les contestataires de l’évasion fiscale ont découvert quelques heures plus tard le petit Grand-Duché. «C’est très, très beau et propre. Magnifique», ont-ils clamé. Cela ne les a cependant pas empêchés de rester très critiques sur le rôle joué par le pays.
Aucun incident n’a été à noter. Il reste à voir si ce déplacement de «gilets jaunes» à Luxembourg va enfler dans les prochains jours ou pas.
David Marques