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Lotus : aider les jeunes à gérer leurs comportements violents


Souhaité et financé par le ministère de l'Égalité des genres et de la Diversité, ce service vise à répondre à la situation des mineurs violents sans prise en charge.

Pour pallier la problématique de la violence chez les mineurs, le service Riicht Eraus de la Croix-Rouge a lancé Lotus. L’objectif : accompagner et aider les jeunes avec leurs émotions.

Lotus, un nouveau service pour aider les jeunes à gérer les comportements transgressifs, a été lancé en début de semaine. Ce nouveau projet s’inscrit sous la coupe du service Riicht Eraus de la Croix-Rouge, qui lui suit les auteurs de violence domestique adultes.

Souhaité et financé par le ministère de l’Égalité des genres et de la Diversité, ce service vise à répondre à la situation des mineurs violents sans prise en charge. «Le ministère nous donne 40 heures de travail par semaine pour aider les mineurs à gérer leurs comportements transgressifs», explique Daniela Cabete, psychologue et responsable du service Lotus. Il s’adresse alors aux jeunes de 12 à 17 ans orientés à la suite d’une décision judiciaire.

Après avoir été envoyés par le parquet, les jeunes passent par un premier rendez-vous en présence de leurs parents ou représentants légaux. Puis le suivi se poursuit avec des entretiens individuels. Le rythme est hebdomadaire, à raison d’une séance de 50 à 60 minutes par semaine, et se fait sur une durée de six mois.

«L’objectif du suivi, c’est de changer le comportement auxquels ces jeunes ont été habitués depuis l’enfance, de les aider à activer les ressources pour le faire et de travailler sur la gestion de leurs émotions et sur la communication», détaille la psychologue.

Les rendez-vous prennent la forme d’un suivi psychologique pendant lequel les discours sont libres. En plus de la discussion, des modèles et des schémas, ainsi que des jeux thérapeutiques seront utilisés. «Les supports thérapeutiques peuvent aider les jeunes.» C’est là toute la différence avec le suivi des adultes dans le cadre du Riicht Eraus :

«Il y a plus de matériel et d’outils avec les enfants, mais la thématique vient de la même chose, ce sont toutes des personnes dépassées par la situation». L’idée est également de réaliser un travail préventif, pour éviter des comportements transgressifs à l’âge adulte. «Lotus, c’est aussi une campagne de sensibilisation et de prévention», appuie Daniela Cabete.

«Les jeunes ne vont pas bien»

«Des échos que j’ai, les jeunes ne vont pas bien et ont de plus en plus des comportements à risque comme la prise de substances, les violences ou la difficulté à gérer leurs émotions», constate Daniela Cabete. La psychologue explique cela par l’omniprésence des réseaux sociaux et des contenus violents :

«La violence est banalisée dans la société actuelle, il y a une vraie habituation et une surstimulation… Cela crée un manque de repères au niveau humain.» Les jeunes montrent alors plus de comportements violents, tandis que les parents sont débordés et n’ont pas le temps d’aider leurs enfants. «La violence est symptôme de souffrance, il ne faut pas stigmatiser ces jeunes et il faut les prendre en charge le plus vite possible», conseille Daniela Cabete.

Le problème, c’est que jusque-là, il n’y avait pas de service dédié aux jeunes acteurs de violence. Les psychologues recevaient évidemment des patients dans ce cas de figure, et des services tels que Cosmos chez Alupse prenaient en charge les mineurs acteurs de violences sexuelles. «Mais Lotus est le premier service à traiter des violences verbales, physiques et sexuelles.»

Il y avait un vrai manque, selon la psychologue. C’est pourquoi, alors qu’elle travaillait depuis onze ans au service Riicht Eraus, elle a décidé de se charger du projet Lotus. «J’ai toujours voulu travailler avec les enfants», explique-t-elle. Seule pour le moment, elle est en pleine phase de recrutement pour un deuxième psychologue. «Cela permettra de diviser les heures entre deux psys et de devenir, un jour, un vrai service à part entière.»

C’est bien là tout l’enjeu à long terme : élargir le service. «Suivant l’évolution du service, nous pourrions aider des enfants dès qu’ils ont l’âge d’être scolarisés pour intervenir le plus vite possible.» Basé pour le moment à la capitale, dans une structure d’accueil de la Croix-Rouge, le service se donne un an pour constater son évolution et voir ses possibilités dans l’avenir. «Je pense qu’il va vite se lancer!»