Les ministres européens de l’Intérieur ont exprimé jeudi à Luxembourg leur volonté d’accélérer les renvois d’étrangers en situation irrégulière jugés dangereux, après des attentats en France et en Belgique commis par des individus radicalisés.
« Une personne qui représente une menace à la sécurité d’un État membre est aussi une menace à la sécurité d’un autre État membre. C’est pourquoi ce devrait être obligatoire de renvoyer immédiatement ces personnes », a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson.
Une proposition, présentée en 2018 pour réviser l’actuelle « directive retour », interdit aux États membres d’accorder un délai pour un retour volontaire à des ressortissants de pays tiers en situation irrégulière qui représentent une menace à la sécurité publique.
« Cela doit être une obligation pour nous tous de faire cela d’une façon efficace », a estimé le ministre suédois Gunnar Strömmer. Deux supporters suédois ont été tués et un autre blessé lundi soir à Bruxelles par un Tunisien radicalisé qui faisait l’objet d’un ordre de quitter le territoire belge.
Ylva Johansson a estimé que cette situation devait être « un appel à l’action » pour faire avancer cette législation européenne.
La directive est toutefois bloquée au Parlement européen. « Nous attendons du Parlement européen qu’il adopte sa position commune (…) c’est le moment de le faire », a exhorté le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas.
La secrétaire d’État belge à l’asile et la migration, Nicole de Moor, a aussi appelé à « une approche européenne plus forte pour arriver à une politique de retours plus forte », et souligné la nécessité de faire aboutir les négociations sur le pacte européen sur la migration et l’asile.
Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a insisté sur l’importance de cette réforme migratoire européenne « pour maîtriser nos frontières, enregistrer les personnes et faire des entretiens de sécurité qui sont préalables à toute étude de demande d’asile ».
Le faible taux de retours par rapport aux ordres de quitter le territoire (moins d’un tiers au niveau européen ces dernières années) est un sujet récurrent de discussions dans l’UE.
Ce taux s’expliquant en partie par un manque de coopération des pays d’origine pour reprendre leurs ressortissants, l’UE s’est dotée de leviers d’action, permettant de conditionner l’octroi de visas ou l’aide au développement à la bonne coopération des pays d’origine en matière de réadmissions.
L’UE veut aussi multiplier les partenariats avec ces pays tiers, comme celui signé avec la Tunisie en juillet, dans lequel ce pays s’engage à reprendre ses ressortissants qui se trouvent en situation irrégulière en Europe, dans le cadre d’une coopération plus large touchant à différents domaines.
Rendant compte aux ministres des résultats de ce partenariat sur le volet migratoire, Ylva Johansson a indiqué avoir constaté une « bonne coopération depuis un mois » de la part de la Tunisie.
Elle a précisé que les départs de migrants depuis les côtes tunisiennes vers l’Italie avaient baissé de 80% dans cette période, et que les autorités tunisiennes avaient arrêté des passeurs.
Ce partenariat UE-Tunisie est l’objet de controverses, liées notamment à des inquiétudes sur les atteintes aux droits des migrants dans ce pays.