Le ministre Meisch ne présente rien de révolutionnaire en ce qui concerne l’aide aux devoirs, un concept déjà obligatoire dans les maisons relais agréées. Grande annonce, petit effet.
Depuis l’annonce faite par le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, concernant l’aide aux devoirs, l’opposition revient régulièrement à la charge pour en connaître les détails, comme en témoigne une récente question parlementaire de Martine Hansen. Il n’y a pas seulement l’opposition qui s’interroge sur le concept, encore flou il y a quelques jours. La députée socialiste Francine Closener insiste, elle aussi, pour savoir comment sera organisée cette aide aux devoirs.
Elle reprend d’ailleurs un extrait du programme gouvernemental indiquant que «les écoles de l’enseignement fondamental seront amenées à développer un concept d’aide aux devoirs, avec la possibilité de recourir à des heures supplémentaires prestées volontairement».
Aides aux devoirs ou cours d’appuis ciblés ?
S’agit-il d’une aide aux devoirs ou bien de cours d’appui ciblés sur des matières spécifiques dans lesquelles les élèves présentent des difficultés?, questionne-t-elle. La réponse du ministre est sans équivoque. Il appelle à ne pas confondre les cours d’appui et l’aide aux devoirs et douche les espoirs des parents qui pensaient qu’une bonne âme serait penchée sur l’épaule de leur enfant pour l’aider à faire ses devoirs. Le ministre tient à clarifier les choses.
Pendant les heures de cours, l’enseignant qui développe les compétences des élèves vérifie s’ils ont bien compris ce qui a été traité en classe. L’appui pédagogique, assuré par le personnel enseignant de l’école, comprend des mesures de soutien pour ceux qui en ont besoin. L’enseignant assure à la fois l’enseignement direct et l’appui pédagogique, selon le règlement grand-ducal en vigueur.
« La mise en place d’un cadre propice »
Les devoirs à domicile sont des exercices de répétition, des corrections, des approfondissements que les élèves doivent pouvoir effectuer de façon autonome, comme l’explique le ministre Meisch. «L’aide aux devoirs à domicile est la mise en place d’un cadre propice à l’exécution de ces tâches», poursuit Claude Meisch dans sa réponse. Il va de soi que les élèves reçoivent en classe les explications indispensables à la réalisation des devoirs à domicile et il ne faut donc pas s’attendre à ce que le dispositif qui sera mis en place soit une école bis.
Ce n’est d’ailleurs pas à l’école, contrairement à ce qui était présenté dans le programme gouvernemental, de dispenser cette aide. Ce sont les services d’éducation et d’accueil (SEA), autrement dit les maisons relais, qui ont hérité de cette tâche depuis des années. Le ministre précise encore que l’aide aux devoirs à domicile ne se substitue pas au travail de l’école, mais reproduit un milieu favorable à l’accomplissement des devoirs à domicile similaire à celui qu’on pourrait retrouver dans le contexte familial.
Rien de nouveau sous le soleil pour l’opposition
«Pour pouvoir être considéré comme service d’éducation et d’accueil pour enfants, le service doit fournir au moins les prestations tendant (…) à des études surveillées consistant à offrir aux enfants scolarisés un cadre favorable à l’exécution des devoirs à domicile de façon autonome, dans des conditions de calme avec une surveillance et un soutien minimal».
Le ministre va s’appuyer sur ce dispositif déjà existant pour offrir aux élèves des cycles 2 à 4 «un environnement calme et serein, propice à l’exécution des devoirs à domicile». L’opposition a beau chercher, elle ne voit rien de nouveau sous le soleil. La surveillance des devoirs était déjà une réalité, alors quelle sera la différence demain avec cette annonce d’aide aux devoirs?
Soutenir et conseiller l’enfant
«Le personnel soutient et conseille l’enfant dans l’organisation de son travail. Si l’enfant a des difficultés à cerner la tâche à accomplir, il l’aide à la comprendre. Lorsque l’enfant a terminé, il vérifie avec lui si tous les devoirs sont achevés. Lorsque l’enfant rencontre des difficultés, il en informe l’éducateur (ou l’assistant parental). Celui-ci fait décrire les difficultés par l’enfant et les transcrit dans l’e-Bichelchen (le journal de classe digital) afin d’en informer les parents et l’enseignant.
Toutefois, il n’appartient pas au personnel éducatif de corriger les devoirs en question. Si un enfant a des difficultés avec la matière, il revient à l’enseignant de la lui réexpliquer.» La définition est plus claire, mais ne décrit pas pour autant un nouveau dispositif, si ce n’est l’introduction d’un journal de classe.
Claude Meisch précise sa pensée : «L’extension de l’aide aux devoirs est souvent justifiée par la volonté de lutter contre les inégalités sociales, mais une « école après l’école » aurait justement l’effet inverse. Elle contribuerait à creuser davantage les inégalités sociales entre les élèves.»