L’introduction répétée de contrôles aux frontières amène le LSAP à envoyer une lettre de protestation à la Commission européenne. Sa présidente, Ursula von der Leyen, est appelée à sévir.
L’espace Schengen, symbole de l’intégration européenne et de la liberté de circulation pour des millions de citoyens, est soumis à des pressions croissantes», déplorent les députés du LSAP siégeant à la Chambre et au Parlement européen, dans une missive expédiée vendredi.
Le camp socialiste s’adresse à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour exprimer sa «profonde préoccupation concernant l’instauration et la pérennisation de contrôles aux frontières intérieures en Europe».
Depuis le 16 septembre, l’Allemagne contrôle sur les autoroutes le trafic affluant depuis le Grand-Duché. La France en fait de même depuis le 1er novembre sur les routes secondaires. Les élus dénoncent le fait que ces contrôles «entraînent de graves perturbations dans la vie quotidienne des travailleurs transfrontaliers, des élèves et étudiants, des voyageurs, des familles, du commerce, de l’économie et de la culture». À leurs yeux, la liberté de circulation est «menacée».
Le Grand-Duché se trouve dans une situation particulière avec son important trafic transfrontalier depuis et vers la France, l’Allemagne et la Belgique. Sans oublier que le Luxembourg est un pays de transit sur l’axe nord-sud. Mais la «menace» qui pèse sur la libre circulation irait bien plus loin. Depuis 2015, les contrôles temporaires aux frontières seraient «devenus pratique courante dans l’espace Schengen, et de surcroît ne prennent généralement pas fin après leur réintroduction, mais sont maintenus pour diverses raisons».
«Contraires au droit européen»
Selon les chiffres évoqués dans la lettre, les États membres de l’UE ont, à plus de 400 reprises, fait le choix d’instaurer des contrôles, qui devraient toutefois, selon les règles de Schengen, se limiter à des situations exceptionnelles. «Il convient (…) de se demander dans quelle mesure les raisons factuelles requises (…) sont réellement réunies (…)», interrogent les élus socialistes. Ils redoutent que les contrôles puissent «devenir la nouvelle norme», ce qui enverrait un «signal fatal».
C’est sur cette base que la présidente de la Commission européenne est invitée «à prendre une position décisive contre de tels développements». «En tant que députés d’un petit pays fortement intégré dans la Grande Région, nous considérons qu’il est de notre devoir de souligner que ces contrôles aux frontières sont clairement contraires au droit européen», appuie la lettre. Les élus en remettent une couche en insistant sur le fait que «la liberté de voyager (…), pilier central de l’idée européenne, ne doit pas être remise en cause par les discours sécuritaires. La sécurité doit être au service de notre liberté et non l’inverse!»
«Nous attendons de vous et de la Commission européenne dans son ensemble un engagement clair en faveur de notre liberté de circulation et du retour à un espace Schengen qui ne nécessite pas de contrôles aux frontières», termine la missive, signée notamment par Taina Bofferding, la cheffe de la fraction socialiste à la Chambre, et Marc Angel, l’eurodéputé du LSAP.
«Schengen est une priorité absolue pour le gouvernement»
Interpellé à maintes reprises par des députés, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, ne cesse de souligner sa désapprobation des contrôles aux frontières.
Dans sa plus récente réponse à une question parlementaire du LSAP, il tient à mettre en avant que «l’accord de Schengen est une priorité absolue pour le gouvernement luxembourgeois». «Il faut empêcher que des frontières soient à nouveau créées dans l’esprit des gens», renchérit le ministre.
Léon Gloden maintient des échanges réguliers avec ses homologues allemand et français pour s’assurer que les contrôles aient un impact réduit sur le trafic transfrontalier. Il reste toutefois d’avis qu’«au lieu de réintroduire des contrôles à l’intérieur de l’espace Schengen, il est nécessaire de trouver une solution européenne pour renforcer la protection des frontières extérieures de l’UE».