Le syndicat SNPGL est monté au créneau, vendredi, pour dénoncer les incohérences qui existent dans la future réforme de la police. La direction générale est fustigée.
Dénigrement des brigadiers, incohérences au niveau des carrières et des enquêteurs qui risquent de se retrouver au placard pour manque d’expérience pratique. La liste dressée vendredi par le SNPGL, représentant93 % de tous les agents de police, est longue et ne laisse rien augurer de bon pour la réforme de la police. Si le camp syndical se dit sur une même longueur d’onde avec son ministre de tutelle, cela n’est pas du tout le cas avec sa direction générale.
En principe, la réforme de la police, en gestation depuis 2005, se trouve dans la dernière ligne droite. « On insiste pour que cette réforme soit votée avant la fin de cette législature », lance d’emblée le président du Syndicat national de la police (SNPGL), Pascal Ricquier. Vendredi, le plus important représentant des fonctionnaires de police avait convié la presse pour faire le point, trois jours avant son assemblée générale. Sans surprise, la réforme très attendue, mais aussi très contestée, de la police figure au centre des préoccupations du camp syndical. « On veut un vote avant l’été car le texte comprend bien des avantages pour nos membres », poursuit Pascal Ricquier.
Même s’il a à gérer un grand nombre de portefeuilles d’envergure, le vice-Premier ministre, Étienne Schneider, ne serait pas le principal coupable du long bras de fer que le SNPGL mène depuis 2005 pour enfin obtenir une réforme de la police. « Pour ce qui est du principe, on est d’accord avec le texte de réforme élaboré par notre ministre de tutelle », note le président de la SNPGL. « Mais les règlements grand-ducaux qui vont définir comment la réforme sera exécutée sur le terrain font encore défaut. On lance donc aujourd’hui (lire vendredi) un appel pour que notre direction générale produise enfin ces règlements d’exécution. Car on ne peut pas croire qu’ils ne sont pas encore prêts », lance Pascal Ricquier, soutenu par son secrétaire général, Maurice Meysenburg.
Ce dernier fait partie des syndicalistes les plus expérimentés dans les rangs du SNPGL. Et il n’est plus prêt à accepter la mentalité à l’ancienne au sein du corps de la police. « Malgré la fusion en 2000 entre la gendarmerie et la police, on est toujours confrontés à la suprématie des officiers et cadres supérieurs qui considèrent les agents comme des moins valides. Or on fait tous partie du même corps. Il faut que cela se traduise enfin en pratique », fustige Maurice Meysenburg. La lutte des classes dans la police existerait donc toujours bel et bien.
Certaines incohérences de la future réforme, que le SNPGL souhaite encore rectifier avant le vote du texte, témoignent du gouffre qui semble exister toujours entre la direction, les cadres supérieurs et donc les agents du terrain. Le syndicat a mis en avant le brigadier.
«La sécurité du pays est en jeu»
La carrière inférieure au sein de la police n’attire plus, d’autant plus que la réforme prévoit que les brigadiers ne pourront plus postuler à une place dans un commissariat. « Ce sont pourtant eux qui ont permis après la fusion de 2000 de faire fonctionner les commissariats », tient à rappeler Maurice Meysenburg. « Les limiter à l’avenir à de simples missions de garde, notamment à l’aéroport, n’est pas acceptable », complète Pascal Ricquier.
Entre les autorités judiciaires et la police, le torchon brûle aussi. « Enfin on met en place une police administrative, mais les autorités judiciaires se ferment encore à cette nouvelle entité », dénonce le président du SNPGL.
Autre incohérence : les jeunes policiers pourront à l’avenir intégrer dès la fin de leur formation de base la police judiciaire. « Il n’y aura pas d’examen d’entrée. Ce n’est qu’après six ans de service qu’un examen devra venir confirmer leur compétence. En cas d’échec, ils seront en principe réaffectés au travail de policier en uniforme. Mais sans aucune expérience sur le terrain, comment vont-ils faire? », s’interroge le président.
Seul point positif cité vendredi : le ministre de la Force publique a confirmé au syndicat que les futurs policiers vont aussi pouvoir bénéficier du statut de fonctionnaire-stagiaire. « Jusqu’à présent, on était les seuls à ne pas se voir attribuer ce statut. Nos élèves de police ne touchaient même pas les 80 % du traitement lors de leur stage. Cela pouvait représenter un manque à gagner de 500 euros par mois », détaille Pascal Ricquier.
Si le ministre Étienne Schneider n’est donc aujourd’hui plus l’ennemi principal du SNPGL, la situation est tout autre avec la direction générale. « On est prêt à mener ce bras de fer. Mais il faut que notre direction comprenne enfin que la sécurité du pays, et donc des citoyens, est en jeu », concluent les responsables du camp syndical.
David Marques