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L’Ukraine au cœur de l’agenda de l’armée


Des instructeurs luxembourgeois pourront, cette année, entraîner et former en Europe des militaires ukrainiens. (Photo : archives editpress)

L’armée luxembourgeoise sera mobilisée en 2023 pour répondre aux défis provoqués par la guerre en Ukraine.

Le conflit en Ukraine va durer. Les présidents ukrainien et russe l’ont affirmé lors de leurs vœux télévisés samedi soir : la victoire est la seule issue possible pour leur pays. La guerre s’est aujourd’hui enlisée dans le sud et l’est du pays. Le général Hiver dicte sa loi sur les opérations. En attendant une reprise des offensives et des contre-attaques pour le printemps. Depuis le début de la guerre, le Grand-Duché aide les autorités de Kiev à se défendre contre l’agression russe. Et cette aide va se poursuivre en 2023.

Pour répondre à ce défi, l’armée luxembourgeoise sera mobilisée. Elle participera à deux nouvelles missions internationales : le groupement tactique allié en Roumanie dans le cadre des activités de vigilance renforcée (eVA) de l’OTAN et la mission d’assistance militaire de l’Union européenne pour l’Ukraine (EUMAM Ukraine). Le feu vert a été donné fin novembre par le gouvernement.

Le Luxembourg va donc envoyer un détachement en Roumanie. Entre 25 et 30 militaires devraient être déployés, avec des rotations, pour une durée de 28 mois. Ils intègreront un peloton de reconnaissance léger dans une compagnie néerlandaise ou belge. Le Luxembourg pourra aussi fournir des spécialistes dans des postes d’état-major, de soutien opérationnel, administratifs, logistiques ou médicaux.

Soldats ukrainiens encadrés

Dès le début de la guerre en Ukraine en février dernier, les pays de l’OTAN ont renforcé ces groupements tactiques existants en Pologne et dans les pays baltes. L’objectif : protéger les frontières de l’Alliance et éviter toute tentation de Moscou de faire déborder le conflit. Pour 2023, il a donc été convenu d’établir quatre autres groupements tactiques multinationaux en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie. À noter que ce déploiement en Roumanie coïncide aussi avec la fin de la mission de l’armée luxembourgeoise au Mali et qui avait vu le déploiement d’une trentaine d’hommes sur le terrain jusqu’au mois de décembre 2022. 

Mais au-delà de cette mission de sécurisation, les unités de l’armée luxembourgeoise pourront aussi être appelées à épauler l’armée ukrainienne à travers une mission d’assistance militaire de l’Union européenne pour l’Ukraine (EUMAM Ukraine). La mission prévoit la formation, en coopération avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, d’environ 12 000 membres des forces armées de l’Ukraine via un entraînement collectif ainsi que de 2 800 membres des forces armées via un entraînement spécialisé, et ce, d’ici le printemps 2023.

Cette mission est limitée à deux ans et opérera au sein de deux centres de commandement de terrain tactiques : l’un situé en Pologne, l’autre situé en Allemagne. Les entraînements et formations, qui jusqu’à présent se sont déroulés de façon bilatérale entre l’Ukraine et les différents États membres, seront dorénavant coordonnés par l’état-major de l’UE dans le cadre de l’EUMAM Ukraine et des formations «détachées».

La participation de l’armée luxembourgeoise à l’EUMAM Ukraine prévoit le déploiement d’un militaire au poste de l’InfoManager en Allemagne. La durée de la participation luxembourgeoise sera de 24 mois, c’est-à-dire pendant la durée entière de la mission. Il est également envisagé d’appuyer les offres de formation et d’entraînement spécialisés de l’armée belge et, le cas échéant, d’autres armées partenaires en 2023, moyennant la mise à disposition temporaire (d’un jour à quelques semaines) d’instructeurs spécialisés luxembourgeois. Ces formations se dérouleront sur le sol de la Belgique ou d’un autre État membre. Des règlements grand-ducaux doivent permettre la mise en œuvre de cette stratégie de défense européenne et d’aide à l’armée ukrainienne. 

Plus de 70 millions d’aides

Depuis le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, le Grand-Duché a fourni ou commandé des équipements létaux et non létaux pour une valeur de 74,4 millions d’euros aux autorités de Kiev. Cette somme représente plus de 16 % du budget de la défense luxembourgeois pour l’année 2022. Le 2 décembre, la direction de la Défense donnait des détails sur cette aide depuis le lancement des hostilités. Le Grand-Duché a ainsi fourni ou commandé entre autres : 103 missiles anti-chars, 20 000 munitions pour mitrailleuses lourdes 12,7 mm, 12 500 roquettes RPG anti-chars, 600 missiles type «grad», 22 400 masques à gaz, 5 000 gilets pare-balles, 5 000 casques, 7 jeeps militaires, 15 larges tentes, 50 terminaux satellites, 358 sacs de couchage, 800 rations de combat, 470 lunettes de vision nocturne, 4 picks-up, 18 générateurs, 28 blindés Humwee avec leurs pièces détachées et 20 mitrailleuses lourdes 12,7 mm.