Plus autonome, plus spacieux, le nouvel avion de Luxembourg Air Rescue offre de nombreux avantages aux équipes et aux patients.
Avec l’acquisition d’un nouveau jet ambulance, Luxembourg Air Rescue (LAR) a décidé de laisser loin derrière les problèmes que la crise sanitaire avaient fait grossir à l’extrême. Hier, lors de la présentation du Challenger 605, les équipes regrettaient de ne pas avoir placé à côté de leur nouvelle acquisition, l’un de leur appareil habituel, tant les différences sont de taille. Plus grand, plus lourd mais aussi plus agile, plus autonome et pourvu d’un intérieur plus spacieux et plus confortable, le premier jet ambulance long-courrier de l’histoire de LAR est ressenti comme un grand bond en avant pour l’organisation.
Remontons le temps. En février 2021, en pleine pandémie, René Closter, le président et CEO de LAR, revenait, dans nos colonnes, sur les difficultés rencontrées lors de transports de patients sur les longues distances. «Nos avions ne font que 4 500 kilomètres donc ils doivent se ravitailler en chemin à l’aller ou au retour. Si vous avez un patient Covid-19 à bord, cela devient difficile, voire impossible de faire le ravitaillement.» Il évoquait trois à quatre jours pour aller en Afrique ou en Asie et une semaine pour se rendre en Russie. En cause à l’époque? Le durcissement des règles lors des escales avait considérablement alourdi les interventions du LAR et mis en avant la nécessité de posséder un appareil long-courrier.
Nous pouvons parcourir 7 400 km sans faire d’escale
Aujourd’hui, grâce au Challenger 605, ces délais font partie du passé. Didier Dandrifosse, chef du département médical, prend l’exemple d’un rapatriement en Australie. «Avec un autre avion, cela nous aurait demandé de faire au moins deux escales en chemin, d’avoir trois équipes de pilotes, de réserver des hôtels, pour un total de cinq jours aller-retour. Avec ce nouvel appareil, nous pouvons parcourir jusqu’à 7 400 km sans faire d’escale. Le trajet se réduit donc à deux jours.» La ligne droite lors d’une mission est désormais possible, là où les détours étaient nécessaires. Un gain en efficacité et en confort pour les équipes et pour le ou les patients.
«En réduisant les escales, on réduit le nombre de décollages et d’atterrissages, qui sont des phases critiques pour les patients et délicates pour les pilotes et l’avion», conclut Patrick Adamczuk, deputy head of medical department.
Un ancien avion d’affaires
Ce nouvel engin est totalement opérationnel pour réaliser des missions depuis dix jours. En début de semaine, il est intervenu dans la capitale guinéenne, Conakry ainsi qu’à Ankara, à l’occasion de plusieurs rapatriements. Les équipes du LAR se félicitent de posséder un appareil pouvant, sans faire d’escale, atteindre des destinations en Afrique jusqu’au sud du Sahara, en Asie centrale, au Moyen-Orient et dans l’est du Canada.
Les patients sont des VIP chez nous
Le LAR a fait l’acquisition du Challenger 605, il y a un an, pour la somme de 15 millions d’euros. Il a été largement financé grâce au travail que réalise l’organisation pour des groupes d’assistance. Il vient renforcer une flotte composée de six hélicoptères, trois jets ambulances Learjet 45XR et deux ambulances. Construit en 2019, il était anciennement un avion d’affaires VIP. À l’intérieur, quelques indices permettent de deviner le passé cossu de l’appareil. Les portes gobelets couverts d’un film d’or ou les boutons aussi étincelants ne manquent pas d’attirer l’œil. «On a bien aimé les garder, les patients sont des VIP chez nous», avoue Patrick Adamczuk, deputy head of medical department.
L’appareil a évidemment dû être entièrement adapté pour ses nouvelles activités. Les équipes ont su profiter de ces dimensions spacieuses pour créer un crew rest compartment. Cette zone représente un véritable soulagement pour les équipes qui passent énormément de temps dans les airs lors des longs vols. Elle offre un moment de repos pour les pilotes, les soignants et parfois les familles de ces derniers.
Confort et technologie
Au cœur de la présentation d’hier, la mission principale de Luxembourg Air Rescue : le secours et le rapatriement de patients. Si l’appareil pourra aller plus loin, plus rapidement, il offre également un plus grand confort pour ces derniers ainsi que pour les professionnels de santé. Un médecin, un infirmier de soins intensifs peuvent se tenir, et c’est un détail important, totalement débout à l’intérieur de l’avion. Près des hublots, deux compartiments permettent d’installer des patients en soins intensifs. Ces espaces peuvent être rapidement modifiés grâce à un système de Quick Remove. «En 15 minutes, nous pouvons remplacer ce dispositif par un autre pouvant accueillir un nouveau-né ou un bébé prématuré», explique Patrick Adamczuk.
Un espace sera également dédié aux patients souffrant de maladies dangereuses et fortement contagieuses. «Des EpiShuttles, des sortes de tentes», résume Patrick Adamczuk. Celle-ci est conçue pour suivre trois axes essentiels : permettre aux médecins de s’occuper du patient, éviter une contamination de l’équipage et empêcher la dispersion du pathogène lors des escales.
En plus du confort que confère le Challenger 605 aux équipes médicales, il accueille en son intérieur un impressionnant équipement de médecine intensive qui transforme l’avion en véritable unité de soins intensifs volante. Appareil de compression thoracique automatisé, échographe portable, système de vidéo-laryngoscopie… la liste des nombreux appareils médicaux est longue.
Parmi les autres points forts du Challenger 605, on notera la présence d’un espace de rangement pour les bagages des patients et des passagers ainsi que l’installation d’un système de télécommunication de dernière génération. Celui-ci offre une connexion internet à haut débit pendant toute la durée du vol et permet à l’équipage de rester en contact permanent avec l’Operation Control Center, la centrale d’alerte située au Luxembourg.
Et pourquoi pas un second?
Avec cette acquisition, Luxembourg Air Rescue achève de remonter la pente après les années Covid-19. «En 2019, avant la pandémie, nous réalisions entre 900 et 1 000 interventions à l’année. En 2022, nous sommes très proches de retrouver ce nombre de missions», détaille Didier Dandrifosse.
Ces chiffres alliés aux qualités du Challenger 605 donnent déjà quelques idées aux équipes de LAR. «Nous avons la volonté d’avoir un second appareil de ce type dans les années à venir. Avec l’inflation, les prix ont totalement explosé mais le projet reste à l’étude», annonce Patrick Adamczuk.
Le Challenger 605 en chiffres
Vitesse : 870 km/h
Altitude max. de vol : 41 000 pieds (12 496,8 m)
Autonomie : jusqu’à 7 400 km
Capacité du réservoir : 11 443 litres
Poids max. au décollage : 21 863 kg
Longueur de piste requise : 1 780 m
Longueur : 20,86 m
Hauteur : 6,30 m
Envergure d’aile : 19,61 m
Équipage standard : 2 pilotes, 1 médecin, 1 infirmier de soins intensifs
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