Onze pays de l’Union européenne, Luxembourg et Autriche en tête, ont réclamé ce lundi une révision de la loi contre la déforestation ou un nouveau report de ce texte dont l’entrée en vigueur avait déjà été décalée fin 2025.
Dans un document rédigé par le Luxembourg et l’Autriche et soutenu par neuf autres pays dont l’Italie, ces États membres estiment que « les exigences imposées aux agriculteurs et sylviculteurs restent élevées voire impossibles à mettre en œuvre ».
« Elles sont disproportionnées par rapport à l’objectif du règlement, à savoir empêcher la déforestation là où elle se produit réellement », jugent les signataires de ce texte présenté lors d’un conseil des ministres de l’Agriculture à Bruxelles.
Ces États plaident pour créer une catégorie de pays à risque nul en matière de déforestation et qui pourraient être exemptés d’obligations et de contrôles. Une « telle position semble difficilement compatible avec les engagements internationaux du Luxembourg », a fait remarquer la députée verte Joëlle Welfring dans une question parlementaire, non sans avoir rappelé auparavant que « lors de la COP29, la communauté internationale s’est engagée à mettre fin à la déforestation mondiale d’ici à 2030 ».
L’Union européenne avait déjà reporté d’un an – de fin 2024 à fin 2025 – l’entrée en vigueur de cette loi, sous la pression du Brésil, des États-Unis et même de l’Allemagne.
Avec ce texte, les entreprises importatrices de produits tels que cacao, café, soja, huile de palme ou bois devront prouver la traçabilité via des données de géolocalisation fournies par les agriculteurs, associées à des photos satellitaires.
Mais cette nouvelle réglementation a provoqué une levée de boucliers des milieux d’affaires de l’agrobusiness et de nombreux États africains, asiatiques et sud-américains, inquiets des coûts supplémentaires engendrés pour les agriculteurs, éleveurs et exploitants forestiers.
Le nouvel appel à réviser ce règlement a lieu en plein virage pro-business au sein de l’Union européenne, marqué par la révision de nombreuses mesures environnementales adoptées lors du précédent mandat d’Ursula von der Leyen.