Chez Luxair, le dialogue social semble rompu aux dires des syndicats alors que du côté de la direction, on parle de « malentendus et amalgames ».
Il y a comme un vent de révolte dans les rangs des 2 800 salariés de Luxair. Lundi, les syndicats OGBL, LCGB et NGL-SNEP ont dénoncé un dialogue grandement dégradé avec la direction sur des sujets comme la revalorisation des salaires et des carrières, des promotions faites à la tête du client ou encore une «chasse aux malades».
«Nous ne comprenons pas la situation. En décembre dernier, nous discutions encore bien avec la direction sur la revalorisation des salaires et des carrières. Mais depuis le mois de janvier, le discours a changé et la direction s’oppose maintenant catégoriquement à toute discussion», a affirmé Hubert Hollerich secrétaire central de l’OGBL (syndicat Aviation civile). Selon les syndicats, le directeur de LuxairCargo a envoyé, début janvier, une lettre provocante à tout le personnel pour décider, sans discussions avec la délégation du personnel, de clore le sujet de la revalorisation.
«Une chasse aux malades»
«Pour justifier cette décision, la direction de Luxair affirme que ses salariés seraient les mieux payés au monde et que la société va devoir faire face à des investissements futurs, ce qui revient donc à dire que les salariés de Luxair sont appelés à financer ces investissements», s’est insurgé Hubert Hollerich qui ne s’arrête pas là : «Pendant les années de crise, nous n’avons quasiment pas fait de revendications, conscients de la situation. Mais aujourd’hui, à la vue des bons résultats de la société, nous demandons que les efforts du personnel soient enfin reconnus et honorés.»
Pour les syndicats, la situation économique de Luxair est «excellente» avec une année 2017 record et des chiffres en hausse de 6 à 20% selon les différents départements de la société. Des chiffres qui ont d’ailleurs été récemment publiés par Luxair.
Autre point d’accroche avec les syndicats : la décision de Luxair de lancer un programme en entier, «prévention et gestion de l’absentéisme». Un programme vu par les syndicats comme une «chasse aux malades». «Là encore, la décision a été prise sans la moindre consultation du comité mixte ou de la délégation du personnel. De plus, personne ne connaît les détails de ce programme», a assuré Hubert Hollerich. Dans son communiqué, les syndicats précisent juste que la «direction avait annoncé un changement de la gestion des accidents de travail ayant eu pour conséquence le licenciement d’un salarié après avoir causé un accident de travail». Interrogé sur la question de l’absentéisme, Huber Hollerich l’assure : «Il n’y a pas plus de congés maladie chez Luxair que dans les autres sociétés du pays. Et si c’était le cas, le code du travail prévoit que la lutte contre l’absentéisme se fasse avec la délégation du personnel.»
Des malentendus et un retour aux discussions
Les syndicats ont également alerté sur le non-respect des droits de la délégation du personnel qui n’a pas accès au programme de planification du temps de travail du personnel navigant.
Face à ce changement d’attitude et un dialogue social au point mort, les syndicats ont décidé de saisir l’Office national de conciliation et ont lancé un appel à tous les salariés à se tenir à disposition pour d’éventuelles actions syndicales.
Du côté de la direction Luxair, jointe par nos soins, on se veut moins alarmiste : «Nous avons pris connaissance du communiqué commun des syndicats. Nous pensons qu’il y a un certain nombre de malentendus et quelques amalgames. Mais nous allons très prochainement rencontrer les syndicats autour d’une table afin d’en discuter.»
Jeremy Zabatta