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Luc Holtz : «Dans l’animation offensive, on va devoir proposer autre chose»


Beaucoup de choses en tête, à trois semaines du jour J.

À trois semaines de Géorgie – Luxembourg, véritable demi-finale pour l’Euro, les absences de Sinani et V. Thill, mais aussi l’émergence de Muratovic, vont conduire le sélectionneur à revoir sa copie.

La FLF a-t-elle déjà un camp de base pour l’Euro, si jamais les Roud Léiwen parvenaient à se qualifier?

Luc Holtz : J’en ai visité un la semaine dernière, à une trentaine de kilomètres de Dortmund, mais je n’étais pas satisfait de ce que j’ai vu. Il y avait trop d’inconvénients qui ne cadraient pas avec la durée minimale de trois semaines pendant lesquelles on serait obligés d’y vivre. Sportivement, cela ne tenait pas la route.

Quels étaient les problèmes?

Déjà, c’était trop petit. Ensuite, il n’y avait aucun des basiques pour la récupération. Pas de piscine, pas de fitness, pas de sauna. Je ne sais même pas pourquoi l’UEFA nous l’a proposé. Si personne d’autre ne l’a pris, c’est qu’il y a une raison.

Et ce n’est pas parce qu’on est une petite nation qu’on doit moins bien se préparer. Je l’ai signalé à mon conseil d’administration et j’attends un retour en interne pour de nouvelles options de camp de base. Mais je préfère être plus éloigné et faire plus de kilomètres si c’est pour avoir ce dont on a besoin.

Je ne sais pas pourquoi l’UEFA nous a proposé ce camp de base

Passons aux joueurs et aux sujets d’interrogation, d’inquiétude ou de satisfaction. On a appris que, finalement, Dany Mota avait fait savoir qu’il ne souhaitait pas rejoindre le groupe. Le sujet est clos? Pour de bon?

C’est du passé, je ne veux plus en parler. On m’a fait part de sa décision, je n’en connais pas les raisons. C’est clos pour l’instant.

Il y a malheureusement un chapitre blessure assez conséquent ouvert actuellement. Avez-vous craint pour les chances luxembourgeoises contre la Géorgie en voyant l’attentat dont l’un de vos patrons, Leandro Barreiro, a été victime avec Mayence contre Augsburg?

Ce match, je le regardais en live et sur le coup, je n’ai pas vu directement qu’il s’agissait de Leo. J’en ai pris conscience en voyant tous les joueurs qui couraient vers l’auteur de l’attentat (NDLR : le Danois Pedersen) et en me rendant compte que je ne le voyais pas.

J’ai retenu mon souffle et j’ai été soulagé de le voir se relever. Après le match, il m’a confirmé qu’il n’y avait rien de grave. Mais à l’heure du football où l’on veut tout contrôler avec la VAR, où l’on prend cinq minutes pour voir s’il y a un hors-jeu, revoir cet attentat me fait dire que ce gars devrait prendre six mois de suspension et pas seulement trois matches.

Pour nous, cela aurait été extrêmement grave. Je n’ai pas besoin d’expliquer que par sa personnalité, son niveau, ses qualités, cela aurait été une très mauvaise nouvelle.

L’annonce du forfait d’Anthony Moris lors du match aller de Conference League contre Francfort pour « fatigue musculaire », même s’il a rejoué depuis, doit-elle vous inquiéter? Après tout, il a déjà joué 43 matches cette saison et en a encore six à disputer avant de vous rejoindre…

Je ne suis pas inquiet du tout. Justement parce qu’il a déjà rejoué. Les charges physiques d’un gardien de but sont moins importantes que pour un joueur de champ, mais la charge mentale, par contre, est plus élevée.

C’est dans la tête qu’il doit garder sa fraîcheur. Et avec ce scénario qui nous attend – deux matches pour aller à l’Euro –, Anthony l’aura, la fraîcheur mentale!

Marvin Martins s’est blessé (lire ci-contre). Doit-il, vu les enjeux, essayer de venir suivre sa convalescence au Luxembourg, dans le giron fédéral?

C’est une décision qui appartient au club et au joueur. Je sais que Vincent Thill, par exemple, va suivre sa revalidation ici plutôt qu’en Azerbaïdjan, mais les Autrichiens préfèrent toujours que cela se fasse chez eux parce que c’est bien fait.

Je n’y vois aucun problème. Mais s’il faut, nous, on se mettra à disposition. On n’aurait aucun souci à le prendre en charge.

Au rayon des interrogations, il y a aussi le temps de jeu d’Yvandro Borges, parti au NEC Nimègue pour jouer plus et qui joue plus… mais un peu moins depuis trois matches qu’il ne rentre pas. Êtes-vous déçu au regard de cette échéance géorgienne qui approche? Attendiez-vous plus de son prêt par Mönchengladbach?

Je l’ai eu dimanche soir au téléphone et on a longuement discuté. Je voulais entendre ses arguments, savoir où il en est mentalement. Le message qu’il m’a passé est très positif : il est content, il se plaît là-bas et il doit juste patienter.

Des fois, dans le foot, il y a des décisions politiques ou liées à la maturité d’un joueur. Il est en train de progresser dans ce domaine et je le trouve serein. Et puis, il faut bien dire qu’en ce moment, les prestations de son équipe sont d’un très bon niveau et que c’est dur de changer quoi que ce soit.

Muratovic va être un peu plus proche du onze de base

C’est important parce qu’avec les absences de Danel Sinani et Vincent Thill, il y a une animation offensive à revoir…

C’est vrai qu’avec leurs profils identiques de gauchers qui jouent dans le couloir droit, il faudra voir ce que l’on va mettre en place. Les deux peuvent être décisifs dans les vingt derniers mètres avec leurs qualités de passes, mais on va devoir fonctionner différemment au niveau de l’animation.

Alors l’émergence subite d’Edvin Muratovic dans le monde pro, et qui vient de marquer deux buts en trois matches avec son nouveau club du Resovia Rzeszow, en D2 polonaise, c’est une excellente mais inattendue nouvelle pour vous?

Je suis très heureux pour lui. D’autant qu’avec cette nouvelle culture, cette nouvelle langue, ce nouveau football, il a dû sortir de sa zone de confort et que cela aurait pu prendre du temps au niveau de l’adaptation. Apparemment non. Il a déjà réussi à s’imposer et à être décisif.

Des attaquants qui peuvent jouer comme lui, en pivot, on n’en a pas cent. S’il apprend à encore plus percuter, cela va étendre son domaine de jeu (sic) et cela va devenir encore plus dur de défendre contre lui. Un attaquant qui marque, c’est forcément un attaquant en confiance. Alors oui, c’est sûr qu’il va être plus proche du onze de base.

Gerson Rodrigues est en feu également avec son nouveau club du Slovan Bratislava : quatre buts en cinq matches.

Je note qu’à chaque fois qu’il change de club, il est immédiatement performant, dès le premier match. C’est une de ses qualités : il performe tout de suite. Mais ce que je salue, c’est que cette fois, cela semble durer.

Cela fait quatre-cinq matches qu’il est bien et ça, c’est nouveau. Je croise les doigts pour que cela continue, parce que lui souhaite enfin pouvoir durer.

Un mot sur Lars Gerson, qui ne reprendra la compétition qu’après la trêve internationale. C’est gênant dans le cadre de « finales » comme celles qui vous attendent?

Rien de neuf. Cela fait treize ans que c’est comme ça.

Mais l’on ne parlait pas de tels matches couperets.

En Norvège, la préparation est longue, lourde, intensive, avec plein d’amicaux. Lars arrivera sans doute dans un meilleur état de forme, plus frais que beaucoup de joueurs qui jouent depuis plusieurs semaines un match tous les week-ends. Il aura peut-être même plus d’explosivité.

Enfin, on a appris que 300 personnes devraient se trouver dans la capitale géorgienne pour vous soutenir. Qu’est-ce que cela vous inspire?

Je salue tous ceux qui feront le déplacement. Quand ils sont là, comme au Liechtenstein par exemple, on sent qu’il y a un douzième homme avec nous. Tu te sens porté.

Qu’ils soient 300 ou 500, je doute qu’ils puissent peser face à 50 000 Géorgiens, mais tous les joueurs qui seront en bas, sur le terrain, sauront que les supporters sont là, dans quel coin de tribune et croyez-moi, ils feront tout pour leur rendre ce soutien.

LE BARRAGE VISIBLE SUR ÉCRAN GÉANT À BASCHARAGE

Avis aux fans des Roud Léiwen qui resteront au pays le soir de la demi-finale des barrages de l’Euro-2024, le 21 mars : rencontre Géorgie-Luxembourg sera diffusée sur écran géant à Bascharage.

Organisé au Käerjenger Treff par la brasserie Bofferding, qui offrira d’ailleurs une bière à chaque spectateur à la mi-temps du match, l’événement, gratuit, débutera à 17 heures, soit une heure avant le coup d’envoi, et s’achèvera à 21 heures.

Des animations et des stands de restauration seront également proposés sur place.