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Luxembourg Art Week : Pour tous les goûts… et toutes les bourses


Un petit échantillon de ce que peut proposer la galerie luxembourgeoise Cultureinside.gallery, entre sculpture à la Giacometti et peinture classique revisitée avec humour. (Photo : Isabella Finzi)

Si elle a attiré moins de monde que l’année dernière, vacances scolaires obligent, la troisième édition de la Luxembourg Art Week (LAW), qui s’est clôturée hier, a une nouvelle fois été un grand succès.

La jeune foire d’art contemporain luxembourgeoise poursuit son bonhomme de chemin et tente de s’inscrire de plus en plus comme un rendez-vous incontournable à l’échelle internationale pour les galeristes et les collectionneurs, mais aussi pour les simples amateurs et curieux.

C’est un énorme succès, même si nous n’atteindrons pas les 12 000 visiteurs de l’année dernière du fait des vacances scolaires et que nous avons deux jours et demi d’exposition en moins», se félicitait, hier à la mi-journée, Alex Reding, l’initiateur et organisateur de la LAW.

Et les chiffres donnent en effet le tournis. Dans la halle Victor-Hugo, pas moins de 29 galeries d’art internationales de renom (dont une dizaine du Luxembourg) pour la partie «Positions» et une vingtaine de galeries et institutions pour le volet «Take Off», qui regroupe des œuvres d’artistes moins renommés ne dépassant pas les 3 000 euros. De quoi réjouir les collectionneurs («qui étaient essentiellement là jeudi soir», note Bernard Jourdan, de la galerie parisienne du même nom, pour une soirée «preview» uniquement sur invitation) mais aussi de quoi permettre d’ouvrir l’art contemporain, souvent taxé d’élitisme, au plus grand nombre (surtout lorsque l’entrée est gratuite). «Le public ne provient pas uniquement du milieu de l’art contemporain», confirme Alex Reding.

Internationalisation et ancrage local

Une foire qui veut toucher des publics différents et qui oscille également entre volonté d’internationalisation et ancrage local. «Il y a un intérêt sérieux de collectionneurs venus de France, de Suisse, qui essaient de trouver ce que l’on ne trouve pas facilement. Ça va plus loin que la Grande Région», explique ainsi Gila Paris, de la galerie luxembourgeoise Cultureinside.gallery. «Des œuvres sont déjà vendues, je suis optimiste quant aux résultats de la LAW», se réjouissait-elle hier, tout en confirmant «qu’il y a aussi une partie de curieux qui ont à cœur de découvrir l’art, de s’informer».

Si les galeries venues d’Autriche, d’Allemagne, de Belgique, d’Italie, de Suisse ou encore de France sont là pour rappeler l’importance grandissante de la LAW à l’échelle internationale, Alex Reding insiste sur la volonté d’inscrire l’événement dans un territoire donné : «Ici il y a un lien avec le local, ce qui n’est pas le cas des grandes foires internationales. La proximité avec le paysage citadin est important, les gens viennent à pied, il y a une identification à une ville.» Un ancrage que permet la halle Victor-Hugo et qui devrait donc se poursuivre en 2018, même si Alex Reding reconnaît «que l’arrivée du tram rend Luxexpo plus attrayant». La réflexion est en tout cas présente de prolonger d’une journée la LAW en 2018, pour passer de trois à quatre jours.
Ce jour de plus ne serait pas de trop pour permettre au public de profiter des sculptures, photographies et peintures de styles extrêmement variés qui constituent une bonne découverte de tout le champ de l’art contemporain depuis l’après-guerre, à l’exception peut-être de la vidéo.

«Collectionneurs avec un petit « c »»

C’est dans cette optique que s’est rendue pour la première fois cette année à la LAW Michelle, une habitante de Luxembourg, en compagnie de son fils Cyril : «Je veux l’initier au ressenti et aux matières, aux différents modes d’expression visuels», nous dit-elle. Elle qui a fait des études en arts plastiques et en dessin animé et qui travaille dans la conception graphique de sites pour enfants pour la Ville de Luxembourg «a beaucoup aimé ce qu’elle a vu» et fait preuve d’une grande ouverture d’esprit : «Je respecte chaque personne qui tente de s’exprimer à sa façon, sans a priori, même quand cela ne me plaît pas.» Des amateurs d’art visiblement ouverts et tolérants, soit. Mais quid des collectionneurs d’art?

Difficile de les repérer dans la foule des visiteurs, hier. Une femme élégante en tenue chic attire l’attention. Bonne pioche. «Oh, nous sommes de petits collectionneurs avec un petit « c »», déclare-t-elle dans un grand sourire. «J’ai presque trop de coups de cœur, je n’ai rien acheté, mais mes enfants si», explique Marie-Françoise Glaesener, ancienne… présidente des Amis des musées d’Art et d’Histoire du Luxembourg. Acheteuse ou non, la LAW, dont elle n’a pas manqué une édition, trouve dans tous les cas grâce à ses yeux : «C’est très bien, le Luxembourg prend pied, il fait des racines et apparemment les marchands d’art ne sont pas mécontents.»

Nicolas Klein