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Claude Meisch, accusé, dément


Le ministre nie toute violence et étudie actuellement les suites à donner à cette affaire. (Photo d'illustration : Julien Garroy)

L’auteure d’une vidéo affirme avoir vu le ministre Claude Meisch se montrer violent envers une femme dans un restaurant de la capitale. Il dément formellement. La présumée victime aussi.

C’est l’histoire d’un membre du gouvernement qui est accusé par une jeune femme d’avoir violenté sa maîtresse dans un restaurant de la capitale. Témoin de la scène, qui remonte déjà à plus d’un mois, elle a livré dans une vidéo les faits auxquels elle a assisté, document qui n’est plus accessible sur son compte Instagram depuis.

Cela fait une bonne semaine que la vidéo est devenue virale dans toutes les administrations et les rédactions tentent depuis lors de vérifier son authenticité. La rédaction du Quotidien, qui a visionné le témoignage, n’a toujours pas reçu de réponse aux messages qu’elle a fait parvenir à l’auteure du document, parfaitement identifiable et identifiée comme colistière, en juin dernier, aux élections communales pour le même parti que le ministre qu’elle accuse d’avoir donné une gifle à la femme assise en face de lui, en lui précisant qu’elle l’avait «méritée». Elle n’a pas pu confondre avec quelqu’un d’autre. Il s’agissait bien de Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale et ministre du Logement.

La police a été appelée sur les lieux par la jeune femme, qui assure dans sa vidéo que cette affaire la rend «folle». «Comment un ministre peut se permettre de faire ça en public ? On n’imagine pas ce qui se passe en privé», dit-elle dans la vidéo. Aucune plainte n’a été déposée, alors que la police est bien intervenue dans le restaurant en question, mais à son arrivée, les deux protagonistes étaient partis. La témoin n’a pu que raconter ce qu’elle avait identifié comme une agression.

Le personnel qui a voulu venir en aide à la victime qui est sortie précipitamment du restaurant, une main plaquée sur son front «qui était rouge», selon le témoignage. La femme a filé en les assurant que tout allait bien, le ministre a suivi et ils sont partis chacun de leur côté.

Dans les ministères qu’il occupe, l’affaire ne surprend personne. Pour certains parmi les députés de l’opposition, cette affaire, bien que liée à l’intimité du ministre, devrait révéler le malaise régnant au ministère de l’Éducation nationale. Ses absences du ministère commencent à se voir, comme ses aventures, et l’administration est laissée aux mains des hauts fonctionnaires qui dirigent les affaires courantes.

Son service communication et relations presse s’exprime pour lui et nie toute violence de la part du ministre, mais il était bien dans ce restaurant ce jour-là, à titre privé. Le ministre se réserve le droit de donner des suites judiciaires à cette affaire. Pour l’heure, il n’y en a aucune (lire la réponse du parquet ci-dessous).

Une dispute, oui

Dans son parti, les commentaires restent extrêmement prudents et nos interlocuteurs préfèrent s’exprimer en off. Oui, ils sont au courant de cette vidéo postée sur le compte Instagram et qui selon eux n’a pas été retirée. Il s’agissait d’une story dont la durée de publication est réduite à 24 heures avant de disparaître. Un temps assez long pour en faire une copie et la conserver. Visiblement quelqu’un l’a fait puisqu’elle circule amplement, non pas sur les réseaux sociaux, mais sur les smartphones. La vidéo s’échange allégrement sur WhatsApp, mais son auteure, après ses graves accusations, a disparu des radars.

«On peut tout dire et tout inventer et pour avoir été moi-même victime de ce genre de malveillance, je me méfie», rapporte une proche. «J’ai travaillé avec lui pendant dix ans, ce n’est vraiment pas quelqu’un de violent», ajoute-t-elle. «Il y aurait eu une dispute, mais pas de violence», assure une autre source.

Le président du DP, Lex Delles, nous a déclaré qu’il a pris contact avec le ministre Meisch dès que la rumeur sur cette vidéo a commencé à circuler. «Il m’a fermement démenti les violences dont on l’accuse et je n’ai eu aucun doute sur sa version», exprime-t-il.

Nos confrères de la radio 100,7 ont pu joindre la présumée victime qui nie, elle aussi, catégoriquement, avoir subi des violences. Il s’agissait d’une simple dispute au cours de laquelle une tasse est tombée au sol, comme l’avait d’ailleurs remarqué la jeune femme qui a posté son témoignage.

Cette dernière, comme le ministre Claude Meisch, n’excluent pas de se retourner contre l’auteure de la vidéo.

Pour l’heure, personne ne veut s’étendre sur une affaire qui relève de la vie privée même si le personnage est public.

Le parquet réagit
Sollicité par Le Quotidien, le porte-parole de l’administration judiciaire a apporté des précisions sur cette affaire. Il explique que la police a été avertie d’un possible incident ou d’une possible bagarre au restaurant Cocottes, rue Chimay en date du 5 janvier 2024. Quand la police est arrivée, il n’y avait plus ni auteur ni victime sur place. Le parquet a reçu un rapport à ce sujet il y a quelques jours. Jusqu’à présent, il n’y a aucune plainte enregistrée de la part d’une éventuelle victime, pas plus qu’une plainte pour diffamation. Le parquet doit recevoir d’autres informations qu’il vérifiera le moment venu.

« Elle ne voulait pas que la police vienne »

Le gérant du restaurant dans laquelle s’est déroulée l’altercation du ministre avec une femme livre un élément supplémentaire dans cette affaire. La victime présumée aurait insisté pour que les agents, appelés sur les lieux, soient décommandés. En vain.

Interrogé jeudi par nos soins, le gérant du Cocottes Chimay – le restaurant où l’altercation impliquant le ministre Meisch a eu lieu – a confirmé dans les grandes lignes les propos tenus par la témoin. Il nous a toutefois précisé ne pas avoir connaissance de la vidéo diffusée sur Instagram. Aucune de ses employées n’aurait d’ailleurs était présente à l’étage lors de la supposée agression. Par contre, le gérant confirme qu’une de ses vendeuses a bien été interpellée par la témoin pour appeler la police, juste après que l’incident s’est passé, en date du 5 janvier dernier.

Un nouvel élément a toutefois pu être donné par le gérant du Cocottes Chimay. La victime présumée, après avoir appris que la police avait été appelée, aurait demandé que la même vendeuse rappelle le 113 pour décommander la patrouille. «Elle ne voulait pas que la police vienne», renseigne notre interlocuteur.

Nos confrères du Wort ont précisé, hier soir, que la témoin a été auditionnée le 25 janvier par la police. Cet interrogatoire semble être à l’origine du procès-verbal transmis au parquet.

Des réactions du côté du DP

Le président du DP nous a déclaré qu’il a pris contact avec le ministre Meisch dès que la rumeur sur cette vidéo a commencé à circuler. « Il m’a fermement démenti les violences dont on l’accuse et je n’ai eu aucun doute sur sa version », exprime-t-il, sans vouloir s’étaler davantage sur le sujet.

Le député DP Gusty Graas a également réagit : « Je ne m’exprimerais pas sur l’affaire, mais je pense que la meilleure chose à faire pour Claude Meisch, c’est de s’exprimer directement et de donner des explications ».

3 plusieurs commentaires

  1. Jean-Jacques

    C’était plutôt la victime présumée et non la témoin qui a demandé de décommander la police, non, d’après le texte?

  2. Patrick Hurst

    Voilà de nouveau un exemple typique de notre temps où vaut le slogan anglais: « Think before you post! » Si la témoin a demandé au personnel du restaurant de décommander la police, c’est qu’elle était apparemment consciente des conséquences judiciaires qu’une plainte officielle sans fondement pourrait avoir… Or, elle n’a visiblement pas réfléchi à l’impact de son post: Hélas, en 24 heures, des vidéos comme celle-ci se répandent sur la toile à la vitesse de l’éclair!

  3. Voila un nouveau sujet qui va faire oublier le debat sur la mendicite.
    Ouf…il etait temps