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LSAP : la justice sociale comme fil rouge


L’harmonie et l’unité ont dominé le congrès du LSAP, organisé hier au centre sportif René-Hartmann de Dudelange. (Photo : fabrizio pizzolante)

Réuni en congrès dimanche, le LSAP mise sur la justice sociale afin de forger un avenir meilleur pour les citoyens. Le gouvernement CSV-DP manquerait à cette tâche. L’extrême droite est aussi attaquée de front.

Renvoyé dans l’opposition après les dernières législatives, au bout d’une présence ininterrompue au gouvernement de 2004 à 2023, le LSAP est sorti renforcé du scrutin européen en juin 2024. Avec leurs 21,7 % (+9,5 points par rapport à 2019), les socialistes sont venus talonner le CSV, crédité de 22,9 % (+1,8 point), et même dépasser le DP (18,3 %, -3,5 points). L’objectif est de continuer sur cette voie.

Selon les intervenants, hier, au congrès ordinaire, le gouvernement Frieden-Bettel faciliterait la tâche du LSAP. En cause, une politique qui serait contraire au principe de la justice sociale, ardemment défendu par le camp socialiste. Le ministre du Travail, Georges Mischo (CSV), s’est plus particulièrement retrouvé dans le viseur, car il a provoqué la colère des syndicats en raison de ses plans pour adapter le cadre légal sur les conventions collectives et en libéralisant les heures d’ouverture dans le commerce, y compris le travail dominical. Seul le patronat sortirait gagnant de ces réformes, fustigent les socialistes.

En riposte à une politique qualifiée de «néolibérale et conservatrice», les plus de 300 délégués réunis à Dudelange ont adopté avec une écrasante majorité une résolution appelant à un renforcement du dialogue social et à la sauvegarde de la paix sociale. Les dirigeants et élus socialistes ont rappelé ce qu’ils considèrent comme des grands torts de la majorité au pouvoir. Au-delà des «attaques» sur le droit du travail sont mis en avant le risque lié à une réforme inéquitable des pensions et le refus de continuer à atténuer les prix de l’énergie, en prolongeant les plafonds levés partiellement depuis janvier dernier.

Dans ces temps difficiles, dominés par un contexte géopolitique très tendu, le «devoir» des partis politiques serait de «donner des perspectives d’avenir aux gens», clame la coprésidente Francine Closener. Le but devrait être de forger une «société meilleure», avec comme fil rouge la justice sociale. «Justice sociale signifie recevoir un salaire équitable pour son travail et une retraite juste plus tard. Justice sociale signifie un système fiscal équitable, où chacun contribue proportionnellement à ses moyens à une société solidaire», résume le LSAP, sans oublier «l’égalité des chances à l’école, sur le marché du travail, dans la société et dans la redistribution des richesses». 

Au contraire du CSV et du DP – pourtant partenaire de coalition du LSAP de 2013 à 2023 –, les socialistes ne mèneraient pas de politique de «froideur sociale», empreinte d’actions répressives contre les plus vulnérables. La polémique autour de l’interdiction de la mendicité a une nouvelle fois été rappelée, hier, au moment où le projet de loi pour prohiber la mendicité agressive est fustigé par le Conseil d’État et la Commission consultative des droits de l’homme (CCDH). 

Un réarmement sans coupes sociales

Des positions qui se rapprochent trop de l’extrême droite, dans le but de récupérer des électeurs, ne seraient pas la bonne voie à suivre. Le LSAP mise sur sa politique sociale pour contrer une tendance qui voit à travers l’Europe, mais aussi aux États-Unis, les populistes et extrémistes gagner en soutien et accéder au pouvoir. La Russie de Vladimir Poutine est vue comme un «danger». Le réarmement serait nécessaire, mais sans couper dans les budgets consacrés à l’État social ou à la lutte contre le réchauffement climatique. Une position que la cheffe de fraction Taina Bofferding et le député Yves Cruchten, vice-président de la commission parlementaire des Affaires étrangères, ont soumise, vendredi, lors d’une entrevue avec le Premier ministre, Luc Frieden.

Mais indépendamment des évènements en Ukraine, en Russie ou aux États-Unis, le camp socialiste «doit continuer à faire front face à l’extrême droite», martèle le coprésident du LSAP, Dan Biancalana. L’ADR a été visé, qui représenterait l’extrême droite au Luxembourg. Une résolution qui souligne que le LSAP ne coopérera «jamais» avec des formations d’extrême droite à l’échelle locale, nationale ou internationale a été adoptée à l’unanimité par le congrès.