Quelque 2 000 personnes ont défilé ce samedi dans les rues de la capitale pour manifester contre les dernières restrictions sanitaires décidées par le gouvernement. Ce «rassemblement national» n’est pas resté sans incidents. Même la maison du Premier ministre s’est retrouvé dans le viseur des manifestants.
L’appel avait été donné sur les réseaux sociaux : samedi 4 décembre, 14 h, «rassemblement national» au Glacis pour se battre contre les «réformes discriminatoires du gouvernement et à ses mesures liberticides». Signé : organisateur inconnu. D’emblée, un appel a été lancé pour que cette nouvelle manifestation contre les restrictions anticovid reste pacifique. En vain.
La police parle en soirée de deux manifestations qui après s’être mélangées, sur la Kinnekswiss, comptaient en fin de compte quelque 2 000 personnes.
Des barrières balancées en direction de la police
Si la grande majorité des manifestants est restée pacifique, le défilé a changé de visage vers 15 h 30. Des premières altercations ont alors éclatées avec les forces de l’ordre, le tout aux abords du marché de Noël de la Gëlle Fra. Des barrières auraient même été balancées en direction de la police.
Après concertation avec la bourgmestre Lydie Polfer, il a été décidé de fermer momentanément les marchés de Noël, y compris celui de la Place d’Armes.
Pétards jetés contre des photographes de presse
Le cortège a ensuite avancé vers la Chambre des députés. Nos confrères de L’Essentiel rapportent une tentative de pénétrer à l’intérieur du Parlement. Des photographes de presse ont aussi été la cible de jet de pétards.
La police précise avoir bloqué les portes d’entrée afin d’éviter tout incident supplémentaire.
Le trafic a été perturbé tout au long de l’après-midi au coeur de la Ville.
La maison du Premier ministre pris pour cible
Plusieurs centaines de manifestants ont ensuite mis la cap sur la Gare. Leur destination : la maison du Premier ministre, Xavier Bettel, située dans le quartier de Bonnevoie. Le mari du chef du gouvernement a posté des images sur son profil Instagram montrant que des oeufs ont été balancés contre la façade de l’habitation. Des paroles homophobes ont aussi été scandées.
La police précise avoir verbalisé tous les auteurs des infractions commises.
Déjà en semaine, une poignée de manifestants s’était présentée devant la porte de Xavier Bettel. Cette fois, ils étaient bien plus nombreux.
Contacté par nos soins, le porte-parole du Premier ministre a précisé qu’«à ce moment, le ministère d’État ne commente pas les événements de cet après-midi en Ville».
Une patrouille de la police restait postée en début de soirée devant l’habitation du chef du gouvernement.
«Samedi prochain, cela va se passer encore autrement»
Peu après 18 h, le cortège est à nouveau arrivé sur le Glacis. Le croisement Schuman a été bloquée pendant plusieurs dizaines de minutes par la centaine de manifestants encore présents. Un important dispositif de police les attendait. Plus aucun débordement n’a toutefois été à signaler. La police a même été applaudie pour son «bon travail».
Une porte-parole a appelé, mégaphone en main, ses militants «à ne plus aller travailler. Ils ne pourront alors plus rien faire». Les débordements ont aussi été brièvement énoncés : «Rien n’était vraiment organisé. Il y en a qui ont agi sous l’émotion. Les violences ne servent à rien».
Aux abords se trouvaient alors plusieurs hommes cagoulés. «Samedi prochain, cela va se passer encore autrement», lance un de ses individus. D’autres veulent rebattre le pavé dès ce dimanche. «Ne gâchez pas tout en étant violent», clame un autre manifestant, une bière à la main.
Le ministre Kox condamne les tentatives d’intimidation
Le ministre de la Sécurité inérieure, Henri Kox, a échangé avec la direction générale de la police. Il précise, par voie de communiqué, que la liberté d’expression continue à être respectée. Or il est venu condamner fermement les violences, la destruction de biens privés ou encore toute tentative d’intimidation.
La Marche Blanche prend ses distances
Déjà en tout début d’après-midi, les organisateurs de la Marche Blanche avaient fait savoir dans un communiqué qu’ils «ont toujours appelé à la résistance pacifique et silencieuse ainsi qu’à la solidarité. C’est pour cette raison que nous ne condamnons pas à priori les initiatives « complémentaires » et que nous appelons les marcheurs qui participent à ces rassemblements de se conformer aux termes de notre charte et de rester dans la bienveillance».
Des débordements semblent déjà avoir été pressentis : «Nous n’avons toléré aucune action violente lors des précédentes Marches et nous tenons à rassurer tout le peuple, pris aujourd’hui en otage, que nous avons pris et saurons prendre les mesures nécessaires afin d’éviter tout débordement lors de nos prochaines Marches Blanches Silencieuses». Fin mot : «Ce n’est qu’en restant pacifiques, solidaires et nombreux que nous pourrons vaincre la tyrannie et le néo-maccarthisme sanitaire qui s’installent sournoisement au Luxembourg».
David Marques