Les syndicats ont de quoi être rassurés. Partiellement, en tout cas. S’ils pourront toujours négocier des conventions collectives, le Premier ministre souligne que le monde du travail a changé.
Impossible d’éviter le sujet. Le Premier ministre ne pouvait pas contourner la discussion autour du rôle des syndicats dans les négociations des conventions collectives, alors qu’il avait été mis en péril après le clash survenu lors d’une réunion du Comité permanent du travail et de l’emploi (CPTE) le 8 octobre.
À l’issue du Conseil de gouvernement, Luc Frieden s’est voulu rassurant face à la presse après deux semaines de polémiques autour du code du travail. La Chambre des salariés a d’ores et déjà prévenu qu’elle rejetterait tout projet de loi qui amoindrirait le rôle des syndicats dans la négociation des conventions collectives. Pour le Premier ministre, qui avoue avoir souri en lisant les titres dans la presse, le pays n’est pas à feu et à sang.
«Une divergence de vues, ce n’est pas une dispute», dit-il. «Il y a un nouveau gouvernement et on veut un dialogue social fort, cela ne signifie pas que l’on soit d’accord sur tous les points», précise-t-il. Luc Frieden veut mettre en exergue les changements dans le monde du travail et évoque une «harmonisation» du temps de travail. Il veut par là-même faire passer le travail du dimanche qui doit permettre une journée de huit heures au lieu de quatre.
«Certains détails doivent être vus au sein des entreprises, selon leurs besoins», affirme-t-il, après avoir lui-même rencontré les syndicats. «On est dans une société libre, même si je reconnais le mérite des syndicats», insiste-t-il en reconnaissant le rôle exclusif des syndicats dans la négociation des conventions collectives de travail. Un bon point de gagné pour eux.
Pourquoi ce débat? «Au Luxembourg, nous n’avons pas assez de conventions collectives, donc il nous en faut davantage et monsieur Mischo aura un rendez-vous après la semaine de Toussaint pour en débattre», affirme Luc Frieden. Pour lui, c’est la preuve que ce dialogue sera maintenu avec tous les partenaires sociaux. «Il y a des besoins de modernisation, mais je voudrais un débat respectueux», dit-il encore. Il rappelle l’accord de coalition dans lequel figure le thème de la modernisation du temps de travail et cite le télétravail comme exemple. «Je confirme que nous ne retirons aucun droit aux syndicats, mais il faut tenir compte des changements dans le monde du travail», martèle le Premier ministre, en se disant «content» que la volonté de dialoguer existe des deux côtés.
Le ministre du Travail sera ouvert à d’autres discussions début novembre, se félicite-t-il. «Nous avons déjà mené une politique sociale très forte», note Luc Frieden, qui prédit que «les discussions seront bonnes sans tomber d’accord sur tous les points».
Lutte contre la pauvreté
Selon lui, il faut flexibiliser le marché du travail et les syndicats représentent les intérêts de leurs membres. «La plupart voudraient une organisation du temps de travail différente. Il ne s’agit pas de lutter les uns contre les autres, mais la société a profondément changé, le travail a changé, l’économie a changé, les moyens de productions aussi», souligne-t-il.
En conclusion, il faut revoir une partie du droit du travail, «car nous vivons dans un État moderne». Le dialogue social interne fonctionne très bien, selon lui, et un chef d’entreprise «trouve des solutions communes avec ses équipes». La loi doit fixer le cadre pour éviter des abus, mais «l’organisation se fait au niveau du contrat collectif et de l’entreprise».
Le Premier ministre a livré d’autres informations importantes relatives à la lutte contre la pauvreté, priorité de ce gouvernement, comme il le rappelle. Un comité spécial a été mis en place, sous la tutelle du ministre de la Famille avec un plan d’action. Les allocations seront augmentées de 10 % à partir de janvier et la prime énergie sera triplée à partir de cette même date. «On a mis en place des points essentiels contre la pauvreté. On espère qu’en décembre ces mesures comprises dans le budget seront votées.»