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Luc Frieden, l’homme orchestre


Luc Frieden veut aller à l’essentiel, et vite. Il veut des entreprises fortes, des logements en pagaille, une place financière compétitive. (photo Fabrizio Pizzolante)

Une équipe de 15 ministres et Luc Frieden pour orchestrer des politiques ambitieuses en plein marasme économique. Le Premier ministre fait des promesses, dont celle de conserver le AAA.

L’accord de coalition résumé en une heure et 21 pages de discours du Premier ministre, Luc Frieden, qui a hâte d’en débattre avec les députés, avant le vote de confiance prévu aujourd’hui à l’issue des prises de position de tous les partis.

Ce sera pour aujourd’hui, alors que les députés ne disposent toujours que du cadre, dont ils ont pris connaissance la semaine dernière déjà avec les 209 pages de l’accord qui ont fuité avant l’heure.

«Les détails seront bien entendu réglés dans les projets de loi. On ne les rédige pas en quelques jours ou semaines de négociations de coalition», déclare Luc Frieden. Mais le diable se cache précisément dans les détails, et l’opposition a hâte de les connaître, d’autant que ce nouveau gouvernement a de grandes ambitions, mais une marge de manœuvre mise à mal par la conjoncture internationale.

Pourtant, Luc Frieden veillera, dans tout ce que le gouvernement voudra entreprendre, à ce que le triple A soit conservé. «Ceci est important pour l’attractivité économique du Luxembourg et permet à l’État d’emprunter de l’argent à des taux acceptables», rappelle-t-il, tout en voulant contenir la dette publique qui «ne doit pas augmenter de manière irresponsable».

La façon dont il compte s’y prendre pour financer toutes ces politiques, c’est bien ce qui va interpeller les députés de l’opposition. Luc Frieden reconnaît bien évidemment que le pays a besoin «de finances publiques saines et solides» et table donc sur «une économie prospère qui crée des emplois» et «un régime fiscal raisonnable» pour faire fonctionner l’État.

De la croissance, oui, mais «durable et inclusive». L’économie, le social et l’écologie sont étroitement liés, affirme le Premier ministre, assurant que le gouvernement  veut parvenir «à un meilleur équilibre entre ces trois thèmes».

Mais l’économie va mal, en général. La croissance américaine devrait être de 1,5 % l’an prochain, celle de la Chine de 4 % et celle de la zone euro d’environ 1 %, «ce qui est bien inférieur à la moyenne des années précédentes, notamment avant la crise du covid». Les perspectives économiques pour le Luxembourg sont plus sombres qu’avant l’été, il faut donc les stimuler et, pour cela, le gouvernement veut aller plus vite et raccourcir les procédures, partout où cela reste possible. Surtout, il veut conserver une place financière forte, véritable pilier de l’économie nationale.

Ce qui est valable pour les entreprises l’est aussi pour le logement, où il s’agit de construire plus vite et avec les investisseurs privés grâce à des incitatifs fiscaux. «Nous voulons encourager la biodiversité dans les quartiers, mais pas bloquer les logements ou autres infrastructures dont nous avons un besoin urgent», précise-t-il.

Les pensions, l’autre débat

La politique vue par Luc Frieden sera un grand travail d’équipe, réduite à 15 ministres, «pour mettre en œuvre la politique de manière cohérente et efficace», par exemple, dans le logement, la lutte contre la pauvreté ou l’immigration. Il veut que soient revues toutes les procédures administratives, dans le but de «créer un État moderne, respectueux des citoyens, numérique et rapide».

La modernité appelle à faire «un grand pas en avant dans la numérisation, les énergies renouvelables, le secteur de la santé et les infrastructures». Pour la santé, il annonce que la loi sur les soins ambulatoires sera revue et que la liste des appareils que les médecins sont autorisés à posséder en dehors des hôpitaux sera élargie.

Du côté de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, le gouvernement compte étendre le congé parental de 6 à 9 mois sans rallonger le revenu actuel, qui sera réparti sur la nouvelle durée. Les plus modestes n’en profiteront guère. Idem pour le nouveau congé familial, non rémunéré, de quatre heures par semaine destiné aux parents travaillant à plein temps et qui pourront ainsi s’occuper de leur enfant jusqu’à l’âge de 13 ans.  

Luc Frieden accorde un grand chapitre à la sécurité, annonce la création d’une police locale sous l’autorité des bourgmestres. Un autre chapitre sera consacré à l’éducation, où il promet une réforme de l’enseignement fondamental pour donner aux enfants «davantage de compétences du XXIe siècle, comme la motivation, la créativité, la participation ou la numérisation».

L’indexation des salaires reste en place, les 40 heures hebdomadaires de travail aussi, mais les pensions vont poser un problème. Ce sera un autre grand débat.