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L’afflux de demandeurs d’asile a été freiné au Luxembourg


Les ministres Léon Gloden (Immigration) et Max Hahn (Accueil) ont dévoilé ce lundi le bilan 2024 en matière d’immigration et d’asile.

En 2024, 2 018 personnes ont demandé l’asile au Luxembourg. Le chiffre est en baisse par rapport à 2023 (2 446 demandes) et 2 022 (2 271 demandes). Malgré cette tendance, la situation reste très tendue dans les structures d’accueil.

La récente polémique autour l’expulsion d’une mère avec ses deux enfants d’une structure d’accueil pour réfugiés est venu remettre en lumière la politique d’asile pratiquée par le gouvernement CSV-DP. «Je tiens à souligner que cette famille n’a passé aucune nuit dans la rue. Dès que j’ai pris connaissance de ce cas, j’ai ordonné un sursis pour qu’elle puisse rester logée dans une structure d’accueil», rappelle Max Hahn, le ministre en charge de l’Accueil.

Une capacité d’accueil de 8 200 lits

Ce cas extrême illustre toutefois la situation tendue qui existe au niveau des 73 structures que gère l’Office national de l’accueil (ONA). Le Luxembourg dispose actuellement de 8 200 lits pour accueillir des demandeurs d’asile, mais aussi des réfugiés de guerre ukrainiens. Près de 7 300 personnes sont pour le moment hébergées dans ces foyers. «Les 8 200 lits sont un chiffre brut, sachant qu’en fonction de la composition des familles qui arrivent, il faut adapter l’attribution des chambres disponibles», note Max Hahn. Le taux d’occupation atteint les 97 %.

L’an dernier, 2 790 nouvelles personnes sont arrivées dans le réseau de l’ONA, tandis que 2 148 personnes ont quitté les foyers. Ce déséquilibre ne fait qu’accentuer la situation. «Il faut continuer les efforts pour éviter qu’un jour, on doive introduire des listes d’attente non seulement pour les hommes seuls non vulnérables, mais aussi pour des familles avec enfants», met en garde Max Hahn.

Aide pour développer un nouveau projet de vie

Le défi majeur demeure de libérer les lits encore occupés par les réfugiés reconnus (31 % des 7 300 personnes hébergées) et les demandeurs d’asile définitivement déboutés (6 %). Les premiers disposent d’un an pour trouver une solution sur le marché du logement, les deuxièmes doivent, en principe, quitter le territoire au bout de 30 jours. Ils ont depuis le 1er septembre comme solution de passer par la Maison de retour pour préparer le retour volontaire dans leur pays d’origine.

Sur les 170 places disponibles, entre 50 et 70 étaient occupées au fil des cinq derniers mois. Le passage via cette nouvelle structure ne doit pas se limiter au simple hébergement temporaire. «Nous sommes en train de finaliser un package qui doit permettre aux personnes déboutées de développer un nouveau projet de vie dans leur pays d’origine. Ils bénéficieront d’un soutien financier et psychologique», avance le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, également en charge de l’Immigration.

Le nombre de retours en nette hausse

La création de la Maison de retour a contribué à une nette augmentation du nombre de demandeurs d’asile déboutés (+86 % par rapport à 2023) qui ont quitté le Luxembourg : 438 en 2024, dont 308 retours volontaires et 130 retours forcés. En 2023, 279 retours ont eu lieu.

Cette donne combinée à la baisse globale de 18 % du nombre de demandeurs d’asile arrivant au Luxembourg ne change cependant rien à une équation toujours aussi difficile à résoudre. En 2024, 2 018 personnes ont cherché à trouver refuge au Grand-Duché. Le chiffre était plus élevé en 2022 et 2023, avec respectivement 2 271 et 2 446 demandes arrivées (lire ci-dessous).

La direction de l’Immigration a pris 2 061 décisions en 2024. Dans 1 018 cas, le statut de réfugié a été accordé, contre 502 refus.

S’y ajoutent 100 personnes qui ont bénéficié d’une régularisation, alors qu’elles étaient censées quitter le territoire. «Des circonstances spécifiques permettent une telle régularisation, notamment si les gens concernés disposent d’un contrat de travail à durée indéterminée ou si les enfants sont scolarisés depuis plus de quatre ans au Luxembourg», informe Léon Gloden.

«Une politique d’asile avec cœur et raison»

Le ministre dresse un contexte plus large : «Nous menons une politique d’asile responsable, qui est exécutée avec cœur et raison. Nous savons que des destins humains se jouent. Toute décision à prendre est difficile».

Le ministre en charge de l’Accueil ne désespère pas de trouver de nouvelles capacités d’accueil. En 2024, le contingent a pu être augmenté de 400 lits. Par contre, la fermeture de foyers mis à disposition de manière temporaire risque de faire diminuer la capacité de 400 lits courant 2025 et 300 autres en 2026.

Favoriser l’intégration des réfugiés

L’objectif final doit être d’intégrer au plus vite les personnes qui ont le droit de rester au Luxembourg. «Il ne suffit pas d’attendre qu’une décision finale soit prise. Il faut les rendre employables; notamment en leur offrant des cours de langue, mais aussi des cours de vivre-ensemble et sur le fonctionnement du Luxembourg. Sans oublier l’importance de l’intégration qui se fait par le biais de la scolarisation des enfants», développe Max Hahn.

Un accord pour atténuer le tour de vis allemand ?

Un éventuel durcissement de la politique migratoire pratiquée par l’Allemagne risque d’augmenter encore la pression sur le Luxembourg. L’union CDU/CSU et sa tête de liste Friedrich Merz se dit décidée, en cas de retour au pouvoir, de refouler aux frontières tout migrant qui ne dispose pas de ticket d’entrée valable, y compris les demandeurs d’asile.

Strictement opposé au maintien de contrôles aux frontières, le ministre Léon Gloden prépare le terrain pour éviter le pire. Le cas échéant, il se dit prêt à négocier un accord bilatéral avec le futur gouvernement allemand sur la gestion du flux de migrants entre le Luxembourg et l’Allemagne. «Chacun devra s’y retrouver», met toutefois en garde le ministre des Affaires intérieures.